Pas besoin d’être une multinationale pour constituer une référence en matière d’innovation RH. La preuve avec Bessé, l’entreprise familiale aux 131 millions d'euros de chiffre d'affaires qui possède un programme de formation interne original et performant tout en misant sur l’IA.
Bessé, comment le courtier assure son capital humain
Pour faire face aux pénuries de talents, certains grands groupes français se dotent de leurs propres centres de formation. But affiché : attirer les meilleurs, former leurs salariés, leur donner l’envie de rester, créer une dynamique de groupe, etc. Une approche qui nécessite de mettre certains moyens sur la table. Pourtant, il n’y a pas qu’AXA ou Orange pour déployer ce type de stratégies. Le groupe Bessé, cabinet de conseil en assurance, s’est aussi lancé dans l’aventure. Si l’idée trottait depuis quelque temps déjà dans la tête de Pierre Bessé, son dirigeant, le premier confinement a été l’occasion de sauter le pas et de créer une école.
Un premier programme
Pendant sept mois, les deux équipes qu’il a montées pour le réaliser (les créateurs et les challengers) travaillent à l’élaboration du programme. Leur objectif ? Développer un outil de transmission de ce qui a fait le succès de Bessé. "Notre entreprise suscite de l’attachement, nos collaborateurs sont proches, nous sommes obsédés par le travail bien fait, il n’y a pas d’individualisme, explique Pierre Bessé. Cela peut paraître tarte à la crème mais c’est vrai", sourit le patron qui rappelle que, parti de zéro, le cabinet s’est tellement développé qu’il est devenu le conseil de 20% du CAC 40 et du SBF 120. La société nantaise s’est fait une place face à la concurrence des Anglo-Saxons et atteint aujourd’hui 131 millions d’euros de chiffre d’affaires. "Gagner la confiance des grandes entreprises et des groupes du CAC 40 implique d’être inspirant et oblige à le rester, confie-t-il. Ce qui ne tient pas à un homme mais à une équipe."
En 2022, le premier programme est lancé. Durant 10 à 12 heures de formation, les élèves de l’école Bessé échangent autour des quatre piliers qui forment l’entreprise, à savoir la créativité, la confiance, le savoir et la fierté. Les discussions se basent sur des exemples concrets liés aux différents métiers du groupe : le maritime et la logistique, l’industrie et les services, l’agroalimentaire, l’immobilier, la distribution et la protection sociale. L’école développe également le mentorat, qui "n’est pas réservé aux managers mais concerne tous les collaborateurs". Trente mentors, sur les 500 personnes que compte l’entreprise, ont été formés par un psychologue et pourront échanger avec les autres salariés.
Intelligence augmentée
Pierre Bessé ne veut "pas d’ego mal placés... même s’ils peuvent être brillants". Il souhaite former "des collaborateurs qui sachent travailler en équipe et prendre soin de leurs clients". Mais comment attirer ces talents ? Certes LinkedIn ou encore les chasseurs de têtes font partie des solutions, mais elles sont coûteuses en temps et en argent et ne se révèlent pas toujours efficaces. Inspiré par de récentes rencontres à San Francisco, Pierre Bessé va développer un outil d’intelligence artificielle ou "plutôt d’intelligence augmentée" pour "sourcer tous les talents qui gravitent autour de l’entreprise". C’est-à-dire les personnes qui ne répondent pas entièrement aux fiches de poste mais auraient une autre valeur ajoutée ou d’anciens collaborateurs susceptibles de revenir. "Nous avons un turn-over de 6-7%, ce qui fait que chaque année, 35 personnes en moyenne nous quittent. Évidemment nous en recrutons d’autres (nous proposons actuellement 45 postes ouverts) mais celles-là, que deviennent-elles ? Au bout de dix ans, on voit bien, parmi les anciens collaborateurs, qui pourraient réintégrer le groupe et lui apporter quelque chose en plus." L’utilisation de l’IA dans les RH ne fait que commencer...
Olivia Vignaud