En apnée depuis plusieurs semaines, attentistes, nerveux, ne sachant que faire, quoi penser ni où investir, les gérants d’actifs du monde entier ont enfin pu respirer à l’annonce de la nette victoire de Donald Trump lors de l’élection du 47e président de la première économie mondiale. Dès lors, quels seront leurs choix ? Où iront les flux financiers ? Comment les marchés vont-ils réagir ?

Disons-le clairement. L’élection américaine, qu’elle soit emportée par Trump, Obama, Clinton ou autre, n’a aucun impact sur les marchés. Inutile de s’exciter à commenter les mouvements de la Bourse au lendemain du résultat. Les marchés financiers sont régis par des facteurs fondamentaux variés, par l’offre et la demande, par les politiques monétaires menées par les banques centrales – notamment la Fed, la Réserve fédérale des États-Unis –, ou encore par des facteurs externes comme un virus venu de nulle part et qui paralyserait la Terre entière. Certains marchés comme les matières premières peuvent être aussi très sensibles aux facteurs météorologiques et à la géopolitique.

Il est d’ailleurs amusant d’observer les uns et les autres y aller de leurs prévisions sur les conséquences boursières du résultat de l’élection, sur les mesures que prendra, ou pas, Donald Trump, sur la déréglementation, le taux d’imposition des sociétés, les "tarifs" imposés aux importations chinoises… La politique, n’en déplaise aux ministres et autres sénateurs obnubilés par l’illusion du pouvoir, n’a absolument pas d’importance sur les évolutions des marchés financiers.

C’était mieux avant ?

Pour s’en convaincre, il suffit de regarder dans le rétroviseur. Que s’est-il passé après les élections de Clinton (1992 et 1996), Bush (2000 et 2004), Obama (2008 et 2012), Trump (2016) et Biden (2020) ? Rien. Plus précisément, les marchés ont continué leur vie comme si de rien n’était. En 2000 et 2008 la Bourse a baissé du fait de l’éclatement de la bulle Internet et de la crise des subprimes, respectivement.

Quant aux autres années, le S&P 500 a tranquillement poursuivi sa route vers le sommet atteint aujourd’hui avec l’élection de Trump. Et pour cause, il progresse en moyenne de près de 10 % chaque année. Inutile d’être un devin pour savoir ce que le principal indice boursier mondial fera durant les prochains mois, les prochaines années. Vous l’aurez compris, il s’élèvera encore et toujours plus haut.

 

Évolution du S&P 500 depuis 32 ans et 9 élections américaines (source : tradingview.com)

Évolution du S&P 500 depuis 32 ans et 9 élections américaines (source : tradingview.com)

 

Il peut être tentant d’attribuer la volatilité du marché aux événements politiques. Toutefois, si ces derniers peuvent créer des fluctuations à court terme, les performances à long terme des actions, obligations et autres investissements semblent davantage déterminées par les fondamentaux des actifs sous-jacents.

Un marché soulagé

Il se murmure même, dans les arcanes de Wall Street, que le simple fait de connaître le nom du nouveau président des États-Unis, et ce, sans ambiguïté, avec un vainqueur clair – démocrate ou républicain –, et sans contestation aucune, permet de lever les incertitudes et ainsi d’avoir un effet positif sur les marchés. Ils peuvent alors vaquer à leurs occupations, reprendre le cours de leur vie trépidante. Les gérants d’actifs adaptent leurs stratégies et procèdent à des ajustements tactiques, en connaissance de cause. Fini le doute et les scénarios.

La tech, encore et toujours

Évidemment, à y regarder de plus près, au cas par cas, pour déterminer à quel point les différents secteurs seront affectés par les futures mesures du nouveau président, il s’avère probable que, par exemple, l’énergie (fossile) en sorte gagnante. Mais là encore, d’autres facteurs intrinsèques ou externes seront déterminants.

Les performances des différents secteurs au lendemain de la victoire de Donald Trump montrent que l’immobilier n’a pas accueilli la nouvelle avec enthousiasme, contrairement aux secteurs financier ou industriel. En effet, les décisions de Trump pourraient mener à une hausse de l’inflation, et par conséquent à des taux d’intérêt plus élevés – alors même que la Fed entame un processus de baisse des taux –, synonyme d’adversité pour le secteur foncier.

 

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Performance sectorielle du marché américain un jour après l’élection de Donald Trump (source : finviz.com)

 

Quant à Elon Musk – il fallait bien en parler – son soutien affiché à la campagne du milliardaire de Mar-a-Lago a permis à Tesla de s’envoler de 15 % au lendemain de l’élection. Les "Sept Magnifiques" (Apple, Microsoft, Alphabet, Amazon, Nvidia, Meta et Tesla) paraissent dans tous les cas bien positionnés pour continuer leur folle chevauchée au pays du capitalisme et de la consommation à outrance. En effet, difficile d’imaginer l’acheteur américain modifier son comportement en fonction de son président ou du parti au pouvoir.

 

Marc Munier

 

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