La fin de l’été sonne la fin de la déconnexion. Chacun retombe dans ses habitudes, les bonnes comme les mauvaises. Le temps passé devant un écran ne fait pas exception. Qu’en est-il de cette dépendance grandissante ?

Dès que le wifi et la 4G vacillent, des cris d’hystérie s’élèvent dans les wagons de train ou depuis la banquette arrière de voiture où siègent les petits. Sur leur tablette, ordinateur ou smartphone, l’écran s’est figé, et sans lui, les tempéraments s’embrasent. L’addiction aux écrans commence de plus en plus tôt. Les spécialistes s’accordent à dire que l’accès à un écran avant la formation du langage d’un enfant, soit entre deux ans et demi et trois ans, est néfaste. D’après les chiffres recueillis par l’association 3-6-9-12, prisant l’éducation et l’utilisation raisonnée des écrans en fonction des âges, 80% des adolescents dorment avec leur smartphone à portée de main. Au fil des années, cette habitude a toutes les chances de se transformer en réflexe pour vérifier ses mails dès le réveil.

Les plus grands trouvent la bonne excuse : dans le monde professionnel, l’hyper-connectivité est une qualité plutôt qu’un défaut. Réactivité, veille technologique, dévouement… les prétextes ne manquent pas. Et pourtant, selon une étude réalisée pour G.A.E. Conseil, un cabinet indépendant expert de la prévention des conduites addictives en milieux professionnels, 28% des Français, soit 14,5 millions d’adultes, présentent une pratique à risque de cyberdépendance. Seuls 40% d’entre eux reconnaissent que leurs activités en ligne ont des effets négatifs sur leur vie personnelle et 24% sur leur vie professionnelle.

28% des Français, soit 14,5 millions d’adultes, présentent une pratique à risque de cyberdépendance

Binge-watching sur les plateformes de streaming, achats en ligne, questions à Google et ChatGPT sont autant d’automatismes du quotidien. Aux symptômes de dépendance classiques, la perte de patience, l’ennui lors d’autres activités, le mal-être ou l’agressivité due au manque, s’ajoutent ceux spécifiques au numérique avec des problèmes de vue et de concentration, la sédentarité, sans oublier la comparaison constante et le manque d’estime de soi. Qui n’a pas douté de ses choix de carrière, une fois perdu dans le tourbillon de "success porn", cet étalage calibré d’accomplissements sur LinkedIn ?

Trois heures par jour, voilà la limite revendiquée par le plus grand nombre d’experts. Au-delà, on commence à parler de cyberdépendance. Depuis quelques années, des applications existent pour bloquer l’utilisation d’une application ou celle du smartphone sur des durées ou des plages horaires données. Plus récemment, des boîtes ornées de serrures-horaires emprisonnent les smartphones pour des temps prédéterminés. Celles-ci sont vendues en tant qu’accessoires de téléphonie. Le poison et le remède disponibles en deux clics... Preuve que tout problème a sa solution.  

Alexandra Bui

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