La COP28 s'est achevée à Dubaï le 12 décembre. Avec un peu de recul, revenons sur les hauts et les bas du grand raout mondial du climat.

 Après Glasgow en 2021 et Charm El-Cheik en 2022, il est l'heure pour nous de faire le point sur la COP28 de Dubaï.

Une déclaration arrachée avec les dents

Si cette COP ne rentrera probablement pas dans les annales, ne soyons pas trop négatifs, puisqu’un accord a finalement été signé le 13 décembre. Il aura fallu jouer les prolongations près d’une journée de plus pour que les négociateurs obtiennent un compromis, loin d’être satisfaisant. Principal point d’achoppement : la sortie des énergies fossiles. Les pays producteurs, Émirats arabes unis en tête, étaient vent debout contre toute mention d’une fin de l’utilisation de ces combustibles polluants. La formulation finale évoque une ''transition hors des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques'', sans date ou mesures contraignantes. Petit détail qui a son importance, le gaz est considéré comme une "énergie de transition" et ne sera donc pas concerné par cette sortie. De quoi satisfaire les pays du Golfe et autres grands producteurs qui freinaient des quatre fers.

"Ils ont peur. Je crois qu'ils sont inquiets". l'ex présidente irlandaise Mary Robinson à propos de l'OPEP

Sortir des énergies fossiles, peut-être…

On peut cependant voir le verre à moitié plein : le fait est que c’est la première fois que les énergies fossiles sont citées nommément dans une telle déclaration. La poussée des énergies renouvelables devrait aussi continuer, avec un objectif de tripler la production d'ici à 2030. Un doublement de l’amélioration de l’efficacité énergétique est appelé pour le même horizon. Le nucléaire a également été adoubé comme une énergie importante pour la transition, avec une capacité appelée à tripler d'ici à 2050. Au grand bonheur de la France d'ailleurs. Parmi les rares bonnes nouvelles, notons la création d’un fonds pour les pertes et préjudices destiné à indemniser les pays les plus vulnérables. Si celui-ci est qualifié ''d’outil essentiel pour assurer la justice climatique''  par le secrétaire général de l’ONU António Guterres, son efficacité sera cependant totalement dépendante de la quantité de fonds que lui alloueront les pays développés. En l'état, aucune obligation de montants n'est présente dans l'accord.

Couacs présidentiels

Dire que nous ne partions pas avec un optimisme démesuré pour cette COP28 est un doux euphémisme. Sans vouloir préjuger des négociations, son organisation dans une pétromonarchie sous la direction de Sultan Al-Jaber, président de la compagnie nationale pétrolière, n’envoyait pas les bons signaux. Les jours précédant le sommet n’étaient d’ailleurs pas très encourageants, avec la fuite de documents révélant que les Émirats arabes unis comptaient profiter de la COP28 pour signer des contrats gaziers et pétroliers. Comme un petit air de pompier pyromane… Plusieurs maladresses ont d’ailleurs émaillé cette présidence. On retiendra tout particulièrement cette fuite d’une vidéo de Sultan Al-Jaber affirmant qu’il ''n’y avait pas de science'' derrière le besoin d’une sortie des énergies fossiles pour se maintenir sous la barre des 1,5 degrés. Et pour comble, il ajoute que se passer des énergies fossiles empêcherait tout développement durable ''à moins de vouloir ramener le monde dans une grotte''. S'est ensuivi une conférence de presse lunaire ou Al-Jabber a dû assurer que ''nous sommes ici parce que nous croyons et respectons la science''. Un rétropédalage dans les règles donc.

Le paradis des lobbies

Autre souci de cette COP : la présence en nombre de l’industrie du pétrole et du gaz. Avec 2456 lobbyistes, elle représentait une plus grosse délégation que n’importe quel autre pays, à l’exception du Brésil et des Émirats… Plus gênant encore : ces avocats de l’énergie fossile étaient 50% plus nombreux que les représentants réunis des dix pays les plus touchés par le réchauffement climatique. On doute d’ailleurs que la situation s’améliore sur ce point à la COP29 qui se tiendra à Bakou en Azerbaïdjan, un pays dont 50% du PIB provient des hydrocarbures.

Si l’on a évité le scénario du pire, il est difficile de considérer cette COP28 comme un succès tant les mesures concrètes nécessaires ont été, une fois de plus, repoussées aux calendes grecques.

François Arias

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