Éric Costa, le retailer
Citynove fait profession d’anticiper l’évolution des modes de consommation pour mieux répondre aux aspirations des clients et aux défis modernes. Une tâche audacieuse qui implique des convictions fortes, portée par Éric Costa, fidèle du groupe, et dont l’anticonformisme jure avec la pensée retail unique.
ADN retail
Arrivé dans le groupe Galeries Lafayette en mars 2006 après presque quatre ans au poste de directeur immobilier du groupe, Éric Costa jette les bases de Citynove dont il prend la présidence dès 2010. En parallèle et dès 2017, il devient administrateur de Lafayette Anticipations, fondation d’intérêt général structurée autour de son activité de production et de soutien à la création dans son ensemble. Pensée comme un catalyseur, la structure offre des moyens sur mesure pour produire, expérimenter et exposer des oeuvres nouvelles d’artistes issus des champs de l’art contemporain, du design, de la musique et des arts vivants. Un tropisme artistique qui enjoint Citynove à faire appel à des architectes, artistes, designers et des plasticiens précurseurs pour concevoir des lieux chaleureux, ouverts et poétiques. C’est précisément au croisement du retail et de l’art en tant que vecteurs d’émotions positives que le président de Citynove s’inscrit en indiquant vouloir "passer d’un modèle fondé sur la transaction à un modèle fondé sur la relation".
Vision claire
Avec l’arrivée du numérique puis de la crise sanitaire, le segment du retail physique exige une réinvention. Le président de Citynove porte des convictions claires sur cette problématique : "Le confinement a montré à quel point l’enfermement est insupportable. Or, c’est bien une logique d’enfermement qui a dicté l’organisation du parcours client et l’architecture de nombreux lieux de commerce."
Il défend une redéfinition du retail passant par un changement de modèle et la quête d'un nouvel idéal
Lorsqu’il décrit le format standard d’un centre commercial, constitué d’une place centrale et de cellules autour, il dénonce une architecture qui "suit les schémas directeurs d’une prison ou d’un couvent, avec des logiques d’enfermement". Il défend une redéfinition du retail passant par un changement de modèle et la quête d’un nouvel idéal composé de services, d’animation, d’espaces plus ouverts et aérés, de codes architecturaux de lieux de loisirs. Il s’oppose même aux logiques, pourtant unanimement admises, de rationalisation à outrance, constitutives du capitalisme dans sa définition primaire. "Nous nous obstinons à sortir de ces logiques de productivité à outrance en sacrifiant de la valeur à court terme pour gagner en esthétique, en confort, services, fréquentation et en satisfaction. Le profit doit être une conséquence plutôt qu’un objectif" Un discours extravagant pour ceux ne pensent qu’à l’optimisation des espaces et leur rentabilité à court terme.
Vision durable
Pour chacune de ses opérations, Citynove prend en compte l’écosystème environnemental, urbain, culturel, social et commercial avec pour objectif de contribuer pleinement à l’embellissement et à la revitalisation des centres-villes. Vice-président du Comité des Champs-Elysées, il a été à l’origine du projet de réenchantement officialisé récemment par la Ville de Paris. Sur ces questions, Éric Costa témoigne d’une volonté de rupture avec les logiques industrielles de standardisation et financières d’optimisation pour réintégrer dans les métiers du retail les enjeux d’environnement naturel, social et culturel tout en combinant responsabilité et plaisir. Il déclare : "Les fondateurs des Galeries Lafayette avaient la volonté de rendre le "beau" et le "bon" accessibles à tous. Il nous faut désormais intégrer la notion de "bien" à notre ADN : moins d’optimisation et plus d’optimisme !" Le juste milieu entre conviction et responsabilité.
Alban Castres