Créé en 1985, Séché Environnement est aujourd’hui l’un des principaux protagonistes européens de la valorisation et du traitement de tous les types de déchets. Directeur général du groupe familial, Maxime Séché fait le point sur la stratégie du groupe, son développement à l’international, et la manière dont il a traversé la crise du Covid-19.

Décideurs. Comment la crise du Covid a-t-elle impacté vos activités ?

Maxime Séché. En tant qu’opérateur essentiel, nous avons continué toutes nos activités. Séché Environnement a été un acteur clé de la salubrité publique, en traitant en particulier les déchets de santé des hôpitaux. Nous avons également contribué directement à la continuité des activités industrielles essentielles, grâce au traitement de déchets complexes ou dangereux. Cela a été rendu possible par l’engagement très fort de nos collaborateurs : c’est grâce à eux que nous avons pu accomplir notre mission au quotidien.  En matière de business, nos géographies ont été touchées à différents moments, suivant l’évolution de l’épidémie. Le ralentissement économique a évidemment eu un impact sur les activités de déchets industriels, qui sont actuellement en train de se rétablir. Séché Environnement a un rôle clé à jouer dans le cadre de la relance verte au niveau français et européen.

Vos ambitions à l'international sont-elles maintenues ? Envisagez-vous de nouvelles opérations de croissance externe ?

Entre 2015 et aujourd’hui, notre part de chiffre d’affaires à l’international est passée de 5 % à 25 %. Nous nous sommes implantés en Afrique du Sud, en Espagne, au Chili, au Pérou et en Italie, notamment grâce à des opérations de croissance externe qui nous donnent un socle sur lequel nous appuyer pour nous développer de manière organique. L’idée est de dupliquer notre modèle français à l’international, en transférant notre savoir-faire dans ces pays. L’incertitude actuelle relative au Covid-19 fait que l’objectif immédiat est le redéploiement organique de nos activités. Cependant, on ne s’interdit pas de réfléchir à d’autres opérations de croissance externe. Nous poursuivons nos deux axes de développement : tout d’abord en France et en Europe, où l’objectif est de conforter notre position d’acteur global européen du traitement et de la valorisation des déchets. Pour exemple, en 2019, nous avons n acquis Mecomer, une société du nord de l’Italie spécialiste du déchet dangereux, implantée dans l’une des zones les plus industrielles de l’Europe du Sud. Concernant les économies émergentes, nous poursuivons notre développement dans des pays qui montrent une attention accrue aux enjeux environnementaux, avec un contexte réglementaire solide, où nous pouvons déployer notre expertise et nos standards de qualité. 

On ne s’interdit pas de réfléchir à d’autres opérations de croissance externe

Quels sont vos objectifs en France ?

La France reste notre marché historique, le plus important, avec 13 000 clients. Nous continuons notre développement, notamment en matière de traitement et de valorisation de déchets dangereux. La France est aussi le siège de notre R&D, avec une dizaine de chercheurs qui développent des projets d’économie circulaire et répondent aux besoins de traitement des déchets les plus complexes de nos clients industriels, afin de leur fournir des solutions sur mesure. Nous avons développé, notamment, au terme de cinq ans de R&D, une activité de régénération du brome à partir de la décontamination de déchets dangereux. Ce brome régénéré est ensuite utilisé dans les secteurs de la pharmacie, la cosmétique, la chimie, etc. en substitution de brome extrait des sels de la Mer Morte. Autre exemple : en 2017, nous avons mis en place la première chaudière CSR [ndlr : combustibles solides de récupération] de France, qui permet de chauffer la ville de Laval grâce aux déchets non recyclables.  Nous poursuivons également le développement de services de dépollution et d’intervention d’urgence. Notre expertise nous a valu d’intervenir sur la décontamination du plomb de Notre-Dame-de-Paris ou sur le sinistre de l’usine de Lubrizol.

Quelles ont été vos réalisations en matière de RSE cette année ?

La RSE est un marqueur fort du groupe qui guide sa stratégie et son développement.  Depuis sa création en 1985, Séché Environnement travaille avec des écologues afin d’assurer une préservation optimale de la biodiversité. Nous sommes aussi signataires depuis 2003 des dix principes du Pacte mondial des Nations unies. En 2019, nous avons atteint pour la deuxième année consécutive les critères de performance ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) du crédit à impact. Par exemple, notre bilan énergétique est excédentaire de 224 % grâce à l’énergie que nous extrayons des déchets. Et 31 % de cette énergie produite est considérée comme renouvelable. Les années 2019 et 2020 ont aussi été marquées par notre engagement, en France puis à l’international, dans le prolongement de l’initiative du ministère de l’Ecologie Act for Nature, qui structure les actions en matière de biodiversité. 

La famille Séché a récemment renforcé son contrôle du groupe. Qu'est-ce qui a motivé cette décision ?

C’est d’abord une opportunité : entre 2015 et 2018, après avoir accompagné la croissance du groupe, la Caisse des Dépôts a réduit progressivement sa participation. Nous avons ainsi retrouvé la majorité du capital, ce qui nous permet maintenir un actionnariat stable et pérenne. Une entreprise familiale, c’est avant tout une vision de long terme : nous nous inscrivons dans la durée pour la satisfaction de nos clients, en tenant compte de la santé et la sécurité de nos collaborateurs au quotidien.

Propos recueillis par Boris Beltran

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