Les métropoles, communautés urbaines, communautés d’agglomération et grandes villes sont en première ligne depuis le début de la crise sanitaire. Olivier Landel, délégué général de l’association France urbaine, expose le rôle qu’elles pourraient avoir dans la relance économique. Il dresse également un premier bilan de cette situation inédite.

Décideurs. Quels premiers enseignements tirez-vous de la crise sanitaire et du confinement ?

Olivier Landel. J’ai été agréablement surpris par la réactivité des organes de gouvernance des villes et des métropoles. Tous avaient des plans de continuation de l’activité qui ont été déployés immédiatement. Résultats : les grands services publics urbains ont continué à fonctionner normalement. Deuxième enseignement, France urbaine a été plus que jamais un lieu d’échanges et de transmission des informations entre le gouvernement, le Parlement et les territoires. Cela a notamment permis de faire remonter efficacement les problèmes au plus haut niveau et de rassurer rapidement, grâce aux retours d’expérience des uns et des autres, les maires des grandes villes et présidents de métropole au moment de prendre des décisions stratégiques. Cette régulation horizontale entre nos membres constitue une tendance intéressante pour l’avenir. A contrario, nous gagnerons en efficacité à avoir une organisation davantage déconcentrée, décentralisée et différenciée entre l’Etat et les collectivités territoriales.

Quel regard portez-vous sur l’action du gouvernement ?

Peu de personnes auraient voulu se retrouver à la place de ceux qui ont eu à prendre des décisions difficiles. A titre personnel, je retiens la position d’humilité du Premier ministre qui a été appréciée par nos membres. Ces derniers doivent eux-aussi prendre régulièrement des décisions qui ont un impact important sur la vie et le quotidien des citoyens. Néanmoins, il aurait été plus efficace dans certains cas d’échanger avec nous avant de prendre des décisions. Concernant les instructions des autorisations d’urbanisme, le gouvernement aurait pu nous consulter pour objectiver les raisons des retards alors qu’il a surtout écouté les craintes des promoteurs. N’oublions pas que la signature d’un décret ou d’une ordonnance constitue un point de départ et non un point d’arrivée. Associer en amont ceux qui vont faciliter sa mise en œuvre du texte constitue le meilleur moyen d’atteindre les objectifs visés.

Quel devrait être le rôle des grandes villes dans la relance économique ?

Les métropoles seront l’épicentre de la relance économique verte et solidaire. Mais elles doivent disposer des moyens nécessaires. La tenue du second tour des élections municipales le 28 juin prochain plutôt qu’à l’automne est un premier signal positif car la gouvernance doit être stabilisée pour lancer de nouveaux projets. Les grandes villes doivent également bénéficier de moyens financiers supplémentaires. Nous sommes en discussion avec le gouvernement sur ce point. Nous demandons un transfert de fiscalité en contrepartie d’obligations écologiques et sociales consenties. Cela concernerait notamment la contribution climat-énergie, ce qui permettrait également de rendre compte de son usage à la population alors qu’elle est noyée dans le budget de l’Etat aujourd’hui.

Dans quelle mesure cette crise sanitaire pourrait-elle faire évoluer à moyen terme les grands principes de fonctionnement du secteur de la fabrique de la ville selon vous ? 

France urbaine et ses adhérents demandent une accélération du mouvement de déconcentration avec une autonomie renforcée des préfets au niveau local, de décentralisation avec davantage de responsabilités pour les collectivités territoriales sans pour autant hériter de nouvelles compétences, et de différenciation suivant les spécificités de chaque territoire. Un quatrième D doit également être développé dans cette logique : celui du dialogue. Les villes ne peuvent plus être pensées sans intégrer les interactions avec les autres territoires. C’est également valable pour les services urbains développés par les acteurs privés dans l’intérêt de tous comme les trottinettes électriques en libre-service par exemple. Nous devons comprendre et articuler ces offres avec celles du service public pour développer les grandes villes de demain.

Propos recueillis par François Perrigault (@fperrigault)

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