Le premier soutien
« Cadre du secteur privé » selon le site internet de l'Assemblée nationale, l'Aveyronnais de 54 ans est de ces profils ayant navigué entre société civile et vie politique dont raffole tant le nouveau président de la République. Tour à tour journaliste, patron d'une agence de graphisme, fondateur d'un cabinet de conseil en communication et même directeur général de Mutuelles de Bretagne, ce père de trois enfants présente un CV éclectique des plus garnis. Pour autant, Richard Ferrand n'est pas de ceux qui embrassent une carrière politique sans jamais avoir manifesté d'intérêt préalable : adhérent au parti socialiste dès 1980, année de sa majorité, il commence réellement sa carrière publique onze ans plus tard lorsqu'il rejoint en qualité de conseiller spécial le cabinet de Kofi Yamgnane, alors secrétaire d'État aux Affaires sociales et à l'Intégration. En 1998, il se soumet pour la première fois au suffrage universel. Un succès, puisqu'il entame son premier mandat en tant que conseiller général du canton de Carhaix, dans le Finistère. Le début d'une carrière qui le mènera jusqu'au Palais Bourbon en 2012, lorsqu'il devient député de la 6ème circonscription du Finistère.
D'assureur à marcheur
Après deux ans à s'imprégner du système parlementaire français, il fait la connaissance d'Emmanuel Macron qui vient tout juste de remplacer Arnaud Montebourg au ministère de l'Économie. Pas forcément réunis sur les meilleures bases, le député suspectant le néo-ministre de vouloir détricoter les services publics, le futur Président lui confie cependant un rapport sur les professions réglementées, brique de base de la future « loi Macron » dont il sera tout naturellement le rapporteur. Un lien se crée alors entre les deux hommes, puisque Richard Ferrand est le premier parlementaire à rejoindre En Marche ! dès sa création. En tant que secrétaire général, il sera l'un des architectes d'un mouvement capable en moins d'une année de mettre en échec des machines politiques huilées et installées depuis des décennies.
Une polémique avant même la prise de fonction
« Le logement a un ministre de plein exercice, c'est moi ! » Richard Ferrand a tenu à remettre les pendules à l'heure au moment de la passation de pouvoir avec Emmanuelle Cosse, alors que la polémique enflait déjà sur l'oubli du logement au sein du nouveau gouvernement. C'est donc sous la casquette de la Cohésion des territoires que ce portefeuille de trente-quatre milliards d'euros (budget 2017) sera géré. Un regroupement logique, selon lui, car « il va de soi que la politique de la ville, le logement, l'aménagement du territoire... tout cela se devait d'être ensemble pour que l'action publique soit plus efficace ». Le nouveau ministre hérite d'une situation « apaisée et favorable » selon son prédécesseur. La tâche ne sera pour autant pas aisée, le ministre ayant à gérer les deux promesses du candidat de supprimer la taxe d'habitation pour 80 % des ménages et de transformer l'ISF en « impôt sur la fortune immobilière », le tout sur un fond de reprise fragile de la filière. À l'échelle territoriale, pas de promesse précise mais une ambition réaffirmée par le Président au lendemain de son élection : « Dans les zones moins tendues, l’enjeu principal est la rénovation pour revitaliser les centres-ville, éviter l’étalement urbain, réduire les charges des personnes aux revenus modestes, et répondre au défi de la transition écologique. » En somme, gommer la fracture territoriale. Rien que ça ! Grand fumeur, Richard Ferrand remettra sans doute à plus tard l'arrêt de la cigarette.