Le conciliateur
« Prise de guerre », « coup de génie », « pari audacieux », les commentaires positifs ne manquent pas pour évoquer l’entrée de Nicolas Hulot au gouvernement. L’ancien journaliste-reporter, producteur de télévision, à la tête de la Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l'homme, avait décliné les offres de Jacques Chirac, de Nicolas Sarkozy, puis de François Hollande.
Il a dit oui à Macron : cette alliance était pourtant loin d’être acquise puisque dans l’entre-deux-tours, dans une tribune parue dans les colonnes du Monde, Nicolas Hulot, interpellant le futur président, affirmait que le projet de celui-ci « sous bien des aspects n’avait pas pris la mesure de l’exigence de solidarité dans laquelle se trouvent le pays, l’Europe et le monde ». Il soulignait aussi procéder à un « vote de raison et non d’adhésion ». Comment Emmanuel Macron a-t-il réussi à convaincre Nicolas Hulot ? Quelles garanties a-t-il avancées pour que celui-ci estime possible de mettre en place un projet cohérent au sein d’un gouvernement dont le Premier ministre, un ex-lobbysite d’Areva, avait voté contre les lois de la transition énergétique et de la biodiversité ? Le fait que le ministère dont il hérite soit un ministère d’État est loin d’être anodin et fait de l’écologie une priorité assumée du gouvernement, au même titre que la sécurité et la justice.
Transcender les clivages politiques
Celui qui a contribué à populariser la protection de l'environnement et la lutte contre le réchauffement climatique est « et de droite et de gauche », souligne Daniel Cohn-Bendit. Et il est en cela compatible avec Macron. « Mélenchon est trop clivant. S'il n'était pas si clivant, je me poserais des questions », déclarait d’ailleurs Nicolas Hulot à la fin de l’année 2016.
Mu de longue date par le désir de renouveler le logiciel politique et social avec l’écologie comme grille de lecture, celui-ci souhaite depuis toujours rassembler et faire de l’écologie un projet transverse, apte à mobiliser au-delà des clivages politiques. C’est notamment grâce à une certaine humilité et une solide crédibilité sur ses engagements que Nicolas Hulot est devenu l’une des personnalités préférées des Français. S’il réussit, Emmanuel Macron trouvera avec lui l’incarnation de son projet de synthèse et de conciliation des contraires, sur le fond comme sur la forme. De l’audace mais aussi un réel sens de la pédagogie caractérisent en effet le style Nicolas Hulot. « J'essaierai d'être le gardien du temple. J'ai été du côté de ceux qui exigeaient, rôle sans doute plus facile que celui que je vais exercer maintenant, celui de ceux qui réalisent », a-t-il déclaré mercredi soir lors de la passation de pouvoir face à Ségolène Royal. Et c’est sur un dossier hautement symbolique et « plombé » que les Français pourront le voir débuter son mandat : celui du futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes.
Laetitia Sellam