Jean-Marc Vayssouze-Faure : « La verticalité n’a plus sa place dans le processus démocratique »
Décideurs. La démarche cœur d'agglo a été officiellement lancée en 2014 et court jusqu'en 2020. Quelles sont les prochaines étapes ?
Jean-Marc Vayssouze-Faure. La démarche transversale engagée constitue aussi une démarche de long terme qui suppose une programmation dans le temps d’interventions publiques et privées. Cela signifie que chaque année et pour chaque champ de compétence de la collectivité, des projets sont mis en œuvre et participent de la progression de la reconquête du cœur d’agglomération. En matière de rénovation de voirie, d’accompagnement de rénovation de logements, de créations de solutions alternatives de stationnement ou de déploiement de la vidéo protection, 2017 permettra de franchir une étape supplémentaire qui devrait contribuer à l’objectif final, mais il est possible de retenir la concrétisation des premiers projets de restauration immobilière consécutifs à la concession publique d’aménagement. Plusieurs opérations de recyclage immobilier seront engagées en 2017.
L'objectif affiché est de redynamiser le centre-ville. Quels sont les retours des habitants ?
La reconquête du Cœur d’agglo est un exercice de long terme. Il nous revient de donner à connaître une ambition et une stratégie aux habitants mais il faut aussi sans cesse en donner la preuve ! C’est la raison pour laquelle nous veillons à concrétiser des aménagements et à apporter des améliorations au quotidien des habitants. Il en va de la crédibilité de notre action et cela constitue une condition du retour des habitants et des familles en Cœur d’Agglo que de démontrer la portée des changements à l’œuvre. C’est aussi une question de concertation et de co-construction des décisions. Parfois galvaudées, ces notions sont en réalité essentielles. La crise de la représentation dans laquelle se situe la société et le questionnement permanent autour de l’opportunité de l’investissement public supposent de mettre en place des modalités de concertation, d’information et de co-construction. La verticalité n’a plus sa place dans le processus démocratique. C’est dans ce cadre que le conseil citoyen du centre historique vient d’être installé : il permettra de mieux appréhender encore la perception qu’a la population de ce projet et de l’adapter pour qu’il corresponde toujours plus et qu’il soit au maximum accepté.
Quelle est la place du numérique et de l'innovation dans votre démarche ?
Dans cette même logique, la démarche et plus largement la ville sont engagées pour traduire le concept de smart city. Nous avons ainsi mis en œuvre deux applications mobiles, l’une pour favoriser l’alerte citoyenne autour des besoins de proximité, l’autre pour améliorer le quotidien des habitants et la résilience de la ville à travers une application transport et des bornes voyageurs aux arrêts du bus urbain, outils dont les cadurciens se sont très vite saisis !
Côté innovation, le Grand Cahors, chef de file d’une candidature à un programme européen aux côtés de Porto et de Vitoria Gasteiz, a été retenu par l’Union Européenne. Le projet consiste à favoriser l’émergence de nouvelles techniques d’éco-rénovation du bâti ancien qui respectent le patrimoine et améliorent la qualité d’habiter. 1,4 million d’euros seront attribués par l’Europe à ce projet. Il prendra notamment la forme d’un bâtiment démonstrateur dans chacune de ces trois villes où les entreprises, les chercheurs, les étudiants et les artisans pourront venir tester de nouvelles techniques d’éco-rénovation, notamment de matériaux bio sourcés en ce qui concerne le Grand Cahors. Ici, l’efficacité énergétique et le patrimoine s’entrevoient comme un véritable levier de développement économique, peut-être même comme un début de spécialisation économique territoriale.
Propos recueillis dans le cadre du SIATI 2016