« Prendre en compte l'émergence d'un Internet des objets. »
Décideurs. Total est un groupe complexe par les différentes branches d’activité qui le composent, quelle est votre approche du big data ?
Patrick Hereng.
Les enjeux pour nous sont multiples, car liés aux différentes branches d’activités qui nous composent. Nos trois activités majeures, l’exploration/production, le raffinage/chimie et l’activité marketing/services induisent des données différentes donc une gestion différente. L’activité exploration/production génère beaucoup de données mais pas du type données clients, contrairement à la partie marketing/services. Des outils d’imagerie nous permettent d’obtenir la topographie des lieux et le big data intervient en complément ou alternative pour le traitement des données issues de mesures. Il est primordial de prendre en compte dans nos activités l’émergence d’un Internet des objets. De plus en plus d’objets qui nous entourent sont connectés, ce qui nous laisse des possibilités énormes. Nous utilisons par exemple les techniques de big data dans la supervision de nos machines tournantes sur les plateformes pétrolières afin d’analyser et de mesurer des données liées à la température ou la vibration de l’outil. Notre activité marketing/services dépend plus de notre gestion de la relation clients. Le traitement des données personnelles est conséquent et nécessite donc une certaine vigilance en matière de risques juridiques et contentieux.

Décideurs. La quantité de données générées par Total est très importante, la question de la sécurisation de celles-ci se pose donc. Comment procédez-vous ?
P. H.
Nous gérons un volume de données important qui nous a amenés à adapter notre utilisation des données internes, notamment avec un parc d’iphones et d’ipads. Cela nous permet de sécuriser nos données, et permet aux équipes d’accéder à l’information en tous lieux, sur le terminal de l’entreprise. Nous utilisons des applications, notamment sur les tablettes, qui permettent d’utiliser les données en temps réel, mais qui ont aussi été développées afin de minimiser les risques. Dans la même veine, nous mettons à disposition des PC virtuels pour certaines prestations. La multiplication des objets connectés au sein de Total a pour finalité de nous aider à améliorer la sécurité à la fois des installations, et des personnes. Notre outil de gestion de la flotte permet de connaître l’état d’utilisation des appareils. Les données peuvent être effacées à distance par exemple. Nous avons ainsi mis en place un certificat (logiciel) interne pour identifier les terminaux et un tunnel crypté pour l’échange de données. De cette façon, nous réussissons à assurer une certaine sécurité à nos données.

Décideurs. Quels outils sont utilisés par Total pour le stockage et l’exploitation des données récoltées ?
P. H.
Les données sont stockées dans nos data centers et des applications développées directement par Total sont, elles, dédiées à leur exploitation. Pour une gestion et une maintenance plus générale, nous utilisons SAP, éditeur qui propose des applications adaptées à nos différentes activités et aux métiers du pétrole en général. En interne, chaque collaborateur est sensibilisé à la protection des données ou à la conservation des documents par exemple. Nous développons également un référentiel de traitement des données personnelles qui nous permettra de les gérer de façon uniforme et sécurisée.

Décideurs. Quelle est votre vision d’un avenir européen en matière de big data ?
P. H.
Tout ce qui va dans le sens de l’émergence d’acteurs européens est vu de façon positive en matière de systèmes d’information en général, qu’il s’agisse de big data, de cloud ou de sécurité. Cela favoriserait la cybersécurité. On peut donc encourager l’émergence d’une réglementation européenne homogène en ce qui concerne la sécurité et l’utilisation des données commerciales. Les volumes de données traitées doublent de plus en plus rapidement et les capacités de stockage avec. Vu l’évolution actuelle et l’émergence d’un Internet des objets dans les domaines de la santé ou de l’automobile notamment, la culture du big data devrait se généraliser.

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