Alice de Brauer, directrice du plan environnement, Renault
Décideurs : Comment intégrez vous l’aspect environnemental dans la stratégie du groupe ?
Alice de Brauer : Renault a été l’un des premiers constructeurs européens à prendre en compte l’environnement. Dès 2000, nous avons mis en place une réflexion environnementale. Notre premier objectif a été de réduire le poids des voitures. Ensuite, nous avons réfléchi à diminuer la consommation de C02 via les moteurs. À partir de 2005, Carlos Ghosn a souhaité que l’environnement soit pris en compte dès le plan produit. Cette stratégie nous permet d’intégrer très tôt les aspects environnementaux. Ces problématiques doivent être prises en compte tout au long du cycle de vie de la voiture. Nous sommes ainsi capables d’y répondre plus rapidement en adoptant nos processus dès le début. |
Décideurs : La réduction d’émission de CO2 a été l’un de vos premiers objectifs. Où en êtes-vous actuellement ?
A. de B. : Dès 2006, Carlos Ghosn a voulu prendre des engagements dans de ce sens. Dans le plan Renault contrat 2009, nous avons fixé des objectifs en termes de vente. Nous devions écouler, à travers l’Europe, un million de voitures qui émettaient moins de 140 grammes de CO2 par kilomètre. Les changements de comportement des consommateurs et les subventions de l’État nous ont permis d’atteindre nos objectifs.
Aujourd’hui, nous poursuivons nos efforts dans ce sens. Nous travaillons au développement de toutes les technologies dans le cadre de notre alliance avec Nissan : moteurs au gaz et biodiesel. Nous continuons à vouloir être parmi les précurseurs dans ce domaine.
Décideurs : Comment avez-vous communiqué sur vos engagements environnementaux ?
A. de B. : Il ne faut pas que la prise en compte des aspects environnementaux se traduise par une hausse des prix. Sinon, le consommateur ne suit pas. Il faut également que l’on mette en avant nos innovations afin qu’il sache que les produits que nous lui proposons sont meilleurs. Pour cela, nous avons lancé la signature Renault Eco2. Ce nom marque le souhait de Renault de faire rimer écologie avec économie. En étiquetant les voitures, nous atteignons directement le consommateur. De nombreux constructeurs ont repris par la suite cette idée.
Décideurs : En ce qui concerne les usines, quelles ont été les améliorations environnementales que Renault a apportées ?
A. de B. : Nous figurons d’ailleurs parmi les précurseurs dans ce domaine. Dès 1995, nous avons mis en place des audits réglementaires sur tous les sites. En 1998, l’ensemble de nos sites de production étaient certifiés. Par la suite, nous avons cherché à améliorer le processus de production. En 1997, nous avons amélioré les chaînes mécaniques lors de l’usinage des pièces. La gestion de fluides dans cette phase de production a été repensée. Les liquides tournent sans arrêt, ce qui permet de limiter les impacts négatifs sur l’environnement. Désormais, nous prenons en compte l’environnement dans tout nos process.
Décideurs : La voiture électrique est un des grands projets de Renault. Où en êtes-vous dans son développement ?
A. de B. : Nous allons sortir trois modèles en 2011 et un en 2012. Nous mettons en place une offre de gamme car nous pensons que c’est le seul moyen pour que la voiture électrique devienne un produit de masse. Selon le MIT, il y a aura 10 millions de véhicules électriques en 2020. L’objectif de Renault est de devenir le leader mondial de ce secteur. Aujourd’hui, nos batteries au lithium sont au point pour fonctionner à leur pleine puissance. En quelques années, l’autonomie des voitures électriques est passée de 55 à 150 kilomètres.
Nous avons également fait beaucoup de progrès en ce qui concerne le réseau de recharge. Le conducteur aura trois possibilités pour recharger sa batterie. Il pourra soit la recharger chez lui. Ce qui lui prendra entre 5 et 6 heures. Ensuite, il y aura une solution plus rapide, entre une demi-heure et une heure. Il pourra se rendre sur des bornes à sa disposition. Enfin, pour les trajets de longue durée, le conducteur pourra échanger sa batterie usagée contre une neuve. Cela ne lui prendra pas plus de 5 minutes, comme un plein traditionnel.
Décideurs : La voiture électrique sera-t-elle plus coûteuse qu’une voiture traditionnelle ?
A. de B. : Contrairement à ce que disent certains, les voitures électriques ne coûteront pas plus cher. Pour Renault, l’important était de pouvoir fournir un modèle économique viable autour de la voiture électrique. Aujourd’hui, nous y sommes parvenus. Pour le conducteur, le prix d’achat du véhicule, la location de la batterie et l’achat de l’électricité ne reviendront pas plus cher qu’un modèle traditionnel.