Nicole Notat, fondatrice et présidente de l'agence de notation extrafinancière Vigeo, décrit les raisons qui rendent cette activité incontournable pour les grandes entreprises.
Nicole Notat (Vigeo) : «La RSE est un facteur de performance»
Décideurs. Quelles sont les missions d’une agence de notation extrafinancière ?
Nicole Notat. Notre travail consiste à renseigner et à fournir des opinions sur le degré d’intégration dans la stratégie et dans les opérations des entreprises des facteurs sociaux, environnementaux et d’éthique des affaires. La responsabilité sociétale ne relève donc pas de la bonne action, de la philanthropie ou du mécénat mais de la manière dont l’entreprise va appréhender les intérêts des parties prenantes de son écosystème. Dit autrement, c’est d’ailleurs ce qui intéresse les investisseurs et gérants d’actifs, il existe derrière ces sujets environnementaux et sociétaux des risques potentiels pour l’entreprise dans le cas où elle négligerait la manière dont elle doit assurer leur maîtrise. C’est pour cela que la RSE est un facteur de performance.
Décideurs. À quel stade votre agence intervient-elle ? Votre modèle est-il le même que celui des agences financières ?
N. N. Notre modèle est différent de celui des agences de notation financière dans la mesure où ce ne sont pas les émetteurs qui paient les prestations de notation. Ce sont les investisseurs et gérants qui s’abonnent à la recherche d’informations que nous produisons sur les firmes. En fin d’année 2014, nous arrivons à 3 000 émetteurs notés. Nous les évaluons en référence aux indices boursiers qui intéressent également les investisseurs. Ce travail est réalisé en flux continus donc nous actualisons régulièrement les données. Ensuite, nos clients se servent de cette notation lorsqu'ils vont effectuer leurs choix d’investissements. Cela pourra par exemple se traduire par une souscription en obligations plutôt qu’en equity. Le filtre d’analyse préalable à la décision est donc double : d’abord, une considération risque/rendement classique puis une autre risque/opportunité rendue possible grâce aux éléments extrafinanciers.
Décideurs. Quel est le profil type de l’investisseur désireux de disposer d’informations extrafinancières sur une entreprise ?
N. N. Il y a douze ans, ce prisme extrafinancier émergeait à travers une notion d’investissement éthique : certains investisseurs souhaitaient alors mettre en cohérence leurs intérêts sociaux, philosophiques, religieux ou moraux avec leurs placements. Ainsi, ces personnes se détournaient volontairement de certaines activités dites controversées telles que le commerce d’alcool, la pornographie, le tabac, l’armement voire le nucléaire. Si cette pratique existe encore, d’autres démarches d’investissement responsable sont nées afin de prendre en considération les conséquences néfastes, les externalités négatives de l’activité des corporates pouvant parfois les conduire devant les tribunaux. Les acteurs de la finance font désormais très attention à leur réputation et les récents scandales Erika et consorts les y ont bien aidés.
Décideurs. Certains acteurs se sentent-ils moins concernés par l’information extrafinancière ?
N. N. Dans un premier temps, nous étions dans une relation tout à fait singulière entre les émetteurs et les agences au service des investisseurs. Maintenant, la notation elle-même, qui est une information sur l’entreprise, intéresse aussi les autres firmes. Un nombre croissant d’entre elles estiment qu’elle va notamment compter dans le cadre d’appels d’offre publics ou privés. Bien sûr, elle compte également lors d’émission de green bonds.
De toute façon, un mouvement irréversible est en marche et je ne pense pas qu’aujourd’hui, avec tous les enjeux en matière environnementale et sociétale, les entreprises puissent s’exonérer des grandes mutations socio-économiques et écologiques. L‘optimisation fiscale, la corruption, le travail des enfants et l’inégalité des sexes sont de moins en moins tolérées. Les entreprises vont devoir répondre de ces problématiques si elles veulent conserver leur leadership.
Nicole Notat. Notre travail consiste à renseigner et à fournir des opinions sur le degré d’intégration dans la stratégie et dans les opérations des entreprises des facteurs sociaux, environnementaux et d’éthique des affaires. La responsabilité sociétale ne relève donc pas de la bonne action, de la philanthropie ou du mécénat mais de la manière dont l’entreprise va appréhender les intérêts des parties prenantes de son écosystème. Dit autrement, c’est d’ailleurs ce qui intéresse les investisseurs et gérants d’actifs, il existe derrière ces sujets environnementaux et sociétaux des risques potentiels pour l’entreprise dans le cas où elle négligerait la manière dont elle doit assurer leur maîtrise. C’est pour cela que la RSE est un facteur de performance.
Décideurs. À quel stade votre agence intervient-elle ? Votre modèle est-il le même que celui des agences financières ?
N. N. Notre modèle est différent de celui des agences de notation financière dans la mesure où ce ne sont pas les émetteurs qui paient les prestations de notation. Ce sont les investisseurs et gérants qui s’abonnent à la recherche d’informations que nous produisons sur les firmes. En fin d’année 2014, nous arrivons à 3 000 émetteurs notés. Nous les évaluons en référence aux indices boursiers qui intéressent également les investisseurs. Ce travail est réalisé en flux continus donc nous actualisons régulièrement les données. Ensuite, nos clients se servent de cette notation lorsqu'ils vont effectuer leurs choix d’investissements. Cela pourra par exemple se traduire par une souscription en obligations plutôt qu’en equity. Le filtre d’analyse préalable à la décision est donc double : d’abord, une considération risque/rendement classique puis une autre risque/opportunité rendue possible grâce aux éléments extrafinanciers.
Décideurs. Quel est le profil type de l’investisseur désireux de disposer d’informations extrafinancières sur une entreprise ?
N. N. Il y a douze ans, ce prisme extrafinancier émergeait à travers une notion d’investissement éthique : certains investisseurs souhaitaient alors mettre en cohérence leurs intérêts sociaux, philosophiques, religieux ou moraux avec leurs placements. Ainsi, ces personnes se détournaient volontairement de certaines activités dites controversées telles que le commerce d’alcool, la pornographie, le tabac, l’armement voire le nucléaire. Si cette pratique existe encore, d’autres démarches d’investissement responsable sont nées afin de prendre en considération les conséquences néfastes, les externalités négatives de l’activité des corporates pouvant parfois les conduire devant les tribunaux. Les acteurs de la finance font désormais très attention à leur réputation et les récents scandales Erika et consorts les y ont bien aidés.
Décideurs. Certains acteurs se sentent-ils moins concernés par l’information extrafinancière ?
N. N. Dans un premier temps, nous étions dans une relation tout à fait singulière entre les émetteurs et les agences au service des investisseurs. Maintenant, la notation elle-même, qui est une information sur l’entreprise, intéresse aussi les autres firmes. Un nombre croissant d’entre elles estiment qu’elle va notamment compter dans le cadre d’appels d’offre publics ou privés. Bien sûr, elle compte également lors d’émission de green bonds.
De toute façon, un mouvement irréversible est en marche et je ne pense pas qu’aujourd’hui, avec tous les enjeux en matière environnementale et sociétale, les entreprises puissent s’exonérer des grandes mutations socio-économiques et écologiques. L‘optimisation fiscale, la corruption, le travail des enfants et l’inégalité des sexes sont de moins en moins tolérées. Les entreprises vont devoir répondre de ces problématiques si elles veulent conserver leur leadership.