«?Le financement par les banques risque d’être compromis en cas de non-respect de la soft law?»
Décideurs. Qu’est-ce qui a guidé le projet d’ouverture d’un bureau à Conakry ?
Bertrand Montembault.
Herbert Smith Freehills (HSF) a développé depuis plus de quinze ans une pratique Afrique réputée dans le domaine de l’énergie, des ressources naturelles et des infrastructures. Nous accompagnons nos clients dans leurs projets d’investissement sur tout le continent. L’installation de notre cabinet en Afrique subsaharienne consacre donc en quelque sorte l’importance de notre activité africaine. Le choix de Conakry s’est imposé du fait de sa situation géographique privilégiée, et surtout, par le fait que la Guinée est un pays riche en ressources naturelles, ce qui en fait l’une des destinations de choix pour les sociétés minières. Le potentiel de la Guinée est lui aussi considérable. HSF étant un cabinet spécialisé dans ces domaines, notre logique a été de nous établir dans un territoire où nos clients opèrent. Toutefois, notre ambition est de couvrir à partir de Conakry d’autres États dont ceux de l’Ohada et les pays limitrophes.

Décideurs. Comment organisez-vous vos partenariats avec vos confrères locaux ?
B. M.
Notre intention n’est pas de faire concurrence à nos confrères guinéens, nous nous installons comme conseils juridiques et non comme avocats. Nous ne ferons pas de contentieux et privilégierons le recours aux cabinets locaux. Nous mettrons tout en œuvre pour encourager l’activité des cabinets africains afin de contribuer à développer le marché du droit en Afrique. Nous sommes convaincus que l’activité concentrée à Londres et Paris peut et doit être au moins en partie recentrée en Afrique. Nous constatons un réel désir de retour de nombre d’avocats africains formés en Europe avec l’ambition de jouer ainsi un rôle dans le développement de la règle de droit sur le continent. Nous souhaiterions mettre en place, à Conakry, un centre de formation pour les juristes avec l’intervention d’experts internationaux.

Décideurs. Quels enjeux se présentent pour les cabinets d’avocats en Afrique ?
B. M.
Il faut parvenir à lier nos métiers traditionnels (M&A, droit pétrolier et minier, infrastructures, financement, droit du travail, fiscalité, etc.) avec les nouveaux enjeux en matière d’environnement et de droits de l’homme. Les conseils juridiques doivent appréhender les impacts des projets sur les populations vivant sur les sites de ces projets, en particulier en termes d’accès aux infrastructures et aux services d’intérêt général (santé, éducation, eau, etc.). Nous devons veiller à ce que nos clients anticipent ces difficultés dans la mesure où le financement des projets par les banques pourrait se trouver compromis en cas de non-respect de la soft law.

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