Avec 66 000 défauts sur 12 mois glissés, un record a été franchi selon l’étude d’Altares sur les défaillances d’entreprises en France en 2024. Au regard de ces résultats, quels sont les réflexes à adopter pour un dirigeant d’entreprise ?

L’indicateur des défaillances d’entreprises atteint des sommets. Avec 13 400 défaillances au 3e trimestre 2024, soit une hausse de plus de 20 % sur un an, le principal signal d’alarme concerne la situation des PME de plus de 50 salariés dont les ouvertures de procédures ont bondi de 47 % passant à 106 instructions en cours. Des signaux d’alerte sont également à relever dans le social et le médical avec 31 % d’augmentation.

Des chiffres à nuancer

Cependant, plusieurs signaux s’annoncent rassurants, notamment avec le retour du commerce de détail et les services à la personne, et avec une certaine résistance de la construction dans un contexte économique pourtant difficile. En effet, toujours selon l’étude d’Altares, plusieurs activités B2C repassent dans le vert comme la parfumerie (- 12 %) ou l’optique (- 9 %). Si de fortes tensions continuent de peser sur le secteur du BTP, la sinistralité ne s’emballe pas.

"Plus que le nombre, c’est la taille des entreprises en défaut qu’il faut surveiller" 

Thierry Millon, directeur des études Altares  précise que, "en moyenne, sur sept mois, l’augmentation est retombée à 15 % soit deux fois moins rapide que sur la période d’octobre à février."  Il ajoute que "plus que le nombre, c’est la taille des entreprises en défaut qu’il faut surveiller. Ce trimestre comme durant l’été 2023, 8 % des défaillances concernent des PME-ETI. Une proportion qui reste au plus haut sur dix ans, très au-dessus de celle observée avant Covid avec 6,4 % en moyenne. Les difficultés de ces employeurs font peser un risque fort sur l’économie et l’emploi des territoires." Cette remarque rejoint l’étude du groupe BPCE L’Observatoire. Celle-ci constate une forte hétérogénéité liée à la taille des entreprises. Si, pour les entités de moins de 3 salariés, le "rattrapage" des défaillances évitées par la politique du "quoi qu’il en coûte" durant le Covid et l’instauration des PGE, n’atteint que 17%, celui-ci dépasse désormais les 100 % pour les PME et les ETI.

Autrement dit, statistiquement, toutes les défaillances de PME évitées de 2020 à 2022 grâce aux dispositifs de soutien se sont finalement manifestées depuis 2023. De fait, les défaillances de PME-ETI se maintiennent à un niveau élevé, 57 % au-dessus de celui de 2019, mais semblent se stabiliser.

13 400 défaillances au 3e trimestre 2024, soit une hausse de plus de 20 % sur un an

Des pistes de réflexion…

Comment détecter les signes avant-coureurs des défaillances ? Sur quels signaux un dirigeant d’entreprise doit-il se focaliser ? "Les retards de paiement sont les premières causes de défaillance des entreprises en France. Pour une petite société, il suffit qu’un seul client ne paie pas pour déstabiliser tout l’édifice", illustre Adrien Tzamaras, chef de produit chez Altares.

Pour sa part, Nicolas Yakoubowich, associé, expert-comptable & commissaire aux comptes au sein du groupe Exponens en charge du département des entreprises en difficulté nous répond : "La politique de l’autruche n’améliorera jamais la situation, bien au contraire, elle ne fera qu’empirer. Le dirigeant d’entreprise doit travailler sur les signes avant-coureurs et rester proche de son expert-comptable qui est là pour tirer la sonnette d’alarme au bon moment, avant la cessation des paiementsUn dirigeant d’entreprise ne doit pas hésiter à bien s’entourer et à faire appel à des spécialistes." Avant de conclure que "la clé c’est l’anticipation pour trouver des solutions notamment la prévention qui permet de conclure, de manière confidentielle, des moratoires avec ses créanciers et éviter la procédure collective."

Par Laura Guetta Dray

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