Transformer une crise conjoncturelle en une réflexion profonde afin de se réinventer

Décideurs. Pourquoi le cabinet FTI Consulting a-t-il fait le choix de développer une nouvelle practice "Corporate Finance & Restructuring" au sein du bureau tricolore ?  

Thierry Miremont. FTI consulting est présent en France depuis plus de dix ans sur des activités comme l’arbitrage, l’investigation, le contentieux ou la communication stratégique. Jusqu’en 2022, il manquait encore le volet Transactions, Transformation & Restructuring, même s’il s’agit du segment le plus important pour la firme au niveau mondial, notamment depuis que nous avons racheté la practice Restructuring de PwC aux États-Unis il y a plus de dix ans. Notre département a vocation à accompagner les entreprises sur ce que nous appelons les moments de vérité qu’elles traversent tout au long de leur développement, que ce soit une acquisition, une intégration, une transformation ou une restructuration. Enfin, nous pouvons faire du management de transition, en détachant ponctuellement un CRO ou un CFO, lorsque la situation le nécessite.

Intervenez-vous dans un secteur de prédilection ? 

Raphaël Miolane. Nous sommes avant tout des spécialistes de situations uniques dans la vie des entreprises. S’il s’agit de compétences fonctionnelles que nous pouvons appliquer à tout secteur, nous avons bien sûr de nombreuses expertises sectorielles comme les TMT [technologies, médias, télécoms, Ndlr], l’énergie, la santé/pharma, l’automobile, les transports et la logistique, les biens de consommation ou l’agro-food. Nous intervenons principalement pour le compte d’ETI ou de grandes entreprises, la plupart du temps dans un contexte international. Nous accompagnons aussi la plupart des grands fonds d’investissement, que ce soit pour leurs opérations de M&A ou pour leurs participations en portefeuille.

"Il est capital que les entreprises remettent en place des processus d’amélioration continue pour traverser les crises de façon plus sereine" T. Miremont

On parle d’une année 2022 très calme dans l’univers du restructuring. Confirmez-vous cette tendance ? 

T. M. Nous avons effectivement observé un marché très plat. Les raisons sont simples : depuis plus de deux ans, l’économie a vécu sous anesthésie, grâce aux liquidités qui ont coulé à flots. Les PGE ont été prolongés et l’administration s’est montrée particulièrement bienveillante en autorisant, notamment, le report des charges sociales et fiscales. Une tendance qui se prolonge encore, sauf pour les TPE déjà impactées avant l’été 2022. On s’attend à ce que 2023 soit l’année du réveil général. Cela commence d’ailleurs à être perceptible puisque le taux de défaillance des entreprises augmente extrêmement vite, pour se rapprocher des niveaux précovid. En l’espace de quelques mois, il s’est passé beaucoup de choses, entre autres le redémarrage post-covid de l’économie mondiale avec ses tensions sur la supply chain, la guerre en Ukraine, la crise énergétique qui en a découlé, et un niveau d’inflation élevé.

Face à ces chocs externes, d’aujourd’hui et ceux de demain, il est capital que les entreprises remettent en place des processus d’amélioration continue pour traverser les crises de façon plus sereine, car la plupart d’entre elles ne se transforment que lorsqu’elles sont face à une situation de crise. C’est moins le cas des grandes sociétés, plus résilientes, ou celles détenues par des fonds d’investissement, car ceux-ci sont, par nature, davantage clairvoyants pour anticiper un virage à prendre.

Êtes-vous optimiste pour cette année ? 

R. M. Depuis trois ans, les entreprises naviguent à vue, contraintes d’absorber des crises qu’elles n’ont pas pu anticiper. Elles doivent à présent se réapproprier le terrain de jeu. Chaque crise apporte son lot d’opportunités. Forcées de réagir face à cette avalanche de chocs, il reste à espérer qu’une bonne partie des entreprises en sortent renforcées, autour de business models plus résilients et plus agiles. Pour les autres, nous sommes là.

Propos recueillis par Capucine Coquand

Photo : de gauche à droite, Thierry Miremont, Senior Managing Director, FTI Consulting et Raphaël Miolane, Senior Managing Director, FTI Consulting