Les chiffres 2022 du barreau d’affaires sont inédits : les cabinets d’avocats, ayant bien réagi à la crise sanitaire, profitent à présent du rebond des transactions financières. Le poids du droit dans l’économie est considérable et les niveaux de productivité s’emballent.

Plus de 1 200 000 euros par avocat chez Darrois Villey Maillot Brochier, une croissance de 9,55 % du chiffre d’affaires moyen par avocat entre 2020 et 2021, 7 millions d’euros par associé chez Skadden, 4,5 milliards d’euros de chiffres d’affaires cumulés par les 100 meilleurs cabinets d’avocats en France... Des scores jamais atteints dans le Décideurs 100 des cabinets d’avocats d’affaires.

La solidarité a joué à plein

Tout cela s’explique par plusieurs phénomènes. Tout d'abord, la bonne gestion de la crise sanitaire par les prestataires du droit chez lesquels l’on pouvait s’attendre à une recrudescence des faillites et à des licenciements dès la fin 2020. Il n’en a rien été. La fermeture des tribunaux n’a fait que limiter les activités contentieuses. Dans les structures multiservice, les spécialistes des procédures judiciaires ont apporté leur concours à leurs associés en droit social ou en financement, largement sollicités. Les cabinets de niche, eux, n’ont pas vu leur activité entamée par la pause judiciaire puisqu’ils sont rodés aux modes alternatifs de règlement des litiges. Les mesures d’isolement frappant certaines entreprises auraient pu bloquer les encaissements des honoraires. Or, les clients n’ont pas pénalisé leurs conseils qui, de leur côté, ont élaboré une stratégie budgétaire pertinente : considérant que les risques d’un cabinet d’avocats pèsent sur ses associés, ces derniers ont diminué leur rémunération. Cela ajouté à la suspension du paiement des primes des collaborateurs a permis d’éviter les licenciements. Les effectifs ont globalement été maintenus : seuls les professionnels montrant un comportement individualiste dans la tourmente ont été remerciés.

Il faut dire ensuite que les associés dirigeants des cabinets se sont souvenus des conséquences désastreuses de la crise de 2008 qui avait entraîné la réduction des équipes de collaborateurs et le départ forcé de nombreux associés. Cette fois, la stratégie a consisté à passer les mois de confinement en serrant les dents pour éviter d’avoir à recruter dans l’urgence des profils risquant de ne pas correspondre aux valeurs ni aux besoins de la structure. Les outils de travail ont été numérisés, de manière improvisée parfois mais avec bon sens, les prestataires des avocats sur ce plan se montrant extrêmement réactifs et efficaces. Le travail à distance s’est organisé, la solidarité à jouer à plein.

Négociations à distance

Ces comportements ont permis aux cabinets, enfin, d’assurer une reprise rapide des transactions financières. Les deals suspendus durant les premiers mois de confinement en 2020 ont été reportés, l’été qui a suivi s’est révélé intense en activité pour les avocats. Rodés aux négociations à distance et rompus aux outils numériques de travail, ils ont prouvé qu’ils pouvaient être à la fois rapides et performants. Avec un montant cumulé de 133,6 milliards d’euros en 2021 selon JPMorgan, une somme jamais atteinte depuis 2006, les opérations d’acquisition de taille moyenne se sont enchaînées à un rythme très soutenu. Les avocats d’affaires, aux côtés de banques, des fonds et des entreprises cibles ou acheteuses, se sont mobilisés avec rigueur. Du côté du private equity, l’activité ne s’est jamais ralentie, comme le prouve le nombre important de mouvements de spécialistes de la matière sur le marché français. Les équipe restructuring, sollicitées non pas par les défaillances d’entreprises mais pour assurer leur prévention, ont joué leur rôle de conseils et même de coachs pour les dirigeants pris au dépourvu par les PGE et le flot de réglementations adoptées dans l’urgence. Leurs confrères spécialistes du droit social étaient aux côtés des directions juridiques et des ressources humaines tout au long de la gestion de la crise aussi bien que lors de l’organisation de sa sortie.

4,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires cumulés

Résultats pour le barreau d’affaires : tous les référentiels sont en hausse par rapport à 2012. En dix ans, le chiffre d’affaires cumulé des 100 meilleurs cabinets a progressé de 37,21 %, le niveau de productivité a augmenté de 17,16 % par avocat et de 23,73 % par associé. Cela avec une hausse de 25,5 % de l’effectif d’avocats et de 17,1 % d’associés. En d’autres termes, les professionnels du droit sont plus nombreux et gagnent bien plus qu’il y a une décennie. Voilà une bonne nouvelle pour le barreau d’affaires : les demandes de prestations juridiques n’ont jamais été autant importantes et aussi chèrement payées.

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Rien qu’au sein des cabinets français, cela se ressent fortement : aucun des 50 meilleurs n’a subi de perte de chiffre d’affaires sur un an. Un constat inédit. De la même manière, le nombre de cabinets en France affichant une croissance à deux chiffres de ses revenus est élevé. Ils sont 43 cette année ; habituellement, seules une dizaine de structures sortent du lot. L’édition 2022 du Décideurs 100 est sans conteste celle où il faut être présent, ce qu’ont compris les 15 enseignes qui l’ont intégré, assurant ainsi un renouvellement minimum et sain du paysage des cabinets d’avocats d’affaires en France.

Pascale D'Amore

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