Jean-René Farthouat : décès d’un grand bâtonnier
La profession d’avocat vient de perdre l’un des siens, l’un de ceux qui ont compté et qui font référence parmi les plus jeunes. Jean-René Farthouat est né le 26 juin 1934 à Neuilly-sur-Seine. Il avait fondé son cabinet parisien avec Mario Stasi en 1968, Farthouat Stasi Asselineau & Associés, devenu Farthouat Avocats en 2002. Alors qu’il commence sa carrière aux côtés des grandes compagnies d’assurance et mutuelles comme la Maaf ou la Maif, il fait basculer son cabinet vers le droit pénal des affaires dans les années 1990. En effet, il défend des hommes politiques et des dirigeants d’entreprise poursuivis pénalement comme Gérard Longuet, Roland Dumas, Alain Juppé ou encore Jérôme Monod, le président de la Lyonnaise des Eaux (devenue Suez). Il travaille aussi sur des dossiers de santé publique comme celui des hormones de croissance aux côtés de l’Institut Pasteur ou de droit de l’environnement lors de l’épidémie de légionellose à l'hôpital Georges-Pompidou.
Montrer la route sans tracer le chemin
« C’est un avocat qui a travaillé toute sa vie jusqu’à la fin comme un acharné, il était passionné », se souvient son associée et actuelle vice-bâtonnière du barreau de Paris Nathalie Roret, qui a commencé son mandat en ce début d’année. « Il était dur avec lui-même comme avec les autres et était doté d’une autorité bienveillante », se souvient l’avocate qui a travaillé à ses côtés lors de ses débuts professionnels, sur recommandation du bâtonnier Bernard Baudelot. Elle lui a d’ailleurs rendu hommage le 19 décembre dernier lors de la passation de bâton : « Merci de m’avoir montré la route sans tracer le chemin. » L’avocat donnait des conseils, « mettait le pied à l’étrier sans vous pousser sur le cheval », indiquait des directions sans jamais rien imposer. Il savait développer l’autonomie des avocats avec lesquels il collaborait. Il avait d’ailleurs à cœur de former les plus jeunes, ceux qu’il avait accueillis au sein de son cabinet. Certains sont arrivés jusqu’à l’association comme Nathalie Roret, Nicolas Boulay ou Nicolas Cassart.
Il était aussi investi dans la représentation de sa profession. En s’engageant d’abord au sein de la Confédération syndicale des avocats (la future CNA) qu’il préside au début des années 1980. En entrant ensuite au Conseil de l’Ordre où il est élu en 1982 et en y travaille notamment sur la prospective. Après avoir été élu bâtonnier de Paris en 1994, il préside la Conférence internationale des barreaux en 1996. Il est réélu membre du Conseil de l’Ordre sans discontinuer de 1996 à 2008 et siège au Conseil national des barreaux (1997-1999) dont il deviendra le président en 2000. Il reçoit la Légion d’honneur en 2003.