Idées cadeaux : ces livres à mettre au pied du sapin

Classe à l’italienne sur les sommets

En 1961, Walter Bonatti est un jeune alpiniste italien de 31 ans seulement. Timide, réservé, peu habitué à l’écriture, il décide néanmoins de prendre la plume et de raconter sa jeune carrière de conquérant des cimes. Rédigé pour quelques passionnés, À mes montagnes devient vite un classique de la littérature d’aventure.

Pour Noël, les éditions Guérin rééditent cet ouvrage mythique avec une mise en page léchée et une innovation : des photographies issues de la collection personnelle de l’auteur. Les récits des grandes premières dans le massif du Mont-Blanc ou de l’expédition victorieuse au K2 sont donc entrecoupés de magnifiques paysages. Mention spéciale au style des alpinistes de l’époque qui semblent tout droit sortis de Tintin au Tibet. Avec la classe à l’italienne en plus. Cette réédition convient à tous les amateurs d’aventure, de grands espaces mais aussi de mode.

À mes montagnes, de Walter Bonatti, Guérin éditions Paulsen, 272 pages, 56 euros

Portes et barrières

C’est inévitable, les repas du réveillon seront rythmés de discussions politiques. Certains prôneront la fermeture des frontières, d’autres leur ouverture. Pour donner des arguments à tous les camps, n’hésitez pas à glisser cet Atlas (grand classique de cadeau) au pied du sapin. Les cartes et infographies apportent toutes les clés nécessaires pour mieux appréhender les grands sujets contemporains: réchauffement climatique, litiges frontaliers, stratégie des grandes puissances, localisation des ressources naturelles…

Pour détendre l’atmosphère, comptez sur la partie  "Quelques frontières originales ». L’occasion d’apprendre que la France et la Suisse se disputent le contrôle d’un hôtel ou qu’un golf est à cheval sur deux fuseaux horaires.

L’Atlas des frontières, murs, migrations et conflits, de Delphine Papin, Bruno Tertrais et Xemartin Laborde, Les Arènes, 185 pages, 27 euros

Douceurs de France

Les Français et la cuisine, c’est tout une histoire. Un habitant de l’Hexagone qui ne se montrerait pas un peu chauvin en matière de gastronomie et qui ne pourrait citer quelques plats typiques de sa région d’origine ne serait pas loin d’être déchu de sa nationalité. Plaisanterie mise à part, la France regorge de recettes variées et d’anecdotes croustillantes sur la question. La journaliste Nathalie Helal, animatrice de l’émission Coup de fourchette sur France Bleu, raconte dans Étapes gourmandes la genèse de ces plats que l’on connaît bien ainsi que ceux qui méritent d’être découverts.

Pourquoi les moules-frites sont-elles devenues une tradition à la braderie de Lille ? D’où vient la ficelle picarde ? Comment faire une bonne soupe aux cailloux ou des cèpes farcis à la bordelaise ? Vous êtes prévenus : cet ouvrage met l’eau à la bouche et donne envie de sillonner nos villes et nos campagnes.

Étapes gourmandes, un tour de France de la gastronomie, de Nathalie Helal, Michel Lafon, 352 pages, 29,95 euros

Blake et Mortimer en Cornouailles

Les personnages les plus british de la BD belge reviennent pour une trentième aventure. Dans ce nouveau cru, pas de savants fous, de dictateurs tyranniques ou d’aventures dans des zones lointaines. Philipp Mortimer et Francis Blake restent sur la blanche Albion et plus précisément en Cornouailles. Un groupe indépendantiste et terroriste, le Free Cornwall Group, multiplie les violences contre les travailleurs étrangers et cherche le mystérieux trésor du roi Arthur afin de financer sa lutte. Pour cela, il espère s’emparer de la dernière invention de Mortimer, une excavatrice de poche.

Le chef de l’organisation, le "Grand Druide" peut compter sur le soutien d’un certain Olrik, toujours aussi astucieux, élégant et machiavélique. Langage châtié, lignes claires, souterrains, grottes, sherry et thé : les auteurs reprennent tous les ingrédients d’Edgar P. Jacobs. Si certains albums récents se sont écartés de l’ADN original, celui-ci opte pour un retour aux sources bienvenu.

Signé Olrik, d’Yves Sente et André Juillard, éditions Blake et Mortimer, 64 pages, 17 euros

La France d’avant en couleurs

La question revient souvent : "À quoi ressemblait ma ville ou ma région il y a plus d’un siècle ?" Cet ouvrage signé Taschen offre la réponse en proposant des milliers de photographies restaurées et colorisées prises entre 1870 et 1914. Sur près de 600 pages, l’Hexagone est passé au crible. Le temps qui passe a fait évoluer bien des choses tout en préservant certaines identités.

Certes, la Côte d’Azur ou les Alpes, encore épargnées par le tourisme de masse, n’ont plus grand-chose à voir avec notre siècle. Mais les petits villages alsaciens ou le Paris haussmannien semblent avoir traversé les décennies en gardant tout leur cachet. Cet ouvrage volumineux de plus de trois kilogrammes est si dense et surprenant qu’il est difficile de résumer sa richesse en quelques lignes. Seule certitude, la personne qui le recevra en cadeau en fera bon usage, quels que soient son âge, ses passions ou sa région d’origine. Comme à son habitude, Taschen opte pour un titre en anglais et des légendes dans la langue de Shakespeare ainsi qu’en allemand et en français

France 1900, A portrait in color, de Sabine Arqué et Marc Walter, Taschen, 560 pages, 75 euros

Le vrai du faux

Andrea est une mère aimante qui ne s’imaginait pas qu’un jour un fossé pourrait se creuser entre elles et ses enfants. C’était sans compter sur les affres de l’adolescence et l’entrée dans la vie d’adulte de sa progéniture. D’un côté, elle ne reconnaît plus sa petite fille devenue une lycéenne rebelle, de l’autre, son fils, parti faire ses études à Bordeaux, lui manque.

C’est alors que se présente un nouveau défi: celui d’intégrer la Darons Academy, un programme de téléréalité qui réunit des parents désabusés dans un lieu magique où ils n’auront, pour une fois, qu’à s’occuper d’eux. L’occasion pour Andrea de se reconnecter à elle-même et de faire (re)découvrir à ses proches, surtout à sa fille, la femme derrière la mère.

Ce roman feel good est la parfaite illustration de ce que sait faire Raphaëlle Giordano: raconter des moments du quotidien, presque clichés, avec une légèreté apparente, qui en disent long en réalité sur les dialogues intérieurs et paradoxes qui nous animent.

Et ils vécurent heureux malgré tous leurs enfants, de Raphaëlle Giordano, Éditions Récamier, 336 pages, 20,90 euros

Les derniers jours d’un écrivain

Dans cette bande dessinée de Nicolas Barral, les derniers instants de Fernando Pessoa se dévoilent au cours d’un récit où la frontière entre la réalité et l’imaginaire de l’illustre écrivain se trouble. Tandis qu’un jeune pigiste s’épuise à reconstituer dans une nécrologie les fragments épars de la vie du poète, c’est une Lisbonne brumeuse qui se déploie en arrière-plan de l’existence de l’homme aux mille visages qu’est Pessoa.

L’ouvrage aborde les thèmes de l’identité, de la création et surtout de l’impossible conciliation entre ce que nous sommes et ce que nous écrivons.

Les dessins jouent habilement avec les détails en apparence insignifiants à travers une hésitation graphique où transparaît l’angoisse de Pessoa face à la mort. Une ode aux vertiges de l’existence et aux infinis possibles contenus dans un seul être.

L’Intranquille Monsieur Pessoa, de Nicolas Barral, Dargaud, 126 pages, 25 euros

Le vrai du faux

La série de films Jurassic Park relève-t-elle plus de la fiction que de la science ? Aux origines de ces œuvres, un roman de Michael Crichton, ancien scientifique, qui s’est longuement documenté et inspiré de travaux de paléontologistes, d’illustrateurs, d’idées développées sur le matériel génétique d’animaux disparus ou de commentaires sur la théorie du chaos. L’univers de l’auteur est également influencé par la littérature.

Dès lors, le parc de dinosaures est-il davantage le reflet d’un lieu fantasmé par l’enfant qui sommeille en l’artiste ou se rapprocherait-il plutôt de la réalité ? Paléontologue, docteurs en psychologie et lettres, biologiste moléculaire et microbiologiste, directeur de recherche spécialiste de gravitation et cosmologie et illustrateur se sont regroupés pour tenter de répondre à cette question. Mais surtout à celle qui brûle les lèvres : peut-on recréer les dinosaures ?

Jurassic Park et les sciences, dirigé par Jean-Sébastien Steyer et Nicolas Allard, Belin, 256 pages, 28 euros

Cem Algul, Lucas Jakubowicz, Olivia Vignaud