Voici quelques ouvrages à découvrir en ce début du mois de septembre. Une belle mise en bouche avant d’entamer la traditionnelle rentrée littéraire.
Livres, les incontournables du mois de septembre
Boucs émissaires
La gauche française se rétracte sur les métropoles, abandonne des pans entiers du territoire. Retrouver la majorité suppose un certain aggiornamento qui n’est pas à l’ordre du jour. La tendance actuelle ? Attaquer les mal-pensants qui ont encore l’audace de défendre une laïcité classique, de combattre le communautarisme ou de parler de nation. Ces derniers sont traités de "fachos", de "laïcards" ou de "racistes". Le dernier ouvrage d’Aurélien Bellanger en est l’illustration chimiquement pure.
Malgré un fiel omniprésent, cette comédie humaine mérite d'être lue, elle en dit beaucoup sur la pensée d'une partie de l'intelligentsia
Parmi les cibles que l’auteur assume de "silencier", des personnages dont les pseudonymes et les parcours font penser à Caroline Fourest, Raphaël Enthoven, Philippe Val, Plantu, Xavier Gorce ou encore Laurent Bouvet, le personnage principal (qui, décédé, ne peut répondre aux calomnies). Le livre se centre sur le mystérieux mouvement du 9 décembre, soit le Printemps républicain accusé de noyauter l’État et de poursuivre un agenda totalitaire qui sera mis en œuvre par Michel Onfray qui devient candidat Reconquête ! à la place d’Éric Zemmour.
Le procédé est si peu subtil qu’il vaut mieux en rire : la gauche qui n’est pas dans l’air du temps est donc similaire à un parti plus à droite que Marine Le Pen… Malgré un fiel omniprésent, cette comédie humaine mérite d’être lue. La plume est très belle et en dit beaucoup sur l’état intellectuel d’une partie de l’intelligentsia.
Les derniers jours du Parti socialiste, d’Aurélien Bellanger, Seuil, 470 pages, 23 euros
Les grands crus mis en bulle
Cet été, de nombreuses personnes ont débouché des bouteilles de rosés sans prétention, d’autres se sont portées sur des crus plus renommés. Mais qu’est-ce qui fait la différence entre une boisson loisir et une boisson plus huppée ? Cette bande dessinée scénarisée par un journaliste spécialisé dans l’économie du vin apporte la réponse.
Des montagnes du Caucase à la cour du Pharaon, des patriciens romains aux riches industriels en passant par la cour papale, les négociants vénitiens, la noblesse anglaise ou les producteurs grecs, les auteurs nous font voyager au fil du temps avec érudition et humour. Que l’on soit novice ou œnologue confirmé, impossible de ne pas se griser de petites anecdotes à caser au moment de trinquer.
Histoire des Grands vins, de Daniel Casanave et Benoist Simmat, Les Arènes BD, 220 pages, 30 euros
Choc des générations
Après Journal intime d’un marchand de canons et Journal intime d’une prédatrice, l’écrivain Philippe Vasset plonge ses lecteurs dans la vie d’un maître chanteur. Également journaliste, l’auteur a été rédacteur en chef d’Intelligence online, média spécialisé dans les informations exclusives permettant notamment de mieux comprendre les acteurs du renseignement.
Rien d’étonnant à ce qu’il sache raconter le quotidien de ceux qui tirent les ficelles dans le domaine de la défense, de la finance ou de l’extorsion dont les activités passent souvent sous les radars. Journal intime d’un maître chanteur nous embarque dans l’histoire d’un spécialiste de la menace et de la trahison. Quinquagénaire, celui-ci se trouve confronté à l’évolution de son métier bousculé par le digital et les nouvelles générations. Grinçant !
Journal intime d’un maître-chanteur, de Philippe Vasset, Flammarion, 224 pages, 20 euros
Ecrire l’indicible
Difficile de choisir ce qui mériterait d’être mis en avant dans une critique du dernier roman de Fabienne Périneau. Son style ? Original, incisif, simple… et surtout toujours très juste. Nous pourrions aussi saluer sa façon de rappeler l’importance de la littérature. Le personnage principal, "Elle", se passionne pour Marguerite Duras et, plus particulièrement, pour son livre Agatha, qui raconte un amour incestueux. Ce récit aurait sauvé l’héroïne de Fabienne Périneau, "Elle", à qui l’auteure ressemble étrangement.
Toutes deux ont fait leurs études rue Blanche et sont comédiennes. L’exploit littéraire à mettre en avant n’est-il finalement pas celui-ci ? Cette capacité de l’écrivaine à mettre des mots sur l’indicible, sur ce que personne ne veut parfois voir car « la famille c’est important », sur ces monstres qui bousillent des enfants. Oser sortir et crier est un livre magnifique. Qui secoue mais magnifique.
Oser sortir et crier, de Fabienne Périneau, Éditions Récamier, 224 pages, 20 euros
Lucas Jakubowicz et Olivia Vignaud