Livres, nos incontournables de l’été

Quand on a 17 ans

L’Arabe du futur s’est terminé l’an dernier, le sous-coté Pascal Brutal est arrêté depuis trop longtemps. Mais Riad Sattouf a bien l’intention de continuer à marquer l’histoire du neuvième art avec ses personnages. Depuis plusieurs années, l’artiste franco-syrien relate les péripéties d’Esther, une petite Parisienne imaginaire dont le quotidien ressemble à celui de tant d’autres. Après les années d’enfance puis d’adolescence, la brune à l’éternelle queue-de-cheval voit l’âge adulte approcher, oscille entre insouciance et maturité. Le dessinateur scénariste réussit l’exploit d’entrer dans la peau d’une lycéenne de 17 ans avec réalisme et bienveillance. L’album est une fresque tendre du monde lycéen de 2023 : langage, mode, rapport aux amis, à la famille, à l’intime, premiers petits boulots... Le récit perd peut-être un peu en rythme à mesure que les années passent. Mais mieux vaut profiter d’Esther dont les aventures se clôtureront dans un album.

Les cahiers d’Esther, Histoire de mes 17 ans, de Riad Sattouf, Allary Editions, 54 pages, 17,90 euros

Cahier de soutien

Le rire est parfois la meilleure des thérapies. Plutôt que de publier un énième livre sur la condition des femmes en France, les journalistes Titiou Lecoq et Charline Vanhoenacker se sont amusées, à travers un cahier de jeux de vacances, à proposer des exercices pour s’interroger et en apprendre plus sur la place du sexe féminin dans notre société et sur ses répercussions. Car, si le féminisme peut faire lever les yeux de certains au ciel, le sexisme engendre bien des dégâts : les symptômes étant trop souvent minorés. Les AVC sont la première cause de mortalité chez les femmes (troisième chez les hommes), les conductrices ont 47 fois plus de risques de subir des blessures graves, notamment car les mannequins des crash-tests ont les proportions d’un homme. À défaut d’en pleurer, les « autrices » choisissent d’en rire à travers quiz, coloriages et autres problèmes mathématiques et c’est plutôt réussi !

En vacances, Simone ! Cahier d’exercices féministes, de Titiou Lecoq, Charline Vanhoenacker, Zoé Thouron, Denoël, 96 pages, 12 euros

Les petites Mancini

Sous l’Ancien Régime, quelle piste s’offre à un homme pauvre arrivé au sommet du pouvoir et qui souhaite que son clan garde de l’influence ? La solution n’est guère féministe. Il s’agit de faire en sorte que les femmes de sa famille épousent des puissants. C’est la stratégie mise en place par Giulio Raimondo Mazzarino, religieux d’origine modeste, plus connu sous son titre de cardinal Mazarin. Celui qui, de 1643 à 1661, a gouverné la France dans l’ombre, a fait venir de Rome sept nièces pour servir d’épouses aux grands de ce monde. Si certaines se sont acquittées de leur « mission », d’autres ont opté pour un mode de vie soixante-huitard avant l’heure : jouissons sans entrave ! Ce livre retrace leur destin et montre à quel point certaines choses ont changé dans les stratégies amoureuses. Même si quelques constantes demeurent : le plaisir de la transgression ou encore le fait que la combinaison de la beauté et de l’intelligence permette de réaliser de grandes choses.

Les Princesses Mazarines, la gloire du cardinal, d’Evelyne Lever, Tallandier, 352 pages, 23,50 euros

Une pointe de légèreté

Malgré 35 kilos de trop, il n’était jamais venu à l’esprit de l’ancien chef étoilé Jacques Thorel qu’il ait été un peu "gros". L’idée de devoir maigrir ne l’avait donc jamais effleuré. À l’occasion d’un anniversaire, ce bon vivant fait la rencontre d’une pharmacienne, AnneSophie Sertout. La complicité est immédiate. Sa nouvelle amie va lui dire une vérité, pourtant évidente, qui sera un électrochoc : son diabète de type 2 n’est pas étranger à son hygiène de vie. Pendant un an, elle va le coacher pour l’aider à perdre du poids et reprendre une activité physique. Mais pas question pour le chef d’origine bretonne de renoncer aux bons petits plats. Il se met à réinventer ses recettes et à s’ouvrir à d’autres manières de préparer ses repas. Son palais n’y a rien perdu, au contraire. L’ouvrage graphique En cuisine pour fondre de plaisir, histoire d’une amitié en 80 recettes nous livre les secrets des meilleurs bouillons, granolas, légumes mijotés et glaces maison qui préservent la santé et libèrent les papilles. Une cuisine simple mais pleine de parfums pour tous les jours.

En cuisine pour fondre de plaisir, histoire d’une amitié en 80 recettes, de Jacques Thorel, Anne-Sophie Sertout et Marie-Sophie Moreau, La cité graphique, 120 pages, 23 euros

Caricaturistes old school

Attention, n’emportez pas ce livre en vacances ! Il pèse 5 kilos et mesure presque 40 centimètres de haut. Mais il a toute sa place dans votre bibliothèque ou sur une table. Fidèle à sa réputation d’éditeur esthète, la maison Taschen nous offre une "petite" anthologie des plus beaux dessins de presse publiés entre 1819 et 1921. Il y en a plus d’une centaine venus des quatre coins du monde, parfois esquissés à la hâte, parfois assimilables à de vraies œuvres d’art. Feuilleter l’ouvrage nous replonge dans des actualités historiques ou anodines révolues et nous montre que, malgré le temps qui passe, les caricaturistes gardent leur importance. Eux seuls peuvent se permettre en quelques traits acérés de se gausser des puissants, de dénoncer des injustices ou d’éveiller les consciences de manière aussi, voire plus efficace, que de longs articles.

Press Graphics, The Golden Age of Graphic Journalism, d’Alexander Roob, Taschen, 603 pages, 60 euros

Voyage initiatique

Ethan Stern et Guillermo Castillo sont meilleurs amis. Le père et le grandpère du premier ont connu les camps de concentration nazis, tandis que le second est le fruit d’une union entre un militant socialiste disparu lors du coup d’État de Pinochet en 1973 et une compatriote, depuis exilée à Paris. Étudiants à Assas et Sciences Po, les deux comparses décident de passer l’été 1988 au Chili, en amont du référendum du 5 octobre qui mènera à la destitution du dictateur. Les deux garçons découvrent la face la plus sombre de la tyrannie et lèvent le voile sur la vie de José Luis Castillo, père de Guillermo. Le lecteur navigue entre les camps de la mort nazis et les séances de torture de la junte militaire chilienne, en passant par le Paris mondain des étudiants d’école et de fac de renom qui partent en week-end en Normandie. Des contrastes qui viennent nourrir le voyage initiatique des deux protagonistes.

Lien de sangs, d’Ivan Roussin, Plon, 256 pages, 20,90 euros

Promenons-nous sous les toits

Journaliste au Point, Clément Pétreault a succombé à la mode des Parisiens quittant les appartements haussmanniens de la capitale pour se rabattre sur un pavillon en Normandie. Un type d’habitat longtemps jugé ringard et cloué au pilori mais qui retrouve une seconde jeunesse. Son livre narre en partie les tribulations parfois rigolotes d’un intello urbain dans la France périphérique. Mais il revient aussi sur l’histoire de l’aménagement des zones pavillonnaires, l’architecture des Trente Glorieuses, l’émergence des classes moyennes, puis son repli autour de son foyer. L’essai à la trame originale permet d’éclairer sous un jour nouveau une France que beaucoup d’urbains connaissent peu. Une France qui suscite de la part de certains du mépris… mais aussi un peu d’envie.

Une maison sinon rien, pourquoi l’avenir est aux pavillons, de Clément Pétreault, Stock, 280 pages, 20 euros

L’apocalypse avec le sourire

L’été est plus que jamais le moment de se lancer dans des jeux insolites. Dans un style absurde et avec un humour caustique so british, Rob Sears vous propose un défi inédit : sauver le monde, tout simplement. Vous êtes un agent de l’ONU dérangé en pleines vacances à la suite d’un appel mystérieux. Chaque page vous propose plusieurs solutions qui vous renvoient vers d’autres pages. Faites le bon choix, l’avenir du monde est entre vos mains et les menaces sont multiples : Nord-Coréens souhaitant faire exploser la Lune, Elon Musk forant la Terre, dinde mutante, zombies, protecteurs d’abeilles prêts à sacrifier l’humanité. Il vous faudra négocier avec des milliardaires, des technocrates, Vladimir Poutine, Xi Jinping, des clones du patron de Tesla, Space X ou Twitter, une psychiatre russe déjantée. À vous de jouer !

Choisis ton apocalypse, avec Kim Jon-un et ses amis, de Rob Sears, Robert Laffont, 154 pages, 12 euros

“C'est en croyant aux roses qu'on les fait éclore”

Colleen Hoover revient avec la suite tant attendue du premier tome Jamais Plus, dans lequel la vie amoureuse du personnage principal Lily prend une tournure sombre au fil des pages, la plongeant dans un cycle de violence qu’elle ne connaît que trop bien. Si le premier opus était inspiré de l’histoire personnelle de l’autrice, le second laisse place à l’imagination. Et si Lily, à la suite de la naissance de sa fille Emerson et de son divorce d’avec son mari violent, était retournée dans les bras de son amour de jeunesse ? Quelle serait sa vie, entre son ex-mari et son ancien amour qui a grandi et vécu loin d’elle toutes ces années ? L’histoire plonge le lecteur dans les tourmentes d’une jeune maman qui tente de se frayer un chemin entre son passé et son avenir, conciliant vie familiale, amoureuse et professionnelle.

À tout jamais, de Colleen Hoover, éditions Hugo Roman, 384 pages, 18,50 euros

Olivia Vignaud, Marine Fleury, Lucas Jakubowicz