Si l’adage anglo-saxon "sharing is caring" n’a pas d’équivalent en français, les habitants de l’Hexagone sont pourtant les premiers à le mettre en pratique. Plutôt que la sempiternelle planche mixte d’apéro, les restaurateurs parisiens subliment la formule de l’assiette où l’on picore, et qui, avant tout, se partage.
Tour de tables. Petites assiettes, grandes idées
En plein cœur du vibrant SoPi, à Pigalle, les premiers numéros de la rue Chaptal, piétons, apportent un peu de tranquillité pour se caler en groupe dans le très accueillant Puce. La cuisine met l’accent sur la comfort food et offre une sélection de petites assiettes pour rassasier tous les appétits. On commence par un guacamole servi dans son mortier avec de belles tortillas croustillantes et une terrine maison qui se marie parfaitement avec l’acidité de quelques pickles. Pour la suite, on ne sait où donner de la tête entre les couteaux aux herbes fraîches, la poêlée de haricots verts aux amandes ou encore le tiradito de bar. Mais jamais au grand jamais, il ne vous faudra passer à côté du pop-corn chicken à la fois moelleux et croustillant à tremper dans une sauce tartare ou des raviolis chinois à la vapeur, un délice twisté au gingembre, et enrobés d’un jus à se damner. Si vous avez de la chance, vous pourrez profiter des quelques tables posées sur le trottoir.
Du mardi au vendredi de 12h à 15h et de 19h à 23h30. €
1, rue Chaptal, Paris 9e
09 53 48 29 75
D’origine californienne, Thomas Graham avait d’abord débuté en France dans l’Hérault, dans les cuisines d’Äponem. C’est désormais dans le 8e arrondissement qu’il ensoleille la carte du Mermoz. Dans un petit bistrot de quartier qui pourrait sembler classique (tables et chaises en bois et bar en zinc), le chef exécute une cuisine fine
et travaillée où les assaisonnements sont toujours bien sentis et les textures alléchantes. Le soir, on préfère se partager des assiettes au format réduit pour profiter de toutes les facettes de la carte : tartine de sardines marinées, pesto de roquette-pistache-cheddar, céleri rémoulade à l’ail noir, noisettes et œufs de saumon ou encore carpaccio de langoustines, bisque glacée et vinaigre de tomates maison. Les assiettes, toutes placées sous le signe d’un dressage élégant et graphique, se suivent et ne se ressemblent pas. Et pour l’ambiance, pas d’inquiétude, le restaurant a gagné le prix de la meilleure équipe décerné par Time Out.
Le chef Florent Peineau ne se contente pas de débiter des assiettes à la chaîne au format « polly pocket », car dans chacune d’elles, on retrouve la finesse et le souci du détail qui le caractérise. Travaillées comme des grands plats, en miniature, on s’éclate avec une crème Dubarry, amandes fumées, relevée au N’duja, une spécialité calabraise, on se régale avec un Gua bao au porc chashu et on se chouchoute avec un risotto d’épeautre au coulis d’herbes et parmesan. Et en dessert, que dire de la mousse de pain ? Sinon, une « cerise sur le gâteau ». Deux à trois assiettes par personne sont recommandées pour découvrir le menu ; on vous conseille de venir à plusieurs pour tout goûter et profiter de la grande table à l’écart des autres convives, parfaite pour les anniversaires. Les vins (bien choisis !) sont dits « vivants » mais nous n’en attendions pas moins pour une table d’un arrondissement où le vin nature coule à flots. À noter : le menu qui change pour un dimanche midi tout doux (camembert frit, english muffin, choux à la crème XXL)..
Rue de la Réunion, dans l’Est parisien, les bons vivants débordent sur le trottoir. À l’intérieur du restaurant, sélectionné depuis 2022 par le Bib Gourmand du Michelin, chaises en bois et tables en formica se côtoient, jouxtant les rayonnages de bouteilles, bien pratiques pour choisir la « quille » qui accompagnera le festin. La carte, quant à elle, s’imprime au jour le jour, au gré des trouvailles de la cheffe Alice Newman, aux commandes depuis le début de l’année, et indique qu’un peu d’égoïsme culinaire est accepté. Dans les assiettes qui se « partagent (ou pas ! ) », de la cuisine bistrotière comme on aime : rillettes bien cochonnes, potimarron rôti au bleu d’Auvergne, coques au vin blanc ou papardelles al ragù, il y en a pour tous les goûts. Et pour voir vraiment la Vierge, c’est aux toilettes qu’elle a élu domicile. La statue a vécu : volée puis retrouvée, elle reste imperturbable. Le bon plan : la formule du midi à 24 €.
Tranches de prix
€ : jusqu’à 50 euros - €€ : jusqu’à 100 euros - €€€ : jusqu’à 200 euros
Béatrice Constans