Van Cleef & Arpels, sous le signe de la poésie
La saga Van Cleef & Arpels commence par une histoire d’amour, avec l’union d’Esther Arpels et d’Alfred Van Cleef, en 1895. Ce mariage réunit deux familles programmées pour réussir dans l’univers exigeant de la joaillerie. Esther est la fille d’un négociant en pierres précieuses, et Alfred, le fils d’un diamantaire. C’est donc avec son beau-père Salomon Arpels qu’Alfred crée, en nom collectif, sa première société, d’abord au 34 rue Drouot dans le 9e arrondissement. En 1906, à la mort de son oncle et beau-père, Alfred s’associe avec ses beaux-frères, Charles-Salomon, Louis et Julien pour fonder Van Cleef & Arpels. La première boutique ouvre au 22 place Vendôme. Un écrin historique toujours d’actualité. Dès lors, les choses iront très vite.
Sublimer les pierres
Chargés de poésie, chaque bijou trouve son inspiration dans la nature, les papillons, les fleurs, l’amour, la danse, le rêve et l’imaginaire. En témoigne les collections aux noms évocateurs Butterflies, Flowers, ou encore Token of Love. Le succès est au rendez-vous, la clientèle cosmopolite, le talent maison reconnu, notamment, au fil des expositions universelles. En moins de vingt ans, Van Cleef et Arpels devient célèbre dans le monde entier. Sur plus d’un siècle d’histoire, la maison a façonné pour des clients prestigieux des pièces uniques qui ont défié le temps. Chacune raconte une légende. Il en est ainsi de la parure que commande l’Aga Khan pour la Bégum. Transformable en deux bracelets et un pendentif détachable, pas moins de 44 émeraudes gravées et 745 diamants ronds datant du XVIIIe siècle la constituent. Depuis l’origine, l’inventivité technique et esthétiquedistingue la maison. MarlèneDietrich fut également l’une des nombreuses ambassadrices, des années trente aux années quarante.Amie proche de Louis et Hélène Arpels, elle commande le fameux bracelet jarretière vers 1937. Un bracelet surdimensionné qu’elle portera toute sa vie. Serti de rubis et de diamants, il met en œuvre la révolution technique brevetée en1933, dite du « Serti mystérieux ». Le procédé consiste à sertir les pierres sans faire apparaître les griffes de métal. Une fois montées, elles ont la particularité de donner l’impression de flotter. Seule une poignée de maîtres joailliers, les fameuses Mains d’Or de ses ateliers, maîtrise la technique, et qui plus est, n’ont de cesse d’imaginer des pièces ayant la particularité de se métamorphoser.
Si Alfred disparaît en 1938, les générations se suivent et l’aventure familiale se poursuit. La même année, le collier « Passe Partout » voit le jour et la duchesse de Windsor inspire l’innovant collier « Zip », transformable en bracelet, qui évoque une fermeture Éclair. Avec la Seconde guerre mondiale, la famille émigre aux États-Unis et s’installe à New York en 1939. Une première boutique ouvre en 1942 sur la prestigieuse Cinquième Avenue, à New York, puis à Beverly Hills en 1969.
Le trèfle de la chance
La maison peut s’enorgueillir, depuis 1968, du succès de son best-seller, l’emblématique collier sautoir Alhambra. Sublimé par Françoise Hardy, celui-ci a bousculé les codes de la joaillerie: accessible, ludique, il a contribué à démocratiser la haute joaillerie comme à l’époque le prêt-à-porter bousculait la haute couture. Son motif reprend un thème végétal, celui du trèfle à quatre feuilles, qui porte chance et bonheur. Incontestable et indispensable, il se décline à l’envi en colliers, pendentifs, bagues, boucles d’oreilles... Et plus récemment, en 2008, du succès de la collection Perlée. Depuis 1999, Van Cleef & Arpels a changé de mains, racheté par le groupe Richemont qui a choisi de rester fidèle à l’esprit de la marque. Une décision réfléchie qui a fait ses preuves et qui conforte le parcours exemplaire de cette maison, avec des créations toujours attendues à l’occasion de chaque présentation de haute joaillerie. De quoi combler Nicolas Bos, l’actuel CEO du groupe.