Plus d’un tour dans leur sac
La maroquinerie de luxe est un milieu dans lequel il y a peu d’élus. Comment êtes-vous parvenus à vous y faire une place ?
Lorsque nous avons lancé ce projet en 2013, à 27 et 28 ans, nous étions déjà en couple à la ville. Nous ne venions pas de la mode : j’ai fait des études de commerce au Pôle Léonard de Vinci à la Défense et Violette était déjà chanteuse lyrique - c’est toute sa vie et c’est d’ailleurs pour cela qu’elle me laisse la gestion commerciale de la société. À l’époque, on trouvait que les sacs disponibles sur le marché étaient soit fonctionnels, soit réalisés dans de belles matières, mais rarement les deux en même temps. On a voulu y remédier.
Vous lancez alors une campagne sur KickStarter…
Nous avons axé notre campagne de financement participatif autour du Petit Cartable, notre premier produit. Un sac fabriqué en Italie, adapté à des usages modernes, pouvant contenir un ordinateur portable, une tablette, un bloc papier A4… Avec 160 préventes en un mois (on en visait 100) et près de 60 000 dollars récoltés, on a pu financer une gamme plus étoffée.
Pour arriver à quelle offre, aujourd’hui ?
Après avoir développé une gamme unisexe, avec une clientèle de 70% d’hommes, nous avons créé une gamme féminine en 2015. Nous proposons une quinzaine de modèles différents déclinés en 70 références selon les coloris, les matières et les tailles.
Le 5 juillet dernier, nous avons lancé notre petite maroquinerie, fabriquée en Espagne dans le village andalou d’Ubrique. Pour le reste, nous travaillons toujours avec un atelier napolitain… Dont nous sommes aujourd’hui le plus gros client !
Votre réseau de distribution est lui aussi atypique…
Nous vendons en effet sans intermédiaires, pour garantir les prix les plus justes. On a longtemps vendu 100% online avec des boutiques éphémères de temps en temps dans Paris. Depuis juillet 2017, on a ouvert le Studio, qui est à la fois magasin et lieu de design. 70% de nos ventes se font en ligne et le reste à la boutique. On a fait 1,5 million d’euros de chiffre d’affaire en 2017, pour plus de 5 000 pièces vendues. En 2018, notre croissance est de 35 à 40% sur le premier semestre. Cela nous permet de proposer davantage de produits et de disposer d’un stock suffisant.
Vous revendiquez un dialogue permanent avec vos clients. À quel point ?
Leur feedback nous permet d’améliorer constamment les produits. Nous présentons régulièrement des prototypes en boutique pour recueillir leur avis.
Quelles sont vos perspectives de développement entre cette fin d’année et 2019 ?
Pour se développer, il faudrait s’implanter dans un lieu plus « mode », où les gens recherchent de beaux accessoires. C’est l’un de nos projets. On va aller tester des marchés étrangers, peut-être le Royaume-Uni, voire la Chine même si ce sera plus compliqué. 25% de nos ventes sont effectuées depuis l’étranger. On veut continuer à monter avec nos propres ressources, sans levée de fonds, pour garder la taille humaine de ce projet le plus longtemps possible.
Léo et Violette
12, rue Sainte-Anne
75001 Paris
www.leoetviolette.com
Propos recueillis par Guillaume TESSON