Artling : du sur-mesure moderne et authentique
Fin, distingué, courtois, souriant… Du haut de son mètre quatre-vingts, Martial Arnaud est sans doute le meilleur ambassadeur de sa propre marque de costumes sur mesure. Mêlant modernisme et classicisme, la maison Artling – fondée en 2010 –, revendique son authenticité. Dans la boutique de la rue des Saints-Pères, pas d’imprimante 3D pour prendre les mesures des clients ni d’écrans à outrance. Mais des meubles anciens chinés chez des antiquaires. La décoration est soignée, le cadre chaleureux. Chaque visiteur est là pour « passer un moment agréable », explique le chef d’entreprise, désireux de dépoussiérer l’image du tailleur pour homme tout en conservant ses codes traditionnels.
De la finance à la mode
Le point de départ de cette aventure ? Un constat. « Je me suis rendu compte que pour trouver des costumes plus actuels, moins rétro, il fallait se tourner vers le prêt-à-porter », raconte Martial Arnaud que rien ne prédestinait, au début des années 2000, à lancer sa marque de vêtements. Et pour cause : avant de rejoindre l’univers de la mode, il côtoie celui de la finance et travaille pour un grand cabinet d’audit. « J’avais envie d’entreprendre et de me lancer dans un nouveau challenge », poursuit ce féru de dessin qui, depuis toujours, préfère « faire du shopping, plutôt que regarder le rugby à la télévision ». Pragmatique, ce businessman le sait : devenir tailleurs ne s’improvise pas. Pendant trois mois, il apprend les rudiments du métier à l’école de la Fédération des maîtres tailleurs, avant d’ouvrir une première boutique à Saint-Germain-des-Prés.
« Je me suis rendu compte que pour trouver des costumes plus actuels, moins rétro, il fallait se tourner vers le prêt-à-porter »
Traditionnel et décontracté
« Je prenais les mesures moi-même », se souvient-il avec fierté, reconnaissant toutefois avoir connu des débuts « chaotiques », à cause, notamment, du manque de fiabilité de certains fournisseurs. Pas de quoi décourager le jeune tailleur qui parvient à accrocher une clientèle à la fois jeune – entre 30 et 45 ans – et régulière. Progressivement, grâce à une campagne marketing sur les réseaux sociaux et des partenariats avec plusieurs blogeurs, la maison gagne en notoriété et se fait connaître des personnalités du showbiz et de la politique, comme Antoine de Caunes ou Michel Sapin. La force de l’enseigne ? Proposer, outre des costumes traditionnels – dont le prix varie entre 750 et 1 000 euros –, des vêtements sur mesure décontractés, « qu’on ne trouve pas chez d’autres tailleurs ». Ensemble pour la chasse, veste saharienne, pantalon de golf et même costume de magicien… Chez Artling, tout est réalisable. « Nous avons régulièrement des demandes pour le cinéma », souligne le patron.
Jouer avec les lignes et les courbes
En 2015, fort de son succès, Martial Arnaud ouvre une boutique de 130 mètres carrés et s’entoure de cinq collaborateurs fidèles. « Si nous sommes aujourd’hui reconnus, c’est grâce à l’équipe », reconnaît cet entrepreneur dans l’âme, qui, en parallèle de son activité parisienne, crée son propre atelier de production au Portugal pour confectionner lui-même les costumes de la marque mais aussi d’autres acteurs du sur-mesure. « Il existe là-bas un vrai savoir-faire », explique-t-il. Son prochain défi ? Continuer à proposer des collections innovantes. À « jouer avec les lignes et les courbes ». Sereinement, sans s’éparpiller. Sans plier sous la pression commerciale et artistique. Sans céder à la tentation de « faire plus simple, plus rapide, avec des fournisseurs moins chers ». Mais en conservant l’esprit de cette maison française à la fois haut de gamme et accessible qui, à tout point de vue, mérite le coup d’œil.
Capucine Coquand