Donald Trump s’est choisi un ministre de la Justice qui “mettra fin à l’instrumentalisation de [leur] administration” par les démocrates. Le nom de Matt Gaetz, brièvement avocat et jamais procureur, divise. L’homme de 42 ans est soupçonné d’infractions sexuelles et de consommation de drogue.
Gouvernement Trump : une justice vengeresse avec la nomination de Matt Gaetz
Le recrutement du futur ministre de la Justice par Donald Trump a le goût de la vengeance. L’homme d’affaires qui a repris ses quartiers à la Maison-Blanche au début du mois l’a déclaré : “Matt va éliminer la corruption systémique au sein du ministère de la Justice et ramener celui-ci à sa véritable mission, qui est de lutter contre la criminalité et de faire respecter notre démocratie et notre Constitution.”
L’inquiétude est palpable outre-Atlantique. The Wall Street Journal critique le choix de Donald Trump. “Il est le candidat de ceux qui veulent que la loi soit utilisée à des fins de vengeance politique, et cela ne se finira pas bien.” Pour le Huffington Post, “Trump ouvre les portes de l'enfer”. Quant au New York Times, il décrit celui qui pourrait bien superviser les 35 000 personnes du FBI comme un “chien d’attaque”.
Incompétent pour le métier
Même chez les républicains, le nom choque. John Robert Bolton, avocat, diplomate, consultant républicain et commentateur politique américain, parle de la pire nomination de l’histoire américaine. “Gaetz est non seulement totalement incompétent pour ce métier, mais il n’en a pas le caractère. C’est une personne de turpitude morale.” La sénatrice de l'Alaska au Congrès des États-Unis Lisa Murkowski, ancienne procureure, ne voit pas dans cet homme un candidat sérieux. Le représentant de l’Idaho au Congrès, Michael Keith Simpson, a exprimé sa surprise. “J'ai vraiment du mal à croire qu'il puisse passer le processus de confirmation du Sénat. On ne sait jamais.” À l’opposé, le président de la Chambre des représentants des États-Unis Mike Johnson a l’air convaincu par le profil, qu’il décrit comme “l’un des membres les plus intelligents” du Congrès et “un réformateur dans son esprit et dans son cœur”. Depuis dimanche, il bloque la publication d’un rapport parlementaire sur des agissements reprochés à Matt Gaetz, qui a démissionné de la Chambre des représentants juste après l’annonce de Donald Trump.
Côté démocrate, on souhaite que le Sénat puisse avoir accès à cette enquête pour valider ou non la nomination. C’est un des points noirs du curriculum vitae de Matt Gaetz : il traîne des casseroles judiciaires. L’ancien élu de Floride a été visé par une enquête lancée sur la base d’accusations de trafic sexuel concernant une adolescente de 17 ans. D’autres soupçons pèsent sur lui pour consommation illégale de stupéfiants, détournement de fonds de campagne et diverses fautes professionnelles.
Âgé de 42 ans, Matt Gaetz a été avocat, après des études de droit en 2007 à l'université William & Mary. Il s’en détourne rapidement pour la politique. Ce natif d’Hollywood se fait élire à la Chambre des représentants de Floride en 2010. Six ans plus tard, il accède à la Chambre des représentants des États-Unis, composante avec le Sénat, du Congrès des États-Unis. Ses détracteurs décrient son absence d’expérience en qualité de procureur. Classé à l’extrême droite de l’échiquier politique, Matt Gaetz est favorable à une baisse des dépenses gouvernementales et des impôts. Il s’oppose à l’avortement, défend le lobby des armes à feu et se proclame climatosceptique.
Pour épauler Matt Gaetz, Donald Trump a nommé trois de ses avocats (Todd Blanche, Emil Bove et John Sauer) qui le défendent dans ses affaires pénales. Le Sénat entérinera-t-il ce recrutement de la discorde ? Cela reste à voir.
Anne-Laure Blouin