Sophie Coin-Deleau et Jean-Marc Thomas (LexisNexis) : “Le temps, c’est la clef”

Décideurs. Comment se positionne aujourd’hui LexisNexis sur le marché de la legaltech ?

Sophie Coin-Deleau. Avocats, notaires, directeurs juridiques, secteur public et académique ou encore experts comptables… Nous travaillons avec l’ensemble des professionnels du droit et du chiffre en France et plus généralement en Europe occidentale, en Afrique et au Moyen-Orient.

Jean-Marc Thomas. Nous commercialisons deux grandes lignes de produits : le produit documentaire phare de la maison Lexis 360 et les logiciels de gestion que sont Lexis PolyOffice, à destination des cabinets d’avocats, et Lexis PolyActe qui s’adresse aux experts-comptables et aux juristes d’entreprise. Depuis 2012, nos offres sont conçues par métier pour correspondre aux attentes des professionnels concernés. En pratique, nous travaillons par marché et proposons à côté d’un socle identique plusieurs versions. Avec plus de 30 000 avocats utilisateurs, Lexis 360 Intelligence est la solution d’aide à la décision la plus utilisée en France. Nous sommes numéro un sur les marchés des avocats, des notaires et des magistrats. 

Plusieurs cabinets d’avocats se lancent dans le développement de solutions numériques. Comment appréhendez-vous ces initiatives ?

Sophie Coin-Deleau. Nous regardons de près ce qui se passe dans les cabinets d’avocats qui développent leurs propres outils. Certains attirent notre attention plus que d’autres. En 2022, nous avons intégré le logiciel de calcul d’indemnités de rupture de contrat de travail Jobexit à notre outil Lexis 360. Ce logiciel d’aide à la décision, issu de la collaboration entre l’avocat ­marseillais Jean Martinez et le data scientist cofondateur de Jobexit Éric de la Broise, permet de comparer différents scénarios de sortie.

"Avec plus de 30 000 avocats utilisateurs, Lexis 360 Intelligence est la solution d’aide à la décision la plus utilisée en France"

Nous sommes également en veille active sur le marché dans le cadre de notre politique d’acquisition. Après celle de Closd, plateforme collaborative de gestion de projets juridiques en 2021, nous avons réalisé en août ­dernier l’acquisition d’une autre pépite, Caselex, legaltech de niche elle aussi créée par un ancien avocat spécialisé en droit de la concurrence, permettant d’optimiser les opérations de M&A soumises au contrôle des concentrations, grâce à l’analyse des définitions de marchés au sein des décisions de près de 60 autorités de la concurrence dans le monde, et l’accès à l’intégralité de ces décisions en langue anglaise.

Jean-Marc Thomas. Nous avons toujours connu une concurrence importante sur la partie logiciel comme sur les métiers du droit, et ce, avant même l’arrivée des pure players de la legaltech. Notre point fort, c’est le contenu éditorial et l’analyse de la jurisprudence alliée à la technologie. Ne s’improvise pas éditeur ou intégrateur de solution qui veut. Nous savons que le succès d’un outil numérique nécessite des investissements conséquents au moment de la création mais aussi tout au long de la vie du produit. Plus de 1 000 ingénieurs travaillent au sein du groupe et notre budget de R&D représente chaque année 8 % de notre chiffre d’affaires.

"Nous regardons de près ce qui se passe dans les cabinets d’avocats qui développent leurs propres outils" 

Nous sommes très attentifs aux remontées de nos clients. Les nombreux feedbacks nous permettent d’améliorer la qualité de nos solutions, d’enrichir nos algorithmes. Le NPS (net promoter score) nous permet de mesurer régulièrement la satisfaction de nos clients. Nous travaillons au quotidien à la réalisation d’un objectif : faire gagner du temps à nos utilisateurs en apportant une information fiable et pertinente. L’algorithme doit permettre d’isoler les 4 ou 5 documents fondamentaux. Le temps, c’est la clef.