Damien Lanuza (risk manager chez Engie) : “L’assurabilité de certains risques est questionnée”

Damien Lanuza a grandi sur les bords du bassin d’Arcachon – et “c’est une petite fierté ” – dans une famille de professeurs. À table, on parle politique et il se passionne pour l’international. Pour ses études, c’est tout vu, il s’inscrira en droit des affaires internationales avec une spécialisation en politiques européennes et internationales. L’objectif ? Décrocher un poste de juriste dans une organisation internationale. Loin des fonctions de corporate risk and insurance manager chez Engie qu’il occupe aujourd’hui.

À côté de la fac, Damien Lanuza enchaîne les stages pour tout savoir de la loi. À l’Assemblée nationale, “pour découvrir comment elle est créée ”, dans un cabinet d’avocats “pour voir comment on la discute”, et à la Cour de cassation “pour observer comment on l’interprète”. L’étudiant laisse peu de place à l’imprévu. “Au début de ma carrière, je cherchais à tout contrôler et tout planifier”, confie-t-il. C’est au hasard d’un poste en Afrique qu’il met un pied dans le secteur de l’assurance et du risk management. Il postule à une annonce sur LinkedIn. “Deux entretiens téléphoniques très courts et quelques semaines plus tard, je me retrouve à conseiller le ministère de l’Énergie équato-guinéen” se souvient-il.

Avions et énergie

De retour en France, le juriste rejoint le département aviation d’AXA XL. Un joli clin d’œil du destin pour cet amateur de l’œuvre d’Antoine de Saint Exupéry. Là-bas, il apprend “tous les principes de base de l’assurance”. Quatre ans plus tard, Damien Lanuza s’envole vers de nouveaux horizons. “Chez les assureurs, il y a une forte spécialisation par secteur de risque et j’ai eu envie d’avoir une approche plus globale.” Alors, il délaisse les avions pour l’énergie et rejoint Total Eren pour y créer le poste de risk manager. Sacré challenge : il devient le spécialiste assurance et risk management de l’entreprise. Son appétence pour cette branche du risk management n’est pas sans lien avec un sujet qui le préoccupe, “comme tout le monde”. Le changement climatique s’infiltre dans son quotidien et pose des enjeux professionnels. “L’assurabilité de certains risques est questionnée et pousse les acteurs du risk management et de l’assurance à innover. ”

Curiosité bien placée

Damien Lanuza cultive sa curiosité. Pour preuve, il s’est lancé dans la rédaction d’une thèse sur l’assurance du risque aérien. “Je ne sais pas quand j’arriverai au bout de ce projet”, plaisante-t-il. Il admet être (“un peu”) perfectionniste. Pour le jeune homme, “construire sa légitimité professionnelle passe par beaucoup de travail et d’investissement”. Ce qui ne l’empêche pas de préserver sa vie personnelle. Damien Lazuna fait du sport régulièrement, va au cinéma chaque semaine (il a faible pour les réalisations d’Alejandro González Iñárritu) et ne refuse jamais un plateau de fruits de mer. S’il n’était pas risk manager, il se verrait bien restaurateur à Arcachon.

“Il faut apprendre à aimer et à gérer l’incertitude“

Pour l’heure, ce n’est pas au bord de l’eau que vous trouverez Damien Lanuza, mais à la direction risk, management et assurances d’Engie où, depuis début 2024, il a une approche des risques très axée sur les énergies renouvelables. “J’ai encore beaucoup de choses à apprendre. En rejoignant Engie, je souhaitais découvrir les outils que peut offrir une entreprise du CAC 40 à notre métier.” S’il est encore “trop tôt” pour faire un bilan de sa carrière, il y a bien quelque chose dont Damien Lanuza est fier : la bienveillance qu’il réussit à distiller dans ses relations professionnelles. Ce risk manager pas formaliste pour sou, a aussi appris à laisser place à la spontanéité. “Il faut apprendre à aimer et à gérer l’incertitude.“ Paroles de risk manager.

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Ilona Petit