Passionnée de propriété intellectuelle depuis sa première année de fac, tombée dans le droit social au début de sa carrière, Lauren Pariente a fait le choix de ne pas choisir. Elle fera les deux. Cofondatrice du cabinet Mandel Pariente Associés, elle poursuit sans fléchir une carrière à l’objectif clair : gagner.

"Pour rien au monde, je ne ferais un autre métier, tout me paraîtrait fade", affirme Lauren Pariente. Pourtant, avant d’entrer à Assas, elle voulait être journaliste. Sa première année de droit la convainc de deux choses : elle sera avocate, et c’est en propriété intellectuelle qu’elle exercera. Le déclencheur de ce désir ? Un stage dans un cabinet d’avocats doté d’une bibliothèque fournie en ouvrages de propriété intellectuelle et sa rencontre avec Isabelle Mandel, son mentor.

Esprit affûté, regard acéré

"Mes premières plaidoiries, c’était aux prud’hommes", se souvient Lauren Pariente. Après un DESS en propriété intellectuelle et un DEA en droit civil et commercial passé en parallèle de l’EFB, elle intègre le cabinet Mandel Mergui… en droit social. Pendant trois ans, elle arpente les salles du Conseil des prud’hommes. C’est ce qui lui apprend à avoir un vrai sens de la répartie. Ce n’est qu’ensuite qu’elle commence à se charger de dossiers de droit des marques. Après six ans au sein du cabinet, elle décide de fonder avec Isabelle Mandel, qui lui a tout appris, sa propre boutique spécialisée en propriété intellectuelle… et en droit social. Une combinaison atypique. Néanmoins nécessaire pour Lauren Pariente : faire du droit social lui permet de garder les pieds sur terre. Pas question de s’en défaire, donc. Le conseil est complexe, le contentieux factuel, la matière nécessite une mise à jour constante des connaissances. Un défi sans cesse renouvelé. Faire du droit social lui permet également de perfectionner son art de la plaidoirie, l’exercice étant de mise aux prud’hommes.

Elle peut s’occuper de semelles de chaussure un jour et d’armes à feu le lendemain

Au hasard d’une soirée dans un restaurant, celle qui aime Rothko et Othoniel peut laisser traîner son regard sur les murs et se rendre compte que le motif du papier peint ressemble beaucoup à celui qui l’occupe dans une affaire en cours ; et d’en faire une photo pour l’apporter au dossier. La propriété intellectuelle ? Sa passion première. Et elle ne s’est pas estompée avec le temps. Ce que Lauren Pariente adore avec ce métier et cette matière, c’est l’absence de routine. Elle ne traite pas deux dossiers identiques. Elle peut s’occuper de semelles de chaussure un jour et d’armes à feu le lendemain. Ce qui nécessite créativité et réactivité lorsqu’on est en demande. D’être imaginatif et un brin fouineur, pour "trouver la faille", lorsqu’on est en défense. C’est pour cela qu’aucune affaire n’a plus d’importance qu’une autre à ses yeux, quand bien même elle privilégie celles ayant un petit côté "mission impossible". Elle confesse que son péché mignon ce sont les dossiers qui partent perdants. Ce qui est souvent le cas en PI où rien n’est gagné d’avance. "On peut faire confiance à notre adversaire pour trouver des éléments hallucinants dans un dossier", s’amuse Lauren Pariente. Sur ce plan, elle n’est pas en reste. Au jeu des 7 différences, l’avocate serait imbattable, habituée qu’elle est à étaler sur la table de réunion du cabinet les logos, signes et dessins qu’elle doit analyser dans les moindres détails pour traiter ses dossiers. À ceux qui pourraient penser que la propriété intellectuelle est "amusante", elle prévient : "La PI a un aspect ludique alors que c’est en réalité une matière très pointue et technique." Et surtout avec des enjeux tels qu’elle en perd souvent le sommeil.

Visite royale

Il arrive parfois qu’elle soit plus heureuse que son client d’avoir (con)vaincu. Il faut dire qu’elle y met toute sa personne. Car Lauren Pariente, comme au squash et au tennis qu’elle pratique assidûment, se bat pour gagner. Pour elle, en audience, tous les coups sont permis. Il faut savoir les rendre, ce qu’elle fait avec rigueur et une humeur toujours égale. Parfois au grand dam de ses adversaires agacés par son calme olympien cachant son impitoyabilité.  

Sa passion pour l’avocature ne s’arrête pas aux portes de son cabinet ou du tribunal. Lauren Pariente enseigne aux futurs avocats : elle intervient à l’EFB deux fois par an et y est membre référent pour les stages. Elle aime accompagner les étudiants, les conseiller sur le métier mais aussi sur la vie d’un avocat en dehors de sa profession. D’ailleurs, elle commence très tôt à encourager et surtout susciter des vocations. Le temps fort de l’année scolaire de ses enfants ? Une sortie de classe au palais de justice : "Une véritable visite royale", organisée par ses soins (et ceux de l’institutrice) sous les yeux éblouis des écoliers. Qui sait, peut-être que dans dix-huit ans, l’un d’entre dira que c’est la mère avocate d’un camarade qui lui a montré la voie.

En tout cas, pour Lauren Pariente, dix-huit ans après sa prestation de serment, le constat est limpide. Elle souhaite rester avocate tout le reste sa vie. Sa fougue est intacte, pour rien au monde elle ferait un autre métier. Sa robe elle la porte aussi en hommage à ce grand-père avocat lui aussi, à qui on a retiré le droit d’exercer à cause de sa religion pendant la seconde guerre mondiale. Soixante-dix ans plus tard, il y bien un maître Pariente. Et puis l’on croise son modèle et associée Isabelle Mandel dans les couloirs du palais depuis trente-neuf ans. Il n’y a aucune raison qu’il n’en soit pas de même pour elle. 

Chloé Lassel

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