Si la musique adoucit les mœurs, elle rend aussi la vie de Claire Prugnier rock’n’roll. Pour l’avocate, les journées défilent au rythme des synthétiseurs.

"Plus jeune, j’avais une grande passion pour les concerts", confie Claire Prugnier, assise paisiblement dans l’un des fauteuils de la salle intérieure du café Marly. De ce point de vue, difficile d’imaginer cette force tranquille se défouler sur du rock’n’roll. Patti Smith, R.E.M ou Pete Doherty ont marqué ses années lycée… Et bien plus encore.

Suivre le rythme

Du plus loin qu’elle se souvienne, Claire Prugnier a toujours "passé du temps avec des gens qui faisaient de la musique". À l’adolescence, elle est "fan de rock" anglais et américain. Après les cours, les vibrations des discothèques rythment ses nuits. La chanson française la rattrape aujourd’hui, en témoigne son goût pour les titres de Juliette Armanet.

"L'algorithme de mon compte Spotify est un peu désorienté, il pense que j’adore la musique électronique", sourit Claire Prugnier. Les multiples DJ et vedettes de musique électronique qu’elle assiste ont biaisé les styles que la plateforme de streaming lui prête. Une énergie éclectique que l’on retrouve également dans ses locaux où "les murs sont recouverts de disques d’or et de livres sur Ibiza en clin d’œil aux DJ que j’accompagne". Pour autant, les "artistes reconnus" qu’elle côtoie ne l’empêchent pas de rester connectée à la réalité : "Quand ils sont renommés, ils ne prennent pas forcément le temps de répondre aux messages, ça aide à garder les pieds sur terre", juge-t-elle.

"Si vous parlez avec ma mère, elle vous dira que je rêvais de défendre les artistes depuis mon plus jeune âge"  

"À 7 ans, je voulais devenir juge pour enfant, se souvient-elle. Je détestais l’injustice et j’avais cette envie irrépressible de défendre les plus faibles." En grandissant, son amour pour la musique l’anime, quitte à troubler les souvenirs familiaux. "Si vous parlez avec ma mère, elle vous dira que je rêvais de défendre les artistes depuis mon plus jeune âge." Les cours magistraux à l’université Paris-Panthéon-Assas succèdent aux périodes de stage, dont une dans une salle de spectacles dont les soirées "gay-friendly" teintent son expérience d’une touche pittoresque. Au moment de réaliser son troisième cycle, elle choisit un cursus à Poitiers, "le seul qui permettait d’accéder au programme d’échange universitaire Erasmus en lien avec la propriété intellectuelle et le droit des médias". Seul hic, le voyage lui est injustement refusé. En guise de "toute première plaidoirie", elle met toute son énergie à "négocier [son] départ". Cette année-là, elle partira à Liverpool.

Claire Prugnier connaît la chanson, défendre les autres et transmettre ses savoirs font partie des choses qu’elle maîtrise le mieux. Au sein de son cabinet, elle lègue à son équipe sa compréhension et sa passion de la musique et de l’industrie musicale, lors d’échanges où la "curiosité" et l’écoute ont toute leur place.

C’est écrit

Si Claire Prugnier sait être féroce en négociation, elle est également en mesure de faire vibrer sa corde sensible. Parmi ses différentes implications, des projets innovants tels que des "concerts interactifs en période de confinement" et l’intégration "de NFT et de l’intelligence artificielle" dans des œuvres. "Des sujets plus stimulants les uns que les autres", conclut-elle.

Dans la violence du métier, Claire Prugnier s’orchestre des temps de calme. Les séances de yoga quotidiennes et les sessions de golf entre amis lui offrent notamment des moments de sérénité. Elle donne le ton : "Frapper dans la balle, ça, c’est quelque chose qui me défoule." Loin des contrats, des percussions, des basses et des synthétiseurs, les grands espaces garantissent une forme de quiétude. Pour en arriver à cet accomplissement professionnel, il a fallu travailler plus que de raison. Et pourtant, aux yeux de Claire Prugnier, rien n’est tortueux ni complexe. Mais simple et spontané. L’avocate estime ainsi qu’il est inutile de "faire trop de plans". Outre le travail et les "concours de circonstances", peut-être que ses succès étaient écrits. Selon sa philosophie, "les choses se déroulent presque toujours naturellement". Comme si réfléchir en termes d’objectifs était moins important qu’avancer "étape par étape". Sans aller plus vite que la musique… et en suivant sa mesure.

Léa Pierre-Joseph

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