La vie semble sourire à Diane Hervey-Chupin. Avocate en droit pénal des affaires depuis dix ans, l’associée de Solferino fait le tour des juridictions de France et de Navarre avec, dans ses bagages, une positivé constante, un attachement viscéral à la déontologie et des convictions féministes sans faille.

Diane Hervey-Chupin a grandi dans les années quatre-vingt-dix dans un "tout petit village de 400 habitants" en Charente maritime. Après l’école, elle allait voir les chèvres, les chiens, les poules et les vaches dans le champ au bout de la maison. Une "parenthèse dans la vie" de ses parents, des "bobos avant l’heure", qui ont un jour décidé de quitter Paris pour fonder un chenil à la campagne, raconte-t-elle dans un restaurant parisien qui jouxte l’église Saint Augustin. L’idylle n’a pas duré et la famille s’installe à Bordeaux où la jeune Diane Hervey-Chupin commence ses études de droit. Selon la légende familiale, la petite-fille voulait devenir fleuriste, mais l’histoire retiendra que son intérêt pour le droit date du lycée.

Galette des Rois

À la fac, elle a "l’impression de comprendre les règles de la société". Et s’étonne que la matière ne soit pas enseignée à tous, quand on lui demande si "signer un bout de papier" c’est un contrat. Le choix du pénal se fait sans tergiversions, dès la deuxième année de licence. En troisième année, la chance frappe à la porte. C’est son voisin d’immeuble qui la convie à une galette des Rois. Il est avocat et associé avec Henri Leclerc. L’apprentie juriste décroche un stage chez un des meilleurs pénalistes du barreau français. "Commencez par un stage aussi flamboyant, et vous êtes convaincu pour toute la vie." Un double master en droit et gestion à Dauphine et un master 2 de droit pénal financier de l’université de Cergy-Pontoise plus tard, elle passe le barreau, avec succès. L’avocate de 35 ans garde un souvenir heureux de sa prestation de serment devant la cour d’appel, marquée par "le cérémonial" de l’entrée dans la profession. Elle cumule déjà quelques stages dans des lieux de choix : Jeantet, Veil Jourde, l’Autorité des marchés financiers... L'élégante Diane Hervey-Chupin n’a pas de doute. "Je savais que j’étais dans la bonne direction."

Bonne étoile

L’avocate avance tout droit et droit dans ses bottes. Convaincue qu’"un avocat doit être irréprochable et jouer fairplay vis-à-vis de ses clients", l’associée de Solferino accorde une haute importance à la déontologie, au respect des règles sur les conflits d’intérêts et du secret professionnel. Entre deux bouchées de tartine, elle se rappelle cette statue de mains, symbole du secret, une reproduction de Rodin offerte par ses parents.  Elle répète souvent les mots : "J’ai eu de la chance dans la vie", comme pour exprimer sa reconnaissance d’être née sous une bonne étoile. Diane Hervey-Chupin n’est pas une personne qui se laisse vivre, elle essaie de "cultiver la joie de vivre", d’être positive et de voir le bon côté des gens. Pour elle, les avocats adversaires devraient boire des cafés après les audiences malgré les antagonismes de leurs clients. "Les avocats sont des garde-fous."

"Chaque nouveau dossier est un nouveau morceau de vie, un nouveau monde professionnel et une nouvelle région à découvrir"

Les audiences, elle adore. Elle plaide chaque dossier comme si c’était le dernier et noircit des feuilles dans le train pour se préparer. Elle aime plaider en province, ce qu’elle surnomme le "tourisme judiciaire". L’occasion par exemple de manger des pâtes au homard sur le vieux port de Bastia avec le confrère qu’elle affrontera à l’audience après le déjeuner. Avec ce "tour de France des juridictions" – un objectif –, l’avocate se régale : "Chaque nouveau dossier est un nouveau morceau de vie, un nouveau monde professionnel et une nouvelle région à découvrir." Pour le travail ou pour le plaisir, cette férue de voyages parcourt l’Hexagone. Avec son époux, elle a déjà visité 30 des 160 bourgs classés par l’association des plus beaux villages de France. Une façon de voyager sans alourdir le bilan carbone. Autre échappatoire de l’avocate : ses enfants. Ils sont son "euphorisant naturel". La jeune maman se réjouit de "ne pas avoir à choisir en 2023" tout en ayant conscience de faire partie d’un "cabinet humainement exceptionnel". Sa bonne fortune n’aveugle pas cette femme qui se revendique féministe, parce que "ce n’est pas un gros mot". Du haut de ces chaussures à bouts pointus, Diane Hervey-Chupin ne partage pas l’avis de certaines consœurs, lesquelles se reposent sur les acquis féministes des anciennes générations de militantes. Parce qu’elles sont avocates et bien rémunérées. Elle nuance : "On est dans un milieu privilégié d’avocats parisiens.” Et ajoute : “Nous sommes la troisième génération de combats qui portent sur l’égalité, la charge mentale et la maternité." 

Catherine et Marcel

À sa façon, elle lutte pour la condition des femmes, à travers une activité pro bono d’assistance à des femmes victimes de violences sexuelles et sexistes. Elle accompagne des filles brisées par l’industrie pornographique. Un "fleuron de l’industrie française" lâche-t-elle, cynique, faisant référence à l’affaire tristement célèbre de proxénétisme French Bukkake. Les heures passées sur ces dossiers sordides lui confèrent un sentiment d’utilité sociale sans commune mesure. "Ça évite la crise de sens." Toutefois, le sens ne semble pas manquer dans le quotidien de l’avocate. Diane Hervey-Chupin ne se considère pas comme une "prestataire interchangeable". "On accompagne les clients dans les pires moments de leur vie", affirme-t-elle avant d’évoquer le cas de clients élus locaux accusés d’atteinte à la probité. Certaines accusations touchent la jeune femme. Aussi parce qu’"on entre un peu dans l’intimité des gens". Cette admiratrice de Catherine Deneuve et de Marcel Proust confie avec amusement : "Certaines mauvaises langues disent que j’ai le sanglot un peu facile." Aux autres (vraies) mauvaises langues, celles qui peuvent lui reprocher sa jeunesse, elle rétorque que ce qui est "génial" avec le métier d’avocat c’est que plus on vieillit, meilleur on est. "Chaque ride au coin des yeux, chaque cheveu blanc nous aident." Les tartines sont avalées et un train pour Nice attend Diane Hervey-Chupin. Direction le Sud pour sa prochaine plaidoirie.

Anne-Laure Blouin

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