Anne-Charlotte Le Bihan qui avait choisi le droit pour devenir commissaire-priseur exerce finalement depuis une décennie au sein du département propriété intellectuelle de Bird & Bird, en contentieux des brevets. Et se nourrit de ses rencontres avec clients, chimistes, physiciens, ingénieurs pour comprendre le monde de demain.

L’avocature, une évidence ? Pas pour Anne-Charlotte Le Bihan qui se voyait commissaire-priseur et s’est essayée à la production cinématographique dans ses jeunes années. La propriété intellectuelle n’est, en revanche, pas un choix surprenant. L’avocate s’est orientée vers ce qui est devenu son domaine de prédilection pour "sa connexion avec le monde de l’art". Elle n’avait cependant pas imaginé plonger dans l’univers des brevets. Fille d’une femme haut fonctionnaire d’origine corse qui travaille et voyage, Anne-Charlotte Le Bihan suit l’exemple. Comme les voyages forment la jeunesse, l’avocate fera un séjour de plusieurs mois en Argentine, pour y effectuer des stages, et un autre à New York où elle occupera un poste opérationnel d’assistante de production pour une société de films documentaires sur des enjeux sociaux aux États-Unis, "une expérience passionnante, mais loin de ce je cherchais sur le plan intellectuel", analyse-t-elle. Dotée de nerfs olfactifs très développés, elle a aussi envisagé d’être "nez", pour "voyager à travers les odeurs et les goûts". Le nôtre reconnaît les notes d’Escale à Portofino de Dior qui flottent dans l’air tandis qu’Anne-charlotte Le Bihan nous glisse qu’elle n’exclut pas l’idée de reprendre un DU de chimie, un jour, peut-être…

Monde de demain

En définitive, c’est la robe qu’elle portera, après avoir obtenu le prestigieux DEA en propriété littéraire, artistique et industrielle dirigé par Pierre-Yves Gautier à Assas, un diplôme qu’elle préfère à l’époque à un projet de voyage en Amérique latine. Après un stage en droit des marques auprès d’Emmanuel Baud chez Stibbe, devenu Latham & Watkins, la jeune avocat "traverse la Seine tel maître corbeau flatté" pour rejoindre Gide. Elle y passe dix années à travailler sur des brevets. Un domaine qui ne l’a jamais déçue et dans lequel elle s’épanouit pleinement. Quand Anne-Charlotte Le Bihan débute, les juristes qui font du droit de la propriété intellectuelle sont vus comme des "originaux". Mais "ils étaient plutôt visionnaires : aujourd’hui l’immatériel est partout". À cette époque, elle est encore une "fourmi chercheuse", qui étudie tout à fond, dans les moindres recoins. Devenue "grand angle", Anne-Charlotte se consacre à son métier avec le recul qu’offrent les années qui passent, mais avoue trembler avant chaque rendu de décision. "Un avocat contentieux ne dira jamais qu’il n’a pas peur."

 “Rencontrer des ingénieurs, des physiciens, des chimistes qui expliquent comment ils vont changer le monde de demain."  

Peur qui s’envole au moment de la plaidoirie, un exercice qu’elle apprécie et maîtrise, et qui ne laisse aucune place à l’improvisation. Les félicitations d’un magistrat à la fin de sa première plaidoirie au fond en matière de brevets l’ont encouragée, notamment à passer le cap et se projeter comme associée. Mais ce dont Anne-Charlotte Le Bihan est la plus fière, c’est de son équipe. Elle aime "le travail collectif" et affirme être là où elle est aujourd’hui grâce à toutes les personnes avec qui elle a pu travailler. Grâce, aussi, à sa réelle appétence pour une "matière excitante intellectuellement avec des enjeux passionnants". Anne-Charlotte Le Bihan aime en effet "être au cœur du réacteur de la plupart des business de ses clients. Rencontrer des ingénieurs, des physiciens, des chimistes qui expliquent comment ils vont changer le monde de demain." 

BlackBerry, la liberté

Sous la robe, il y a la mère. Anne-Charlotte Le Bihan n’a jamais envisagé de devoir choisir entre fonder une famille et exercer son métier. Elle voulait "des enfants et les avoir jeune". Celle qui prend le parti de commencer chaque journée avec le sourire, parce que "la vie est plus douce quand on sourit", a trois enfants et en tire une grande richesse. L’avocat admire sa fille aînée qui veut construire des bateaux à hydrogène, fait partie d’un groupe de rock et ne se pose pas la question d’entrer ou non dans le moule. "Le champ des possibles est plus large qu’à mon époque. Il y a plus de liberté. Mais la liberté est la pire des contraintes, qui peut être difficile à gérer pour les jeunes d’aujourd’hui." Sa liberté à elle, elle dit l’avoir gagnée avec son premier BlackBerry. Il lui avait permis "d’être disponible partout, tout le temps". Avec sa "vision libérée" du travail, Anne-Charlotte Le Bihan a pu tout mener de front. Délivrer un service de qualité à ses clients, éduquer ses enfants, leur transmettre son amour pour sa profession, se détendre pendant une course à pied ou devant Cinéma Paradiso – elle adore la Sicile. Pour la suite, Anne-Charlotte Le Bihan espère exercer son métier de façon plus mûre qu’à l’époque où elle a commencé. Être "plus sage" tout simplement.

Anne-Laure Blouin

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