Avec l’arrivée début septembre d’Uriel Goldberg, expert judiciaire et ancien expert au sein du Parquet national financier, Finexsi se renforce en forensic. Uriel Goldberg et Vincent Collot, associé et depuis quinze ans chez Finexsi, reviennent pour Décideurs sur la stratégie du cabinet et les tendances 2024 du secteur.
DÉCIDEURS À URIEL GOLDBERG. Vous avez rejoint Finexsi en septembre 2024 pour développer l’activité forensic, quel est votre parcours ?

 

Uriel Goldberg. J’ai commencé ma carrière comme auditeur financier chez Arthur Andersen. J’ai ensuite travaillé dix ans au sein de directions financières dans le privé et dans l’administration de la culture. En 2015, j’ai rejoint le Parquet national financier en tant qu’expert en matière comptable et financière. J’y ai travaillé six ans, principalement sur les affaires d’atteinte à la probité. Au cours de cette période, deux étapes se sont succédé. La première avant la loi Sapin 2, où j’ai assisté les magistrats dans la direction d’enquêtes financières. La seconde, à partir de cette loi et de l’arrivée de la CJIP, qui a vu mes missions évoluer. Le PNF n’avait pas encore édité de lignes directrices. Mon rôle a donc été de participer à la création d’une doctrine en matière de calcul de l’amende en particulier et d’éclairer les parquetiers afin qu’ils disposent des informations nécessaires dans le cadre de la négociation d’une CJIP, le montant de l’amende étant évalué en fonction de l’avantage retiré des manquements susceptibles d’avoir été commis, de la gravité des faits et du niveau de coopération de la société mise en cause.

 

Après votre passage au PNF, quels types de missions avez-vous réalisés ?
Uriel Goldberg. Après six ans au sein du PNF, j’ai rejoint le cabinet de Forensic FRA pendant trois ans. Mon rôle était proche de celui que j’avais auprès des magistrats, mais je l’exerçais désormais pour les avocats et leurs clients : établir les faits et anticiper, grâce à ma connaissance du monde judiciaire, les attentes du PNF en matière d’enquête interne. Je suis également devenu expert judiciaire en transactions financières internationales.

 

"Des comportements ou des situations qui pouvaient être tolérés hier ne le sont plus aujourd'hui"

Uriel Goldberg

Une affaire vous a-t-elle marqué en particulier ?

 

Uriel Goldberg. L’affaire Airbus, sans aucun doute. Une affaire d’ampleur qui a fait travailler ensemble le PNF, le DoJ et le SFO avec, à l’arrivée, une amende totale de 3,6 milliards d’euros. L’implication d’Airbus en matière d’enquête interne, en particulier, a été considérable et a duré trois ans. Mais sans la CJIP, les procédures auraient pris considérablement plus de temps.

 

Quelles tendances observez-vous sur le secteur du forensic et de la compliance cette année ?

 

Uriel Goldberg. Un développement des missions préjudiciaires, notamment depuis la réglementation sur les lanceurs d’alerte. L’objectif de ces missions ? Établir si les faits allégués sont avérés. Sur un temps plus long, on est passé d’un paradigme à un autre avec la compliance. D’une attitude consistant à ne pas forcément vouloir être au courant d’un cas de fraude, afin d’être potentiellement à même de porter plainte lorsque la machine judiciaire se met en marche, on est passé à un comportement d’anticipation des risques de fraudes. Aujourd’hui, lorsque les indicateurs d’alerte s’allument, il est indispensable d’avoir, au préalable, identifié des avocats et des experts financiers spécialisés en enquêtes internes, afin de pouvoir alors les saisir le plus en amont possible.
En termes d’évolution, un parallèle peut être fait avec ce que l’on a constaté, au cours des dernières années, en matière de harcèlement, où la culture du "ne pas faire de vagues" est en passe d’être révolue. Pendant longtemps, on licenciait ou inquiétait non pas le dirigeant ou le manager délinquant, mais les victimes. Maintenant, les victimes sont écoutées. Les entreprises cherchent à éviter que les faits surviennent et mènent des enquêtes pour savoir, en cas de soupçons, s’ils sont avérés. Il est survenu la même chose en matière d’anticorruption et d’antifraude. Des comportements ou des situations qui pouvaient être tolérés hier ne le sont plus aujourd’hui.

 

"Je pense que la justice négociée a fait ses preuves"

Uriel Goldberg

Venue du monde anglo-saxon, la justice négociée est souvent présentée en France comme une évolution bénéfique. Or, les entreprises anglo-saxonnes ne sont pas réputées pour être moins corrompues ou plus vertueuses ? Qu’est-ce que la justice négociée a apporté aux entreprises françaises ? A-t-elle un réel impact ?

 

Uriel Goldberg. Je pense que la justice négociée a fait ses preuves. Elle a réduit la durée et l’incertitude liées à l’enquête judiciaire, ce qui est bénéfique, à mes yeux, pour les entreprises et la société dans son ensemble. Malgré tout, il ne faut pas strictement calquer le système anglo-saxon sur le système français parce que leurs cadres normatifs et culturels sont différents. Il faut trouver un mode d’application vertueux. D’ailleurs, les lignes directrices du PNF diffèrent fortement des guidelines américaines. La formalisation des CJIP également diffère de celle des DPA. La CJIP d’Airbus fait 22 pages quand une convention similaire aux États-Unis en ferait une centaine. La place faite au calcul de l’amende et à la description des faits est, dans le monde anglo-saxon, plus importante.

 

Pourquoi Finexsi a-t-il choisi de se développer dans le domaine du forensic ?

 

Vincent Collot. Pour rappel, Finexsi accompagne ses clients dans la résolution de situations complexes requérant la mise en commun et la synergie d’expertises à la fois financières, juridiques et comptables face à différentes situations : opérations de marché, transactions, contentieux, fraude, restructuring, concurrence, etc. Compte tenu des évolutions des problématiques de nos clients et du besoin croissant de spécialisation, Finexsi a choisi d’accélérer son développement dans ses différents domaines d’expertise. Avec l’arrivée d’Uriel Goldberg, le cabinet choisit de développer sa practice forensic. En effet, Finexsi est intervenue au cours des dernières années sur plusieurs missions significatives (soupçons de fraude ou fraudes avérées, CJIP) et a su démontrer son expertise pour ce type de missions.

 

 

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