Arnaud Raimon (Alienor Capital) : "L’intérêt des investisseurs se porte davantage sur le crédit corporate"
Décideurs. Quel état des lieux faitesvous du marché ?
Arnaud Raimon. Le regain d’intérêt pour les placements obligataires est indéniable. Cependant, les taux d’emprunt d’État, comme le taux swap à cinq ans à 2,4 %, restent bas et n’ont pas vocation à diminuer davantage à court terme. L’intérêt des investisseurs se porte davantage sur le crédit corporate, où les taux oscillent entre 3,5 % et 6 %, selon la qualité de crédit. Ces niveaux, bien que modérés, restent attractifs.
Quelles stratégies séduisent actuellement vos clients ?
Les stratégies passives, comme le « buy and hold », ont dominé cette année avec des fonds à échéance tels qu’Investcore 2028. Aujourd’hui, l’intérêt des investisseurs porte sur des stratégies actives, permettant une gestion plus dynamique et opportuniste. Par exemple, notre fonds Investcore Bond Opportunities répond à cette demande croissante pour des approches flexibles.
Sur quels critères sélectionnez-vous les titres en portefeuille ?
La solvabilité des emprunteurs est clé, renforcée par des éléments de réassurance comme des garanties implicites, des actionnaires puissants ou encore une récurrence de cash-flows. Le secteur d’activité importe peu ; ce qui prime, c’est l’analyse approfondie des risques et du rendement.
Pourquoi intégrer une poche obligataire au sein de son allocation globale ? y
Principalement pour son rendement attractif. Avec des politiques monétaires moins rémunératrices, l’obligataire offre une solution à faible risque, mais performante, particulièrement en période d’incertitude sur les marchés actions.
Pensez-vous que cet intérêt persistera en 2025 ?
Cela devrait se maintenir, notamment pour remplir une poche à faible risque dans les portefeuilles. À l’inverse, le marché actions reste plus complexe, entre valorisations parfois tendues et faible croissance économique.
L’environnement géopolitique tendu pourrait influencer votre stratégie de gestion ?
La future politique économique aux États-Unis pourrait soutenir la croissance et le marché obligataire, mais au prix d’une inflation accrue poussant les taux à la hausse. En Europe, cela pourrait freiner l’activité économique, favorisant des baisses de taux courts.
Identifiez-vous de nouvelles opportunités d’investissements ?
Nous voyons une rotation s’opérer en faveur des actions dites "value", ce qui pourrait profiter aussi aux small caps et aux mid caps.
Propos recueillis par Marine Fleury