Bousculés par un contexte de taux élevés et d’inflation, les marchés n’ont laissé aucun répit aux gérants de la place. Alexandre Ortis, responsable distribution France chez Amplegest, revient sur la stratégie de gestion de la société et leurs prévisions.
Décideurs. Comment avez-vous vécu l’année 2023 ?
Alexandre Ortis. À la suite de la fusion entre Invest AM et Amplegest en juin 2022, la société de gestion regroupe désormais trois grandes expertises de marché : la gamme actions, qui se portent bien depuis le début de l’année, l’obligataire, comptant un encours total de 633 millions d’euros au 30 juin 2023 et la gestion diversifiée "Global Macro" représentée par la gamme Latitude.
 
Vous avez changé d’équipe de gestion, quelles en sont les conséquences ?
Les fonds diversifiés de la gamme Latitude ont évolué par rapport à ce que nos partenaires connaissaient. L’ADN de ces trois fonds est inchangé puisqu’ils peuvent toujours investir sur toutes les zones géographiques, tous les secteurs et un large panel de devises, sans biais structurel. Nous valorisons une vision agnostique dans la gestion de nos portefeuilles, avec des allocations qui évoluent en fonction des anticipations macroéconomiques des équipes de gestion mais aussi en fonction de critères quantitatifs qui apportent de la robustesse à notre approche. Ainsi, nos scénarios macroéconomiques sont systématiquement complétés par des signaux de tendances et encadrés par des budgets de risque stricts. Cela permet à long terme de maintenir un profil cohérent pour les fonds quelles que soient les conditions de marché.
 
Cette gamme répond-elle à vos convictions en termes de finance responsable ?
Nous allons implémenter des critères ESG à cette gamme. Historiquement classée article 6 selon la réglementation SFDR, elle évoluera vers l’article 8 prochainement. Nous envisageons d’ailleurs de faire évoluer le fonds le plus dynamique, Latitude Croissance, vers une classification article 9 avec une gestion à impact environnemental.
 
La réglementation "value for money" vous a-t-elle impacté ?
Nous avons décidé de réduire considérablement l’investissement en OPC pour pouvoir investir directement en titres vifs. De ce fait, les frais indirects vont baisser sensiblement et nous serons également plus sélectifs et différenciants dans nos allocations. Cela témoigne aussi concrètement de l’évolution de la gestion de ces fonds.
 
Quel est l’avantage d’implémenter des fonds diversifiés au sein de son allocation ?
Les fonds diversifiés ont l’avantage de pouvoir capter de la valeur sur toutes les classes d’actifs. Certes, ils ont été chahutés et n’ont peut-être pas toujours su tenir leur rôle de protecteurs face aux baisses de marchés dans le contexte du choc obligataire de 2022 et de la hausse des taux de 2023. Cependant, la forte corrélation entre les marchés d’actions et de taux qui a été néfaste pour beaucoup de fonds diversifiés devrait se normaliser au fur et à mesure que la dynamique de croissance mondiale, et en particulier américaine, va ralentir au cours des prochains trimestres. Ces fonds redeviennent donc très pertinents au sein d’une allocation globale.

 

"Nous avons décidé de réduire considérablement l’investissement en OPC et d’investir directement en titres vifs afin d’être sélectifs et différenciants dans nos allocations"

Ils vont très certainement retrouver de l’intérêt chez les investisseurs grâce à la reconstitution de tous leurs moteurs de performance pour les années à venir. La prime de rendement des marchés obligataires est reconstituée et certains secteurs et zones géographiques des marchés actions sont particulièrement attrayants. Dans ce contexte, nos gérants bénéficient de tous les outils pour générer de belles performances. Et même si les incertitudes macroéconomiques et géopolitiques restent élevées, ces fonds flexibles permettent de s’adapter et de valoriser les zones ou les actifs les plus attrayants.

 
Vous nous aviez confié l’année dernière que 2023 serait l’année de l’obligataire, qu’en est-il de 2024 ?
Nous pensons que l’obligataire continuera à être une stratégie pertinente en 2024, tout comme le seront les fonds à échéance. De nombreux opérateurs parlent d’une potentielle baisse de taux, ce qui n’est pas en totale adéquation avec le discours des banques centrales. Ces dernières restent concentrées sur la baisse durable de l’inflation notamment via la réduction de la taille de leurs bilans. Cela signifie qu’elles n’injecteront pas de liquidité dans de nouveaux papiers. Dans un contexte où les déficits publics et les besoins de financement sont historiquement élevés, et même si l’inflation est peut-être arrivée à un plateau, un nouveau cycle de taux élevés s’ouvre certainement.

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