Ce jeudi 25 avril, L’Autre cercle et l’Ifop publiaient la quatrième édition de leur baromètre sur l’inclusion des personnes LGBT+ au travail. Si la France fait aujourd’hui partie des pays les plus progressistes en la matière, certaines zones d’ombre persistent.
Inclusion des personnes LGBT+ au travail : malgré un environnement ''progressiste'', des discriminations persistent
La communauté LGBT+ est-elle bien intégrée dans les entreprises françaises ? L’étude de L’Autre cercle, réalisée auprès du plus large échantillon national d’employés LGBT+ jamais sondé, vise à sensibiliser et mettre en lumière l’évolution du traitement de ces employés.
La visibilité des personnes LGBT+ a augmenté de 10 points ces six dernières années : s'ils étaient 50% en 2018 à considérer être visibles auprès de leurs collègues, ils sont aujourd'hui 60% (6 personnes sur 10). En revanche, seulement une personne sur deux considère l’être auprès de sa hiérarchie. Un écart dû à un manque de communication entre les différentes strates de l’entreprise. La preuve qu'il existe encore des motifs de discriminations professionnelles auxquelles se heurtent les personnes transgenres et non-binaires.
Trois personnes LGBT+ sur dix, insultées au travail
Depuis 2003, les discriminations fondées sur l’orientation sexuelle sur le lieu de travail sont illégales en Europe. Ce quatrième baromètre note une évolution positive dans l’ensemble, même s’il déplore la persistance de certains comportements : plus de la moitié des personnes LGBT+ (53%) déclaraient avoir entendu des expressions LGBTphobes. Celles-ci prennent souvent la forme d’insultes, comme ''enculé'' pour 45 %, ''gouine'' (32 %), ou encore ''travelo'' (29 %). Ils sont 28% à être visés par des agressions au travail. Au-delà du problème qu’elles représentent, c’est l’absence de réaction à ces agressions qui préoccupe : quatre employés LGBT+ victimes d’attaques verbales sur dix (39 %) n’en parlent pas.
Un sentiment de malaise persiste pour beaucoup des sondés. Nombre d’entre eux constatent que leur orientation sexuelle entraîne des inégalités de traitement, notamment en ce qui concerne le déroulement de leur carrière (pour 34 %). Plus d’un tiers des sondés (37 %) déclare avoir subi au moins une agression au travail, soit 9 points de plus que l’ensemble de la population active française.
Les transgenres et les non-binaires davantage stigmatisées
Au sein des équipes, les collègues doivent faire preuve de vigilance pour éviter les actes transphobes : si 6 % des personnes disent se sentir mal à l’aise à l’annonce du coming out d’un de leurs collègues, cette proportion devient plus préoccupante dans le cas d’un coming out transgenre (21 %) ou non-binaire (16 %).
L’Autre cercle exprime de manière claire son inquiétude : ''La question des transidentités et des non-binarités est aujourd’hui attaquée.''
La France globalement plus inclusive
Grâce à l’évolution des mentalités et l’instauration de dispositifs anti-discriminations, le tabou sur la condition des LGBT+ se lève et le climat au travail n’a, selon L’Autre cercle, ''jamais été aussi progressiste''. Ainsi, 77 % des salariés considèrent leur organisation bienveillante à l’égard de la communauté LGBT+ et neuf employés français sur dix se déclarent favorables à l’accès aux droits parentaux pour leurs collègues ayant eu un enfant grâce à une GPA*.
De leur côté, les violences physiques contre les personnes LGBT+ diminuent : leur taux passe de 14 % à 10 %, 4 points de moins qu’en 2021. Quant aux discriminations en matière de rémunération et de recrutement, elles reculent de 2 points : 15 % des Français LGBT+ s'en déclarent encore victimes.
* La GPA est interdite en France, les parents qui y ont eu recours ne bénéficieront pas des droits parentaux. Ils doivent donc entreprendre une procédure d’adoption pour établir un lien de filiation avec leur enfant.
Lisa Combe
Crédit image : freepik