Le 22 février 2024, Francfort a été choisie pour accueillir la nouvelle Autorité anti-blanchiment de l’Union européenne. La cité des banques a évincé, avec la majorité des 54 voix des eurodéputés et des États membres, les huit autres villes candidates, dont Paris.

Ils étaient neuf pays à concourir. C’est finalement l’Allemagne qui remporte la course du siège de l’Amla, la future Autorité européenne de lutte contre le blanchiment d’argent (LCB-FT). Francfort a remporté 28 des voix exprimées par les eurodéputés et les États membres.

Pour convaincre, le ministre fédéral des Finances allemand Christian Lindner a misé sur la compétitivité du marché immobilier de Francfort et surtout sur la présence de la BCE dans la ville. Pour lui, “l’Amla devrait se trouver dans un centre bancaire”, et ”aucune autre ville [que Francfort] n’est aussi bien placée pour favoriser ce type de collaboration”. De quoi garantir un “succès opérationnel” à l'Amla. Pour certains adversaires de la cité des banques comme l’Irlande, la Lituanie et la Lettonie, une répartition géographique plus homogène des agences de l’UE aurait été préférable. La France, la Belgique, l’Italie, l’Espagne et l’Autriche repartent également bredouilles. Chaque État avait pu défendre sa candidature pendant une heure de grand oral devant les représentants du Parlement européen et du Conseil de l’UE.

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Procédure inédite

Pour la première fois, le Parlement européen a été associé au processus de sélection. “Pour la première fois, la ville hôte d'une nouvelle agence a fait l'objet d'un accord entre le Parlement et le Conseil sur un pied d'égalité, à la suite d'un arrêt de la Cour de justice de l'Union européenne”, peut-on lire dans le communiqué de presse du Parlement européen.  Le vote a réuni 54 voix : les 27 habituelles des États membres, et nouveauté, 27 de plus attribuées aux eurodéputés. Autant de voix que les groupes parlementaires se sont réparties : huit pour les conservateurs, six pour les socialistes, quatre pour les centristes. Deux corapporteurs – le Bulgare Emil Radev (du Groupe du Parti populaire européen) et l’Espagnole Eva Maria Poptcheva (du Renew Europe) – ont déclaré avoir “amélioré la transparence du processus avec des auditions publiques conjointes, et introduit des critères de sélection spécifiques pour s'assurer que l'emplacement [permettait] à l'Autorité d'exécuter pleinement ses tâches et ses pouvoirs.” Ils ont par ailleurs félicité le gagnant, Francfort.  

Désignée comme pièce maîtresse de la réforme de la réglementation européenne de lutte contre le blanchiment d'argent, l’Amla avec ses pouvoirs de surveillance et de sanctions assurera dès 2025 le respect des normes financières européennes. Elle supervisera des établissements de crédit et des institutions financières considérés comme les plus exposés au risque. Quatre cents collaborateurs de l’Amla devraient poser leurs valises à Francfort l’année prochaine.

Nora Benhamla