Le partenariat entre Microsoft, leader du cloud computing, et la start-up française Mistral AI est dans le viseur de la Commission européenne. L’Autorité, inquiète de la domination des géants américains sur le marché du numérique et de l’IA, a annoncé un examen plus approfondi des accords conclus.

Pour Arthur Mensch, cofondateur et directeur général de Mistral AI, le partenariat qu’il a conclu avec Microsoft – et l’investissement de 15 millions d'euros de la multinationale américaine dans sa start-up – est une “nouvelle étape” pour “atteindre de nouveaux clients partout dans le monde”. Pour la Commission européenne, ce rapprochement pourrait fausser le jeu de la concurrence sur le marché du numérique. D’après le média américain Politico, Léa Zuber, porte-parole de la Commission européenne, a annoncé que “la Commission [examinait] les accords qui [avaient] été conclus entre les grands acteurs du marché numérique et les développeurs et fournisseurs d'IA générative”. Cet examen s’inscrit dans le cadre d’appels à contribution sur la concurrence dans les mondes virtuels et l'IA générative lancés le 9 janvier 2024. Si l’Autorité trouve des indices de violations du droit de la concurrence, elle pourra lancer une enquête formelle pour anticiper un abus de position dominante de Microsoft.

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Chez les eurodéputés verts, on se fait du souci pour l’indépendance du champion européen en matière d’intelligence artificielle. Ils plaident pour que la Commission pousse son examen à “l’aspect éthique de l’accord” pour prévenir d’éventuels conflits d’intérêts et des problèmes de transparence concernant le lobbying de Microsoft et de Mistral. Dans des propos rapportés dans l’Observatoire de l’Europe, Kim van Sparrentak, eurodéputée néerlandaise des Verts, sans critiquer la dimension commerciale du partenariat, reproche à Microsoft d’avoir exercé un lobbying intense” depuis le début des négociations.

Mistral AI, start-up valorisée à 2 milliards d’euros, avait annoncé, le 26 février, moins d’un an après sa création, un partenariat pluriannuel avec le géant Microsoft. Un partenariat basé sur trois piliers : la recherche et le développement en matière d’IA, la fourniture par le géant américain d’une “infrastructure de supercalculateurs” (Azure AI) pour optimiser la capacité d’exécution des modèles phares de Mistral AI et l’intégration des modèles premium de la jeune pousse française, comme Mistral Large, dans les catalogues de Microsoft utilisés par ses entreprises clientes.

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Nora Benhamla