CDH Expertises, expert du vivant, est en pleine expansion. Philippe Baudin, directeur commercial au sein de la structure qui fêtera ses 25 ans l’an prochain, revient sur les ambitions de l’équipe portées par le récent rapprochement de CDH Expertises avec CET Cerutti.

Décideurs. Quelles sont les nouveautés de cette année ?
Philippe Baudin. Nous avons décidé de ­rejoindre la même holding que CET Cerutti afin de nous permettre d’agrandir notre réseau nationalement et internationalement tout en gardant notre identité, notre ADN mais avec une force de frappe supplémentaire. En tant qu’acteur majeur des sociétés d’expertise agroindustrielle, nous devons étendre notre savoir-faire afin de proposer une offre globale à nos clients assureurs. De plus, nous sommes partenaires d’entreprises qui font de l’exportation. Il nous est indispensable de les suivre sur ce terrain. Avoir un groupe important avec des correspondants à l’étranger, tel que CET Cerutti, va nous aider à passer cette étape. C’est un élément déterminant de notre partenariat. Nous voulons aussi développer notre pratique environnementale avec notre projet appelé "#Génération Vert l’Avenir".

Combien de collaborateurs avez-vous sur ce projet ?
Cinq personnes travaillent pour stimuler notre croissance sans carbone supplémentaire. Malgré un nombre grandissant d’experts, nous essayons de stabiliser notre empreinte carbone en utilisant des véhicules plus écologiques, au moyen de Visio expertises, du recyclage et en diminuant notre consommation d’eau. Nous avons lancé des plantations d’arbres sur le lieu de notre siège social en Normandie et prévoyons d’installer des panneaux solaires pivotants qui vont produire l’électricité des bureaux.

D’un point de vue plus prosaïque, cette démarche est-elle prise en compte par les assureurs ?
Tout à fait. Certains assureurs intègrent à leurs cahiers des charges des facteurs environnementaux. Les compagnies sont de plus en plus soucieuses de travailler avec des partenaires qui adoptent ce genre de démarche. Et les collaborateurs aussi ­d’ailleurs ! De notre côté, nous travaillons avec EcoVadis, une agence de notation RSE. Après avoir passé le cap de la qualité et de la certification ISO 9001, nous nous dirigeons vers cette nouvelle étape qu’est la notation environnementale pour prouver à nos mandants le sérieux de notre ­démarche.

 

"Notre avantage est d’avoir une force de frappe importante"


Quels sont vos domaines de compétences ?
Tout d’abord l’agriculture avec tout ce qui concerne les cultures, les semences, les traitements des cultures et le matériel utilisé. Nous intervenons pour de très gros semenciers et leurs assureurs sur des problématiques caractérisées par le fait qu’une seule erreur peut toucher des centaines d’agriculteurs et des milliers d’hectares. Notre avantage est d’avoir une force de frappe importante avec de nombreux experts, et de pouvoir être là rapidement partout où la semence a posé problème. On retrouve les mêmes types de sinistres en matière de traitement phytosanitaire. Par exemple, il y a deux ans, nous avons géré un très gros dossier sur un traitement avec défaut de fabrication qui a concerné 2 000 agriculteurs. Plusieurs de nos experts sont intervenus pour analyser les causes du désordre, chiffrer le préjudice et permettre aux compagnies d’assurance d’indemniser les agriculteurs.
Ensuite, la production animale, c’est-à-dire l’alimentation animale, la santé animale, certains problèmes de professionnels de la santé animale. Les problématiques ­d’élevage, qu’il faut défendre dans le cadre de recours et de responsabilité civile, font aussi partie de nos missions.
Puis vient l’agroalimentaire avec les crises de contamination notamment – steaks hachés, pizzas, poudres de lait, fromages… nous nous sommes occupés de tous ces dossiers médiatiques aux côtés des industriels et les assureurs – ainsi que les processus industriels : défauts de fabrication, changements de goût et de couleur, etc.
Nous opérons également dans le domaine de la santé. Domaine dans lequel il existe des similitudes avec l’agroalimentaire pour ce qui est des retraits de médicaments, mais qui comporte en revanche une particularité : les essais de médicament spécifiquement réglementés qui nous obligent à avoir des experts dont le travail consiste à aider les assureurs dans la compréhension de ces dossiers hautement techniques et à enjeux élevés...

C’est-à-dire ?
Prenons l’exemple du développement d’un nouveau produit et de sa phase d’essai préclinique. Durant cet essai préclinique, un biais peut survenir, pour une raison ou une autre, qui rendra les résultats ininterprétables. Le laboratoire peut invoquer une mauvaise manipulation à l’origine de l’échec et demander une indemnisation. Lors de ces phases d’essais ou dans le cadre de la production, il peut survenir une erreur en manipulant un principe actif extrêmement onéreux. Le labo propriétaire de la molécule va alors chercher à engager la responsabilité qu’il faudra défendre ou mettre en cause.
Particularité de notre société : nous travaillons avec des experts médecins qui complètent totalement notre panel de ­compétences.
Enfin, nous intervenons dans le secteur de l’environnement et intervenons soit sur des sinistres de pollutions d’air, d’eau ou de sol., soit sur des problématiques de contaminations de locaux accueillant du public (légionelles, maladies nosocomiales).

Avez-vous eu l’occasion de travailler sur les PFAS ?
Les assureurs cherchent à savoir s’ils doivent s’en préoccuper. Aujourd’hui, c’est encore un peu tôt, car les conséquences sur la chaîne alimentaire ne sont pas encore bien évaluées. Mais on aura là un important problème de responsabilité, car il ne sera pas évident d’aller chercher les ­responsables dans les sites industriels.


Avez-vous noté dans vos secteurs une augmentation des sinistres ? Pour quelles raisons ?
Sur l’agroalimentaire, il est certain que le Covid a eu un effet. Les entreprises ont dû fonctionner avec des effectifs réduits et n’ont pas pu effectuer toutes les étapes de contrôle nécessaires. Ce phénomène touche aussi bien les entreprises françaises que les fournisseurs en dehors de l’Europe : des matières premières sont davantage contaminées. Nous avons une augmentation significative de sinistres après Covid, mais notre analyse se base sur le nombre de déclarations reçues uniquement.

Les enjeux des sinistres sur lesquels vous intervenez deviennent de plus en plus importants. Quelle direction allez-vous prendre dans les années à venir ?
Nous souhaitons doubler notre chiffre d’affaires dans les quatre ans qui viennent. Nous pensons être en mesure de le faire, d’une part parce qu’il y a un effet d’inertie : notre chiffre d’affaires augmente de 20 % par an depuis trois ans. D’autre part, si nous nous sommes liés à CET Cerutti c’est pour nous doter de moyens qui nous ­permettront de stimuler notre croissance sur le plan national et international sur le volet dommage qui est un champ nouveau pour CDH.

 

"Sur l’agroalimentaire, il est certain que le Covid a eu un effet"


Prévoyez-vous d’investir dans de nouveaux outils pour vous assister dans vos expertises ?
Nous découvrons de nouvelles techniques. Dans le domaine du dommage, c’est l’imagerie en 3D avec la reconstitution des bâtiments. Elle va nous permettre de pouvoir rapidement modéliser des bâtiments agricoles qui ont brûlé et de faire une estimation quasi immédiate des pertes. L’appropriation de ces techniques, issues de l’expertise immobilière, par nos domaines va nous permettre de répondre à la demande croissante des compagnies d’assurance. Nous faisons aussi de la veille sur les domaines nouveaux. L’usage des images satellites par un expert nous fera avancer très rapidement. Sur le bâtiment et pour nos collaborateurs, nous allons basculer sur les énergies vertes et solaires puisqu’on équipe nos bâtiments de ces ressources.