Avec 35 experts et 5 pôles de compétences, CPA est la figure de proue du secteur des experts d’assurance. PFAS, méthanisation, bâtiments intelligents, RGA… Pierre Lebrun, futur président du cabinet constitué sous forme de Scop, Bruno Perrot, son président actuel, et Anne-Lise Gillet, responsable juridique assurance et relation clients, reviennent sur les grandes tendances du secteur.

Décideurs. Vous êtes un acteur phare du marché de l’expertise d’assurance, comment expliquez-vous votre succès ?
Bruno Perrot. Nos spécificités sont multiples. Statutairement, CPA est constitué en Scop, une singularité structurelle. Ce modèle d’organisation et de gouvernance stabilise les équipes et motive le personnel dans la durée. Fonctionnellement, nous sommes un cabinet de spécialistes. Nous ne faisons pas de dossiers de masse, mais nous pouvons accompagner les experts du groupe IXI, dont nous sommes adhérents, et qui est adapté à ce type de dossiers. L’autre point fort de la structure ? Notre équipe aux spécialités variées et notre capacité à agréger nos compétences. La plupart de nos collaborateurs sont des ingénieurs issus du monde de l’entreprise qui connaissent les métiers des assurés de nos clients ; et nos délégués qualité sont issus des compagnies d’assurance dont ils connaissent les besoins et les attentes. Notre positionnement est clair et stable sur le marché, sans recours à l’acquisition de cabinets, ce que nous voyons comme un facteur de déperdition de temps comme de cohésion.

Quels événements ont marqué votre année 2022 ?
Bruno Perrot. L’élection de Pierre Lebrun qui a été choisi pour me remplacer à la présidence de la Scop CPA Experts. Expert en environnement et féru de nouvelles technologies, il est ainsi bien armé pour accompagner notre cabinet dans un monde qui s’automatise et possède donc toutes les compétences requises au cœur des enjeux du moment.

Anne-Lise Gillet. L’élection du président a lieu tous les quatre ans, avec un système d’élection anticipée d’un an avant la prise de fonction. Nous avons choisi Pierre pour le projet qu’il nous a présenté et Bruno pourra l’accompagner dans cette année de transition.


Prévoyez-vous une explosion des sinistres liés à la sécheresse dans les années à venir ?
Pierre Lebrun. Les RGA (Retrait et Gonflement d’Argile) existent depuis longtemps, mais ils sont en augmentation. Avec la modification des conditions d’humidité, les mouvements altimétriques sont plus importants. Les assureurs anticipent une explosion de la sinistralité. Nos partenaires d’IXI Groupe positionnés sur les sinistres de masse ont déjà observé une augmentation significative de ces dossiers. Chez CPA, nos quatre experts géotechniciens peuvent être amenés à intervenir lorsque le sinistre est particulièrement compliqué ou s’il est de deuxième génération, sinistres sur lesquels nous sommes très bien positionnés. D’autre part, pour les événements de grande ampleur comme les tornades, séismes…, phénomènes qui requièrent l’avis d’experts de domaines très différents, nous sommes appelés pour intervenir en appui technique.

 

"Nous nous devons d’être à la pointe des connaissances techniques et des solutions innovantes"


Anne-Lise Gillet. Avec l’évolution de la sécheresse et des catastrophes naturelles dont le régime est en discussion actuellement, nous nous attendons à traiter davantage de problématiques de ce type même si nous ne sommes pas en première ligne sur ces sujets. Nous avons déjà eu à traiter des cas intéressants d’un point de vue technique. Nous nous devons d’être à la pointe des connaissances techniques et des solutions innovantes.


Les PFAS font l’objet de milliers de procédures aux États-Unis. Cette affaire en est à ses débuts en France. Avez-vous déjà eu l’occasion de travailler sur ce sujet ?
Anne-Lise Gillet. Le sujet des PFAS existe depuis les années cinquante. Présentes dans les vêtements, les emballages, les mousses d’extincteur, ces substances, aussi appelées polluants éternels, ne se dégradent pas et sont largement utilisées. Ce sujet vient sur le devant de la scène comme d’autres crises sanitaires l’ont été ces dernières années et ont mobilisé nos pôles d’experts en chimie, en environnement et problématiques sanitaires.

 

"La relation humaine est très importante pour une bonne résolution du sinistre"


Quelles sont les principales problématiques auxquelles CPA s’attend à faire face dans les années à venir ?
Anne-Lise Gillet. Au sein de CPA, nous avons la chance d’avoir une diversité de ­sinistres et de domaines techniques mobilisés. Nos experts rencontrent donc continuellement différentes situations dans leur sphère de spécialité avec cette nécessité, à chaque fois, d’anticiper les nouveaux risques à venir.

Bruno Perrot. Avec l’internationalisation ­accrue de nombreux dossiers, les compagnies ­d’assurance suivent leurs clients dans leurs développements à l’étranger et pour lesquels nous travaillons en relation étroite avec notre partenaire Advanta, réseau d’experts présent sur tous les continents.

Pierre Lebrun. Les problématiques liées au changement climatique avec le mix énergétique sont de plus en plus sur le devant de la scène. Les assureurs prévoient déjà des évolutions des garanties. Afin de répondre aux demandes relatives au développement de l’éolien, du photovoltaïque, de la méthanisation, nous avons dans nos équipes des experts à même de gérer une complexité croissante des dossiers de sinistre.

Anne-Lise Gillet.
Le projet du Grand Paris sera aussi une source de missions. Un projet d’une telle ampleur vient toujours avec son lot de désordres. Un autre sujet, un peu plus confidentiel, est celui du réemploi. Dans ce domaine, toutes les solutions ne sont pas encore connues. J’ai commencé à m’intéresser à ses sujets lorsque je travaillais à la ­Fédération ­française des assurances et je suis ravie de continuer de la faire au sein de CPA. Notre objectif sur ces sujets est d’anticiper en partenariat avec des acteurs capables de proposer ­ensemble des solutions fiables pour les ­réaliser.

Pierre Lebrun. Les sinistres liés à l’intelligence des bâtiments bas carbone nous occupent aussi beaucoup. Pour avoir du bas-carbone, on a besoin de technologie. La complexité dans la construction qui en résulte et l’effet de cette complexité sur le cycle de vie du bâtiment ne sont pas encore assez pris en compte. Aujourd’hui, nous ne travaillons plus uniquement sur la fondation d’un mur, mais sur une intégration connectée.

Quels sont vos axes de développement ?
Anne-Lise Gillet. Proposer en plus de notre cœur de métier, qui est l’expertise d’assurance, des services annexes : des retours d’expérience, de la formation, des audits et analyses des risques… L’idée est de s’appuyer sur l’expérience de nos experts pour aller au-delà des seules prestations d’expertise pour aller en amont des risques avec toujours en tête notre objectif : une qualité accrue.

Comment voyez-vous le futur du métier d’expert ?
Pierre Lebrun. Dual : d’un côté des dommages de masse et une industrialisation du métier et de l’autre des sinistres toujours plus atypiques. Face à cela, deux catégories de réponse seront attendues. Une capacité à gérer des sinistres sériels à faible coût et des dommages plus complexes qui nécessiteront de creuser.
Dans les deux cas, et c’est un fait nouveau, on attend des experts qu’ils s’adaptent rapidement. Depuis le Covid, l’ensemble de la profession s’est adaptée en déterminant au mieux les moments où le présentiel était nécessaire. Dans bien des cas, la relation humaine est très importante pour une bonne résolution du sinistre.

Anne-Lise Gillet. L’immédiateté de l’information est très demandée et peut être compliquée à mettre en œuvre. Nous devons adapter nos pratiques, prendre contact avec les gestionnaires, rester proactifs en apportant l’information nécessaire au bon moment.

Pierre Lebrun. Enfin, le développement ­exponentiel des nouveaux outils basés sur l’intelligence artificielle nous amène vers de nouvelles méthodes de travail et génère en interne beaucoup de réflexions sur ­l’adaptation de notre métier.