Le cabinet Tamaris Avocats a été fondé en 2021. À l’occasion de ses 2 ans, Alexandra Cohen-Jonathan, sa fondatrice, revient sur son ­activité et ses projets.

 Décideurs. Vous avez créé Tamaris ­Avocats en 2021. Comment cette troisième année se déroule-t-elle ?
Alexandra Cohen-Jonathan. Cette troisième année se déroule très bien. Nous continuons notre croissance, avec nos clients d’origine mais également de nouveaux, dans notre principal domaine d’activité, à savoir l’assurance pure mais également le risque industriel et les responsabilités civiles professionnelles.
Nous souhaitons également nous développer dans de nouveaux domaines du droit des assurances dans les prochaines années. À cet égard, nos projets portent tant sur la croissance interne que sur celle externe.
Si j’ai été approchée par d’autres structures, je préfère me lier à des confrères et consœurs qui partagent ma vision, notamment concernant la croissance des collaborateurs au sein du cabinet.
C’est dans ce contexte que Tamaris Avocats porte actuellement quelques projets, pour nous permettre de développer à court terme une offre de services dans le domaine des lignes financières, de l’aéronautique et du regulatory, et, à moyen terme, une plus grande extension de notre activité à ­l’international.

Quitter un cabinet de place comme ­August Debouzy pour créer une nouvelle structure comporte des risques. Tamaris Avocats connaît une croissance constante depuis ses débuts. Comment ­expliquez-vous cette dynamique positive ?
Depuis les débuts du cabinet, nous sommes restés concentrés sur notre domaine d’intervention et nous nous sommes attachés à offrir à nos clients la même qualité de service que celle des grands cabinets. Nous avons gardé notre clientèle historique et consolidé nos relations. Après mon départ de chez August Debouzy et la création de Tamaris Avocats, il était impératif de convaincre nos clients que la qualité de nos prestations était maintenue. C’était notre objectif principal en 2022, et nous l’avons atteint.

 

"La surprise est venue de nos confrères étrangers"


À côté de cela, nous avons développé une clientèle nouvelle. La surprise est venue de nos confrères étrangers qui nous ont confié de très beaux dossiers.
Quel sujet a été au cœur de votre activité en 2022 ?

Nos domaines d’intervention sont variés, mais j’ai été particulièrement heureuse d’intervenir sur le sujet du risque nucléaire. Ce domaine me fascine et nous avons eu à traiter plusieurs dossiers dans ce ­secteur, tous liés aux problématiques de ­souveraineté actuelles.

Le marché du droit des assurances se porte bien. Comment expliquez-vous le dynamisme de ce secteur ?
Le domaine des assurances n’est pas cyclique, il n’y a ni creux ni pics d’activité. Il ne subit pas les conséquences de tel ou tel confinement ou de la crise économique et sociale. En assurance, il est principalement question de sinistres. Or, des sinistres surviennent en permanence, peu importe les chamboulements sociétaux, sanitaires, politiques, etc. C’est ce qui explique que dans ce domaine, l’offre d’emploi est en général plus forte que le nombre de candidats.
Pour nous avocats, le dynamisme de notre activité repose également sur le fait que les procédures contentieuses se multiplient. Dans ces cas-là, la présence d’un avocat est toujours requise.


Travaillez-vous sur les risques cyber ?
J’ai déjà eu l’occasion de travailler sur des dossiers liés aux questions cyber en intervenant notamment aux côtés de mes confrères de l’IT chez August Debouzy, afin d’assister leurs clients sur la protection contre cette catégorie spécifique de risque. C’est aujourd’hui devenu un sujet à part entière, qui ne peut plus être marginalisé.
Le risque cyber a été l’un des plus gros sujets du monde de l’assurance en 2022 et au début de l’année 2023, même s’il est probable que les assureurs n’aient pas anticipé la vague d’attaques cyber des dernières années. Ils ont pu être surpris par son ampleur et, en réponse à cela, durcir leurs conditions de souscription et de garantie d’une couverture cyber. Le cas de la garantie des ransomwares est assez typique de la difficulté à déterminer le périmètre de la garantie et le rôle des assureurs.

Quelle tendance observez-vous dans le secteur assurantiel ?
Les questions qui se poseront de plus en plus concernent les enjeux environnementaux qui génèrent de nombreux risques. Il y a bien sûr les catastrophes naturelles, en augmentation, qui demandent aux assureurs de débourser des montants colossaux. Mais ce n’est pas le seul risque dont il faut se préoccuper. Tout ce qui se rapporte aux risques climatiques et environnementaux doit dès à présent être pris en compte par les entreprises. Que ce soit l’impact de leur activité sur l’environnement ou, à l’inverse, l’impact des changements climatiques sur leur activité et la sécurité de leurs salariés.
De là découle un sujet, plus politique, qui s’intéresse à la façon dont les assureurs participent à la protection de l’environnement. Ces derniers commencent à avoir conscience de l’impact, sur leur propre image, de l’image des entreprises qu’elles assurent, particulièrement si ces entreprises sont notoirement connues pour leurs mauvaises pratiques.

Peut-on imaginer que, dans les années à venir, les entreprises trop peu respectueuses de l’environnement deviennent inassurables ?
Il est possible qu’au regard du risque que cela représenterait pour les assureurs, la prime d’assurance qui serait proposée ne puisse pas être accessible pour ces entreprises, mais également que, dans leurs contrats, les assureurs enjoignent ces entreprises à se soumettre à un certain nombre de règles pour être assurées. Prenons un exemple connu : pour l’assurance incendie des entreprises dans les années quatre-vingt, les assureurs ont inséré, dans les conditions de garantie, l’obligation pour leurs assurés de mettre en place des détecteurs de fumée, des portes coupe-feu, etc. Ils pourraient faire de même pour les risques environnementaux.

 

"Le risque cyber a été l’un des plus gros sujets du monde de l’assurance"


Ce schéma d’assurance et de prévention qui a fait ses preuves en matière d’incendie est-il applicable au risque climatique ?
Oui, c’est fort probable même s’il n’a pas la même temporalité selon les garanties.
Concernant le risque climatique pur et pour les entreprises (en dommage donc), les assureurs recourent de plus en plus à l’assurance dite paramétrique qui "automatise" l’indemnisation en cas de réalisation de l’événement climatique. Dans le cadre d’une telle assurance, les questions de prévention seront analysées avant la souscription du contrat d’assurance. Au moment de la réalisation du sinistre, les mesures de prévention comme condition de la garantie sont moins prégnantes.
En revanche, concernant le risque climatique en responsabilité civile, qui peut être associé au risque environnemental, il est clair que les assureurs qui proposent ces garanties spécifiques vont d’abord regarder le passif de l’entreprise à assurer, notamment ses éventuelles condamnations en application de la loi du 1er août 2008 introduisant une responsabilité environnementale pour quantifier leurs risques. Ensuite, il est fort probable que les assureurs imposent ou imposeront, comme condition de la garantie, le respect de certaines réglementations techniques rédigées par des sociétés spécialisées dans la prévention des risques comme l’APSAD ou FM Global.
Enfin, et parce qu’il s’agit d’un enjeu éminemment sociétal, le législateur a été amené et sera amené à imposer aux entreprises du secteur industriel, en particulier les ICPE, une réglementation stricte afin de prévenir les risques environnementaux et limiter
les conséquences de la réalisation de ces ­derniers.