Créé en 2001 par Jean-François Cochard, Cabinet Cochard & Associés vient de nommer à sa tête une femme, Cécile Fanget, experte. Croissance raisonnée des effectifs, relation de compagnonnage entre experts et approche méthodique de l’expertise… La nouvelle gérante revient sur le positionnement singulier du cabinet.

Décideurs. Quels sont les domaines de prédilection du cabinet Cochard ?
Cécile Fanget. Notre cœur d’activité est l’analyse technique dans l’expertise. Notre valeur ajoutée réside dans une analyse technique approfondie transcrite pour permettre à nos clients assureurs, courtiers et industriels de prendre des décisions éclairées au regard de leurs contraintes juridiques et contractuelles.
Nous intervenons en matière de responsabilité civile dans le domaine de l’industrie, du maritime et des installations portuaires et fluviales. Dans le secteur de la construction, nous opérons uniquement sur le second œuvre, sur des problématiques de génie énergétique (chauffage, climatisation), d’électricité et de domotique, des réseaux de chaleur et de ­plomberie.

Quel a été le moment fort de votre structure en 2022 ?

En 2022, nous avons quitté Marseille pour nous installer au sein du pôle d’activité d’Aix-en-Provence. Ce déménagement dans des locaux plus modernes à proximité de la gare et de l’aéroport a précédé le changement de gérance. Succédant à Jean-François Cochard, qui poursuit son activité d’expert au sein du cabinet, je cumule aujourd’hui deux fonctions, celles d’experte et de gérante.

Vous êtes une femme dans un métier qui en compte peu. Vous venez d’être nommée gérante, comment avez-vous réussi à sortir votre épingle du jeu ?
J’ai commencé en tant qu’experte au cabinet Cochard en 2010 après plusieurs postes dans l’industrie des machines tournantes en projets neufs et en maintenance. Jean-François Cochard m’a recrutée et formée à l’expertise pendant sept ans. Je suis devenue associée du cabinet en 2014. Cette transmission est donc un aboutissement de ces années de formation et de travail au sein du cabinet en collaboration avec tous ses associés.
J’ai eu le temps d’y évoluer, de démontrer mes compétences et mon engagement. Je remercie Jean-François Cochard qui m’a donné ce temps, m’a transmis son expertise et son expérience puis m’a finalement fait confiance pour reprendre le cabinet.

 

"Les femmes ont leur place dans l’expertise et c’est important de montrer que c’est possible et souhaitable"


Avez-vous noté une évolution depuis vos débuts dans la féminisation du métier d’expert ?
Quand j’ai commencé, il y a treize ans, il y avait très peu de femmes chez les experts. Dès la formation, nous étions peu nombreuses dans ma spécialité, comme dans la plupart des formations techniques. À Grenoble, dans ma filière ingénieur mécanique hydraulique, nous comptions une dizaine de femmes sur une promotion de 120 élèves.
Les femmes restent rares dans l’expertise technique, la féminisation avance lentement. Mes consœurs dans les domaines financiers ou de la construction sont plus nombreuses que dans les domaines industriels et maritimes. Elles y ont démontré néanmoins toutes leurs compétences. Les femmes ont leur place dans l’expertise et c’est important de montrer que c’est possible et souhaitable. Personnellement, j’ai été confrontée à de rares comportements misogynes, mais ils ont toujours été individuels. Ils n’étaient pas le reflet d’un état d’esprit collectif. Je n’ai jamais envisagé de changer de chemin. J’espère contribuer à cette évolution ­également.


Dans un environnement de forte concentration des cabinets, comment définissez-vous la politique de développement du cabinet Cochard ?
Notre vision de l’avenir du cabinet ne s’inscrit pas dans le cadre de cette concentration. Notre philosophie est autre. Nous misons sur l’ancienneté et la fidélisation de nos experts. Sur les cinq experts que compte le cabinet, quatre d’entre eux sont associés. Nous recrutons des collaborateurs qui ont un parcours professionnel dans l’industrie que nous formons en interne sur le temps long. Cet accompagnement, relevant d’une forme de compagnonnage, s’étale sur une durée moyenne de cinq à sept ans. Un tel fonctionnement nous oblige à un développement raisonné et maîtrisé. Nous souhaitons conserver cette taille humaine et privilégier les dossiers à forts et/ou à moyens enjeux qui nécessitent une ­analyse approfondie.

Sans y participer, quel regard portez-vous sur ce phénomène de concentration ?
De notre regard extérieur, nous observons ce phénomène avec attention. Effectivement, nous pensions qu’une taille maximale avait été atteinte mais les derniers regroupements démontrent le contraire. Il nous semble désormais que le phénomène va se poursuivre avec notamment des regroupements ­internationaux.

Certains cabinets élargissent leur palette de service. Qu’en est-il pour le cabinet Cochard ?
Nous restons sur notre cœur de métier, à savoir l’expertise technique. C’est vers cette mission spécifique que nous concentrons toutes nos compétences. Au vu de la typologie des dossiers qui nous sont confiés, nos clients attendent de nous un haut niveau d’analyse technique et une forte présence en expertise. Nous préparons toujours en amont les réunions avec les assureurs et les assurés – ainsi qu’avec les avocats lorsque l’expertise est au stade judiciaire – dans ­l’objectif de définir une stratégie.
Analyser les éléments de faits, faire valoir nos arguments techniques et porter la défense des dossiers, correspondent à l’ADN du cabinet, ainsi qu’aux attentes des clients qui nous font confiance.

 

"Analyser les éléments de faits, faire valoir nos arguments techniques et porter la défense des dossiers, correspondent à l’ADN du cabinet, ainsi qu’aux attentes des clients qui nous font confiance"


Comment voyez-vous l’avenir du cabinet Cochard ?
À titre personnel et grâce à ma pratique courante de l’allemand, je souhaite développer nos liens avec les compagnies allemandes avec lesquelles j’ai l’habitude de travailler. L’Allemagne est le premier pays importateur en France devant la Chine. Les entreprises et les assureurs allemands sont confrontés à un nombre significatif de sinistres sur le territoire français. Nous les assistons, en phase amiable comme en phase judiciaire,
en leur expliquant les enjeux et les risques qu’ils portent dans un système français, qu’ils connaissent mal car ­différent du leur.
Mon objectif est de maintenir la qualité de nos services et d’opter pour une croissance raisonnée en intégrant et en formant de nouveaux experts. Idéalement, j’aimerais intégrer des collaboratrices pour contribuer à la féminisation du métier et à généraliser l’expertise technique au féminin.