Jeudi 12 octobre, l’avocat Jean-Pierre Versini est parti. Âgé de 83 ans, il était l’un des doyens du barreau parisien et, peut-être, le seul avocat à porter avec tant d’élégance le nœud papillon.

Dernier hommage à celui que l’on surnommait “Tonton”. L’avocat Jean-Pierre Versini s’est éteint un jeudi matin, le 12 d’un mois d’octobre peu automnal. C’est le cancer qui l’a pris sous son bras comme dirait la chanson. La profession gardera de lui le souvenir d’un ténor du barreau. “Avocat courageux, il n’hésitait pas à prendre des risques et à défendre les causes les plus difficiles”, selon les mots de Julie Couturier bâtonnière du barreau de Paris sur X.

Né le 12 novembre 1939 à Paris, l’avocat a du sang corse (de son père) et martiniquais (de sa mère) qui coule dans ses veines. Jean-Pierre Versini grandit dans l’Aisne aux côtés de son grand-père, Robert Attuly, magistrat et premier Antillais à intégrer la Cour de cassation en 1946. Celui qui est aussi le neveu d’un célèbre avocat de la 3e République, César Campinchi, prête serment en 1965. La promesse d’une carrière riche. Qu’il entame en droit civil, en droit commercial et en contentieux avant de se tourner vers la matière criminelle, en 1992, date à laquelle il défend sa première affaire en droit pénal financier. “Je ne savais rien du pénal, j'ai découvert l'horreur", avait-il confié à l’AFP en 2020. Il aura plaidé toutes les causes. Ventes d’armes, scandales politico-financiers, les affaires Vinci, Areva, Elf, ou celle de Jean-Christophe Mitterrand, fils du président de la République. Du côté des sportifs, il aura défendu Aimé Jacquet ou Bernard Laporte. Et sur l’île de Beauté, une affaire liée au domaine de Murtoli, à son propriétaire Paul Canarelli et à Anne de Carbuccia assistée notamment par le défunt avocat.

On retiendra de lui aussi la défense, aux côtés de François Saint-Pierre, de Maurice Agnelet, condamné pour avoir assassiné sa maîtresse Agnès Le Roux. Et son regret, celle d’une “une erreur judiciaire spécifiquement française”, comme il l’affirmera dans ses mémoires Papiers d’identité, fermement convaincu de l’innocence de son client. “En France, c’est la condamnation au bénéfice du doute.” Le Monde dira de l’avocat qu’il était “contre l’injustice, contre l’interdiction de la cigarette dans les lieux publics, contre les idéologues, contre les cons”. Jean-Pierre Versini, drôle et combatif.

Anne-Laure Blouin