Le 26 septembre 2023, la Confédération nationale des buralistes de France écope d’une amende de 750 000 euros. Le gendarme de la concurrence reproche au syndicat d’avoir incité ses adhérents à ne pas valider les jeux à gratter. Le but ? Protester contre un partenariat entre la FDJ et le réseau de fleuristes Florajet.

La sanction est tombée. L’Autorité de la concurrence (ADLC) inflige une amende de 750 000 euros à la Confédération nationale des buralistes de France (CNBF). Le syndicat est épinglé pour avoir organisé des opérations qui boycottent la validation des jeux de la FDJ. Selon la décision de l’ADLC publiée le 26 septembre 2023, l’appel au boycott visait à “faire obstacle à l’ouverture de points de distribution alternatifs des jeux de hasard chez les fleuristes sous enseigne Florajet”. Les manœuvres de la CNBF ont conduit la FDJ à couper les ponts avec le réseau de vendeurs de fleurs.

“Goutte d’eau”

L’idylle entre l’enseigne des jeux de hasard et le réseau de fleuristes commence en 2013 avec le lancement d’un bouquet accompagné de jeux à gratter, le “Bouquet Chance”. La relation s’officialise en décembre 2015 avec un contrat de partenariat. En vertu de cet accord, des adhérents du réseau Florajet sont autorisés à distribuer quelques jeux à gratter et jeux de tirage, notamment les grilles du Loto, de l’Euromillions et du Keno. La CNBF ne voit pas ce rapprochement d’un bon œil. Pour son président, “cette proposition […] d’aller s’éparpiller dans d’autres points de vente“ est “un nouveau coup de massue”. C’est la “goutte d’eau” qui pousse la confédération à appeler au boycott. Au début du mois de juillet 2016, différents présidents des chambres syndicales envoient des courriers à leurs adhérents buralistes afin de les rallier à la cause. L’un d’eux publie sur le site www.lemondedutabac.com un article où il demande aux fleuristes du réseau Florajet de “bien réfléchir avant d’accepter ce partenariat”. Fin août 2016, le président de la CNBF déclare qu’une “action très dure contre la FDJ” s’impose. Et de renchérir : “Il va falloir planter leur nouveau jeu qui sort courant septembre.”

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Comportement d’une particulière gravité

Le président de la fédération régionale des buralistes d’Île-de-France propose pour sa part de faire publier un article dans Le Parisien pour alerter les buralistes sur le boycott. Le papier paraît le 8 septembre 2016 et explique que “la nouvelle formule de l'EuroMillions, lancée le 27 septembre par la Française des jeux (FDJ), va être chahutée par les buralistes qui protestent en effet contre la concurrence de... fleuristes”. Le journal local, Le Courrier Cauchois, titre le 23 septembre 2016 : “Pays de Caux : les buralistes boycottent la Française des Jeux”. Et relaie également une invitation à boycotter le lancement de la nouvelle formule de l'EuroMillions, “en ne validant pas les grilles de la FDJ”. Une campagne pour laquelle la CNBF n’aurait jamais exprimé son accord, se défend la confédération. L’argument ne prend pas. L’ADLC pointe son approbation tacite de l’opération à plusieurs reprises dans les comptes rendus de la CNBF, soulignant la particulière gravité de son comportement. À ses yeux, la CNBF a outrepassé les limites de son activité syndicale dans le seul but d’évincer ses concurrents.

Anne-Laure Blouin

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