Petit prince du droit des affaires, Jean-Benoît Demaret a réalisé toute sa carrière chez Bredin Prat après un premier stage à Londres. Arrivé au sein du prestigieux cabinet tricolore en 2013, associé depuis 2022, cet originaire de la région parisienne exerce dans l’équipe corporate, où il conseille les fleurons français ou internationaux et entretient ses passions de jeunesse.

Il aurait été facile de dire que Jean-Benoît Demaret était captivé par la matière juridique depuis l’enfance et qu’il dévorait le Code civil pour s’endormir. Pourtant, avant ses années universitaires, il est persuadé que "la philosophie est un concept fluide, qui laisse libre cours à la pensée, et le droit une matière rigide". Il se voit alors disciple de Platon ou Kant. Dans le même temps, il réalise des interviews d’artistes de rock pour Brain Magazine : "C’était aussi un moyen d’avoir des places de concerts gratuites", glisse-t-il dans un sourire. Après le bac, il s’inscrit finalement en faculté de droit. L’intérêt suscité par ses professeurs à Nanterre puis à la Sorbonne convainc définitivement ce passionné de lecture de succomber aux sirènes du barreau et de renoncer à ses premières amours philosophiques ou d’écriture.

Sa spécialisation en droit boursier et la perspective de jongler entre l’économie et la défense de la justice l’emportent : "Mes professeurs m’ont fait réaliser que le droit était certes une création intellectuelle humaine, mais qu’il devenait un cadre de pensée avec des effets concrets sur le réel si on l’appréhendait correctement. Il régule les relations humaines dans le but d’éviter les conflits de toute sorte." Des préceptes qui ne le quitteront plus.

PSA, fil rouge d’une carrière royale

Dès son arrivée chez Bredin Prat, Jean-Benoît Demaret est lancé dans le grand bain : "Mon tout premier dossier portait sur une restructuration d’une banque française avec une garantie d’État de plus de 28 milliards d’euros."  En 2014, alors qu’il est encore un jeune collaborateur, on lui demande une note pour expliquer pourquoi Peugeot-Citroën, au bord de la faillite, ne doit pas faire l’objet d’une offre publique de rachat de la part de l’État.

L’occasion aussi de rappeler que malgré l’importance financière du dossier PSA, c’est surtout le sauvetage d’au moins 300 000 emplois qui était en jeu

Ce fin connaisseur du cinéma italien des années cinquante suit de près le redressement spectaculaire du groupe automobile français qui finit par fusionner, en 2021, avec Fiat pour créer le groupe Stellantis. C’est le dossier dont il est le plus fier : "J’ai apprécié la confiance que m’a accordée le cabinet. Je me suis retrouvé en première ligne, à m’entretenir hebdomadairement avec les membres du comex des deux groupes. C’était un sentiment unique." Il le traitera dans la longueur, puisqu’il s’occupera ensuite de la réorganisation bancaire des deux structures une fois unies : "C’est sur cette affaire complexe que j’ai gagné ma cooptation un an plus tard."

Par ce deal retentissant, Jean-Benoît Demaret montrera que, outre la technicité que requiert chacune de ces situations, l’aspect humain reste la colonne vertébrale d’un résultat satisfaisant. Peut-être un héritage de ses lectures philosophiques d’antan : "Parfois, il faut savoir ce que souhaite réellement le client avant même qu’il sache poser les mots dessus ou qu’il en ait conscience. La pédagogie a un rôle primordial dans ce métier, mais il faut faire le bon dosage afin de ne pas donner l’impression de professer un cours magistral de droit des affaires." L’occasion aussi de rappeler que malgré l’importance financière du dossier PSA, c’est surtout le sauvetage d’au moins 300 000 emplois qui était en jeu.

Le Didier Deschamps de Bredin Prat

Spectateur assidu des Girondins de Bordeaux depuis l’enfance, Jean-Benoît Demaret organise et participe, en étant entraîneur de l’équipe de football de son cabinet – ainsi que joueur –, à des compétitions mêlant avocats ou financiers. Il remporte là aussi de francs succès puisque son équipe termine troisième de la ligue des avocats l’année passée et figure en bonne position pour le cru 2023-2024.

Cet amateur de Pedro Miguel Pauleta qui aimait se rendre en famille au parc Lescure, l’ancêtre du stade Chaban-Delmas, est également en quête de rareté. "J’aime beaucoup le cinéma et la musique. De manière générale, quand je me passionne pour une œuvre, j’aime l’écouter ou la regarder énormément. Je recherche l’aspect distinctif ", confie celui qui se passionne pour le travail du réalisateur hongkongais Wong Kar-Wai. Son livre de chevet n’est autre que Les Règles de l’art de Pierre Bourdieu, une analyse philosophique et sociologique de L’Éducation sentimentale de Gustave Flaubert. Dernier exemple, s’il en fallait, de l’humanité qui caractérise Jean-Benoît Demaret.

Tom Laufenburger