Le maître-mot de Joëlle Monlouis ? La discrétion. Pourtant, nombreux sont ceux à remarquer le travail de cette avocate spécialisée en droit du sport, pour qui œuvrer à vive allure est davantage un atout qu’une contrainte.

Le monde du sport, Joëlle Monlouis en a fait son terrain de jeu en raflant des contrats palpitants, sans doute parce qu’elle y était destinée. Celle qui a pratiqué l’athlétisme durant ses jeunes années et son adolescence peut se prévaloir d’avoir été élue championne départementale de Saône-et-Loire, de la région de Bourgogne, et d’avoir participé aux championnats nationaux de la discipline. À l’époque, elle imagine encore que "lorsque l’on fait du sport, on devient sportif professionnel". À quelques détails près.

À vive allure

Plus jeune, Joëlle Monlouis se rêve médecin "pour aider les autres". Une piste rapidement mise de côté, elle "n’aime pas les piqûres et [a] peur du sang". Qu’à cela ne tienne, elle sera avocate et viendra en aide à ses clients. À travers l’écran de sa télévision, elle idolâtre des champions comme la Française Marie-José Pérec, qui la transporte, et l’Américain Carl Lewis, qui la fait vibrer. "Aujourd’hui, être membre du tribunal disciplinaire de la Fédération internationale d’athlétisme me ravit", sourit-elle. Si elle ne pratique plus l’athlétisme, il reste son "sport de cœur". Rien d’étonnant donc à ce que, pour les Jeux olympiques 2024, Joëlle Monlouis "[ait] déjà pris rendez-vous pour voir la finale du 100 mètres à Paris". Football, basket, escrime… Elle pourra regarder d’autres sports depuis les gradins. Animée par la ferveur des événements d’envergure, l’avocate trouve toujours un moment pour assister aux plus grandes compétitions. La célérité dont elle faisait preuve dans les gymnases s’est convertie en une agilité intellectuelle au profit du monde sportif.

Faire des étincelles

Son engagement pour l’avocature prend racine loin des stades. Au sein de cabinets anglo-saxons comme de plus petites structures, elle accompagne les entreprises en droit des affaires. "Lorsque j'ai découvert que le droit du sport existait, le coup de foudre a été immédiat, se souvient-elle. J’avais la certitude que c’était dans ce domaine d’activité que j’allais faire des étincelles." Des paillettes, mais pas trop. Joëlle Monlouis est brillante, mais sobre. À l’image de son compte Instagram, sa "vitrine professionnelle" dont les photos en noir et blanc témoignent de son parcours, à l’ombre de la lumière. Une "discrétion naturelle qui constitue une arme" et assure en partie son efficacité dans les dossiers. Droite dans ses bottes, elle reste "alignée entre ce [qu’elle est] et ce [qu’elle fait]" pour s’épanouir personnellement, mais aussi professionnellement dans des relations "fortes, vraies et transparentes" avec ses clients. Aucun artifice, comme en sport.

Courir en jonglant

À ses débuts dans le monde juridique du sport, elle se considère comme une bleue qui a tout à apprendre, "une rookie, comme on dirait au basket". Mais une rookie qui espère un jour devenir la nouvelle Wembanyama. À cette époque, elle cumule déjà six ans d’expérience en droit des affaires. Alors, elle redouble d’entraînement et façonne sa nature d’autodidacte. Sa "curiosité", elle la canalise "en jonglant entre une multitude de missions et en sortant de [sa] zone de confort". Elle "[met] les mains dans le cambouis et commence par le poumon du sport, le football". Joëlle Monlouis emploie son énergie au service de la Fifa en tant que counsel pro bono, en qualité de vice-présidente de la ligue de Paris-Île-de-France de football ainsi qu’à la tête de la commission d’appel de la ligue. Et ne cesse d’ajouter ainsi des cordes à son arc. Force est de constater qu’elle vise juste. En empilant les casquettes, elle perfectionne sa connaissance des conditions et des problématiques du footballeur, de l’amateur au professionnel. Mais ce n’est pas tout. Comme si plaider lors de procédures d’arbitrage devant le Tribunal arbitral du sport ne suffisait pas, l’avocate est désormais arbitre au sein de l’instance internationale Sport Resolution. Une façon de se diversifier "en allant toujours dans le bon sens".

"Ceux qui me connaissent savent que je suis plus performante à la signature d’un contrat lorsque j’ai pris un bon déjeuner" 

Joëlle Monlouis avance sans se tromper.  Selon elle, "ce n’est pas que du travail", mais plutôt une fine intuition… Et une succession d’occasions. Si elle n’a pas le flair, elle a les papilles. "Mon parcours sportif a lentement laissé place à mon goût pour les bons plats, rit-elle. Ceux qui me connaissent savent que je suis plus performante à la signature d’un contrat lorsque j’ai pris un bon déjeuner." Elle se délecte de ses expériences et de mets divers. "Salé ou sucré." Sa gourmandise rend ces moments gustatifs d’autant plus exaltants. "La cuisine de certains pays me permet de me sentir comme un poisson dans l’eau", car telle une sportive professionnelle, Joëlle Monlouis voit à l’international. Elle développe notamment ses activités sur le territoire africain où elle multiplie les projets aux côtés de joueurs, de clubs et de fédérations. "La richesse d’évoluer dans tant de pays est inestimable. C’est comme passer d’une vue en noir et blanc à des plans en couleur", précise-t-elle.

Dans son quotidien qui défile à toute vitesse, Joëlle Monlouis ne dispose que de peu de temps pour se reposer. Avant chaque combat, elle se met dans sa bulle. Toujours à portée de main, son casque diffuse dans ses oreilles une playlist "énergique et éclectique, qui se décline pour chaque lutte". En 2023, elle a été élue membre du Conseil de l’Ordre. Une occasion supplémentaire pour assister ses pairs de façon authentique, modeste et percutante.

Léa Pierre-Joseph