Certaines personnes nous intimident, d’autres nous inspirent. Nicolas Cys, associé et cofondateur du cabinet La Tour International, se range dans la seconde catégorie. Spécialisé en fiscalité patrimoniale internationale, cet avocat n’est pas en reste lorsqu’il s’agit d’équilibre de vie. Portrait.
C’est avec modestie que Nicolas Cys accepte de répondre aux questions du célèbre dossier La Relève de Décideurs Juridiques qui dresse le portrait des avocats les plus prometteurs de leur génération. Pourquoi le droit ? Qu’est-ce qui vous fait vibrer ? Votre livre préféré ? Au fil des réponses se dévoile derrière le fiscaliste un homme profondément humain. C’est d’ailleurs la façon dont il définit le métier, "l’avocature est avant tout une aventure humaine". Issu d’une famille d’enseignants, il s’intéresse très vite aux autres et au monde qui l’entoure. D’abord au ciel et aux étoiles, rêvant de devenir astronaute, puis finalement aux salles de classe, inspiré par le parcours de ses parents. Un rêve qui deviendra réalité lorsqu’il rejoindra pour la seconde fois les bancs de l’Essec en 2008, cette fois-ci en tant que chargé d’enseignement, en parallèle de sa carrière d’avocat.

 

Un homme de lettres…

 

"Le droit n’était pas une évidence pour moi." Amoureux de linguistique et de littérature, Nicolas Cys intègre hypokhâgne. Mais cet homme de lettres est plus à l’aise avec le monde des affaires. Il entame alors un double cursus droit et école de commerce, entre Paris et Cologne, et arpente les couloirs de la Sorbonne et de l’Essec. En 2006, il passe le barreau et fait ses premiers pas en tant qu’avocat chez CMS Francis Lefebvre, cabinet au sein duquel il fourbira ses armes jusqu’en 2015. S’il est reconnaissant d’avoir pu travailler aux côtés des équipes du cabinet parisien, l’homme d’affaires qui sommeille en lui rêve de fonder son cabinet.

 

… et d’affaires

 

"Seul, on va plus vite, ensemble on va plus loin." Nicolas Cys cite ce proverbe africain lorsqu’il évoque son association avec son ami Benoît Philippart. La Tour International voit le jour en 2015, point de rencontre entre l’international et l’humain. À l’instar du médecin de famille, ce passionné de fiscalité qui donne le meilleur de lui-même à ses clients ne conçoit pas exercer son métier sans une certaine dose de psychologie, primordiale selon lui. Parmi les dossiers qui l’ont marqué, celui d’un monsieur d’un certain âge qui lui a demandé de gérer sa succession et qui lui a présenté dans cette perspective sa famille établie à l’étranger. Un moment très émouvant. Humanité et technicité, voilà les maîtres-mots qui doivent, selon lui, caractériser son métier, parfois source de stress et où l’on doit faire preuve de beaucoup de sang-froid. Avoir des rituels peut également aider, c’est d’ailleurs inconsciemment que Nicolas Cys se parfume avant chaque dossier.

 

"Si aujourd’hui je devais faire un autre métier, je gérerais un domaine viticole"
 
Et s’il parvient à prendre de la hauteur pour avoir une vision d’ensemble sur ses dossiers, c’est parce que ce féru de voyages prend le large régulièrement. Canada, Thaïlande, Singapour… Ce jeune papa passe plus de 60 % de son temps à l’étranger. Pour les affaires ou pour ses loisirs. Une passion qu’il espère transmettre à sa fille qui baigne déjà dans un milieu multiculturel, l’épouse de Nicolas Cys étant chinoise. La pratique des langues, véritable passeport pour la découverte, infuse donc le quotidien de cette famille cosmopolite : avec sa femme, Nicolas Cys et sa famille naviguent entre deux cultures, du mandarin au français, du gratin dauphinois au huo guo, les deux plats de prédilection de ce fin gourmet.

 

Balade en Argentine

 

"Si aujourd’hui je devais faire un autre métier, je gérerais un domaine viticole." Ce passionné de gastronomie ne cache pas non plus son amour pour les terroirs bordelais et bourguignons et pour leurs vins, mais confie toutefois qu’il s’intéresse de près aux vins étrangers. Mention spéciale pour le Cheval des Andes, vin argentin aux couleurs tricolores, dont le domaine appartient à Bernard Arnault.

 

L’odyssée d’une vie

 

Addition de connaissances, de compétences, de rencontres et de passions, la vie de Nicolas Cys est surtout un jeu d’équilibres. Le plus fondamental de tous ? Celui qu’il maintient entre sa vie professionnelle et sa vie personnelle. "Je retiens cette envie d’avoir une belle vie de manière globale." Ce professeur se souvient du sujet de son baccalauréat de philosophie : "Peut-on durer et rester fidèle à soi-même ?" Deux décennies plus tard, il a enfin la réponse à la question. S’il est fondamentalement inchangé et est resté fidèle à ses valeurs, il a acquis une certaine maturité, comme un vin se bonifie avec le temps. Les rouages de la fiscalité n’ont désormais plus de secrets pour lui, et pourtant, tous les matins, il se lève avec l’envie d’apprendre, plus exactement avec le désir naturel d’apprendre. 

 

Marine Fleury