Cofondatrice du cabinet Oyat, Marie-Hélène Tonnellier compte parmi les figures de proue du droit de l’informatique. Retour sur le parcours d’une entrepreneure passionnée, tombée amoureuse des nouvelles technologies.

Après vingt-deux ans à la tête du département Digital & IP de Latournerie Wolfrom, Marie-Hélène Tonnellier se lance en janvier 2022 dans une aventure entrepreneuriale. Aux côtés de Caroline Basdevant-Soulié et de Laurent de La Brosse, elle fonde le cabinet Oyat, dont elle conduit aujourd’hui le pôle Digital & Innovation. Rempart de la dune face à l’érosion, l’oyat constitue une plante robuste. À l’image de ce végétal originaire de sa Bretagne natale, l’avocate protège ses clients dans le cadre de leurs activités en exerçant ses savoir-faire sur le plan de l’IT et des nouvelles technologies.  

Une rencontre comme un tournant  

Pourtant, il fut un temps où elle ne connaissait rien au numérique. Après avoir commencé sa carrière à Londres au sein d’un cabinet de solicitors dans les années quatre-vingt-dix, elle fait ses classes auprès de Frédérique Dupuis-Toubol, une référence en droit de l’informatique qui fait de Marie-Hélène Tonnellier sa collaboratrice au démarrage de son activité. L’esprit rêveur, la cofondatrice d’Oyat se remémore son "amour pour le personnage", qui l’a poussée à rejoindre le cabinet. Alors titulaire d’un DEA en droit des affaires de l’université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Marie-Hélène Tonnellier n’était pas prédestinée à se spécialiser dans les problématiques IT. Le coup de foudre est cependant immédiat. "J’ai tout de suite adoré ce que je faisais et tout cela m’a amusée", se souvient-elle. Une attraction pour la pratique qui reposait sur son caractère inédit. À l’époque, le droit de l’informatique en est à son prélude en France. Au fil des évolutions de la matière, la jurisprudence s’étoffe profondément, faisant le bonheur de cette femme de droit. "Cette pratique n’a cessé d’être évolutive, et pour cela, j’ai été gâtée dans mon domaine"

Des affaires d’envergure 

Très tôt, un litige de premier plan marque sa carrière. Désormais férue d’informatique et d’Internet, Marie-Hélène Tonnellier plaide aux côtés de l’AFA (Association des fournisseurs d’accès et de services internet) face à l’association antiraciste "J’accuse" et six autres de ses pairs. C’est l’une des toutes premières affaires autour de la responsabilité des fournisseurs d’accès à Internet relative aux contenus qui figurent sur les sites de leurs clients. Elle est "emblématique". Marie-Hélène Tonnellier gagne. Une étape capitale dans sa montée en compétences. Mais pas seulement. Au-delà de son affection pour la pratique, elle dévoile sa volonté d’ouvrir les discussions sur des sujets inédits.  

L’avocate rejoint ensuite le cabinet Latournerie Wolfrom, créé trois ans auparavant par ses confrères Christian Wolfrom et Jean Latournerie. Pendant une vingtaine d’années, elle y développe, entre autres, son goût pour les nouveaux défis juridiques. Aujourd’hui, elle accompagne des acteurs de secteurs variés, de Sopra Steria à Hachette en passant par Conforama. Des protagonistes de renom dont les sujets enrichissent son savoir-faire au quotidien. Ses relations, notamment celle avec la SNCF, s’inscrivent dans la durée, une particularité qu’elle cultive avec soin.   

Avocate au présent 

Si l’avocate aime se remémorer les étapes qui ont marqué le début de sa carrière, elle se dépeint également dans le présent. Elle évoque notamment sa façon d’aborder le métier d’avocat. Au moment de fonder son cabinet, elle a convaincu l’ensemble de son équipe de la suivre. Il était important pour elle d’"accompagner [ses] collaborateurs dans leur évolution [au sein de] cette profession qui exige travail, rigueur et pugnacité mais qui, grâce à l’intelligence collective déployée, apporte une satisfaction hors norme". En tant que véritable fédératrice, elle aspire à consolider son projet de renouveau avec Oyat où "la cohésion fait figure d’ADN". Une cohésion illustrée par l'équipe aussi efficace qu’harmonieuse qu'elle forme avec Charlotte Barraco-David, sa collaboratrice de la première heure, et Laura Dufresne, ces deux avocates étant désormais counsels spécialisées en données personnelles.  

Maître d’œuvre passionnée, Marie-Hélène Tonnellier met un point d’honneur à "remettre continuellement en cause" son savoir-faire pour mieux croître. Une méthode qui semble porter ses fruits. "Je pense que j’aborde le métier avec une dynamique de patronage, telle une caution morale !" Depuis une vingtaine d’années, elle s’applique à transmettre à ses étudiants du master 2 droit du numérique à l’université Paris Saclay ses valeurs et ses connaissances en constant progrès. "Et exactement pour cet aspect évolutif, la pratique continue de m’amuser", sourit-elle.

Léa Pierre-Joseph