Avocate en fiscalité, Dorothée Traverse fonde Yards en 2022. Attirée par le challenge et le besoin de nouveautés, elle veut fédérer les gens qui l’entourent, qu’il s’agisse de ses proches, de ses clients ou bien de ses collaborateurs. Voyages, famille, carrière : sa vie ne connaît pas de répit. Portrait.

Avocate en fiscalité, Dorothée Traverse fonde Yards avec Jérôme Barré en mars 2022. Résultat de la fusion entre Moisand Boutin & Associés et Barré & Associés, Yards est très orienté vers l’international. Cette structure, Dorothée Traverse l’a voulue innovante : "Je voulais créer un instrument novateur et durable, une structure où l’identification des associés soit désincarnée. Je voulais un cabinet nouvelle génération qui respecte les règles de RSE. Ce qui est nouveau chez Yards, c’est l’aspect fédérateur, il est possible de s’y identifier et d’y grandir." Elle reconnaît avoir eu de la chance dans son parcours : "Quand j’ai commencé à exercer chez PwC en 1987, on m’a montré le chemin et on m’a appris à faire confiance. J’ai eu beaucoup de chance, j’ai donc envie de faire durer cela. Je veux transmettre et fédérer."

Un air de nouveauté

Petite, Dorothée Traverse se rêve chanteuse de rock pour "emmener les gens quelque part". Les vocalises n’étant pas au rendez-vous, elle commence à étudier la finance et la comptabilité. Elle souhaite alors devenir expert-comptable. Pourtant, fraîchement diplômée, elle poursuit ses études et fait un master 2 de fiscalité en entreprise : "J’ai trouvé ça plus drôle. J’aime énormément le droit, c’est une gymnastique de l’esprit, on peut créer et avoir une réflexion pour trouver des solutions."

Dotée d’une forte volonté entrepreneuriale, l’avocate veut créer sa propre structure, être son propre patron et "avoir quelque chose qui lui appartient". En 1995, et après huit ans chez PwC, son projet se concrétise quand elle participe à la création du cabinet Moisand Boutin & Associés. En parallèle, elle devient ensuite partner chez Deloitte en 1998 et à l’âge de 31 ans : "J’étais un pur produit de PwC et j’ai voulu me donner un nouveau défi." En 2000, elle finit par reprendre son indépendance.

"Aujourd’hui, je suis là où je voulais être"

À défaut d’une carrière dans la chanson, Dorothée Traverse partage son temps libre entre ses enfants, l’opéra, le théâtre et la danse. Elle attache également une importance particulière à sillonner le monde : "J’aime beaucoup voyager dans ma vie personnelle. J’ai commencé avec un sac à dos et aujourd’hui, je voyage un peu plus confortablement, mais j’ai toujours voulu montrer le monde à mes enfants."

Pérou, Botswana, New York… Déambuler à travers le monde est tellement important pour l’avocate que, par le passé, cela lui a même fait perdre une occasion professionnelle. "Lors de mes entretiens, j’avais expliqué que je cherchais un stage mais que je ne pouvais commencer que trois mois plus tard car j’avais prévu un voyage en Inde. On m’avait alors expliqué que ce n’était pas envisageable et que je devais commencer à travailler dès que possible car on avait besoin de moi, ce que j’ai refusé. Je suis partie en Inde et à mon retour j’ai envoyé une carte de vœux à PwC, qui était l’un des deux cabinets où j’avais passé un entretien. J’y avais écrit que je venais de revenir d’Inde, que mon anglais était excellent et que j’étais toujours disponible." Pari gagnant pour elle, le lendemain le cabinet la rappelle. Sans regret, elle confie que "la vie est bien faite. C’est bien d’apprendre au fur et à mesure. Aujourd’hui, je suis là où je voulais être."

Une vision du business

Grâce à son métier d’avocate, elle se considère comme une interlocutrice privilégiée pour ses clients. Pour décrire son approche du droit, elle explique avoir "une âme de juriste, couplée avec la vision du business". La relation de confiance bâtie avec sa clientèle suit le modèle qu’elle applique avec ses collaborateurs : "J’ai envie de transmettre un savoir. Quand un client me pose une question, je regarde à 360°. Est-ce que c’est la bonne question ou faut-il regarder ailleurs ? C’est cela que je veux enseigner à mes collaborateurs. L’ouverture d’esprit." Son cabinet elle l’a aussi fondé pour cette raison : "Je veux rendre les gens heureux autour de moi. J’aime fédérer dans toutes les dimensions de mon existence." Qualifiant sa vie d’avocate de "trépidante", Dorothée Traverse ne compte pas s’arrêter là pour autant : "Pour la suite, on peut me souhaiter de continuer comme ça. Je veux que Yards perdure, que les gens s’en saisissent et qu’ils continuent de le développer. Mais je ne veux pas travailler 'vieille', un jour il va falloir que je me pose car j’ai encore beaucoup d’autres projets à mener." Pas de répit pour l’avocate qui compte tout faire pour que son cabinet soit couronné de succès.

Estève Duault