Gastronomie : quand les élus passent à table
L’adresse avait fait grand bruit juste après le premier tour de la présidentielle de 2017, comme une résonnance au Fouquet’s de Nicolas Sarkozy. Pourtant, la table préférée d’Emmanuel Macron située dans le VIe arrondissement ne méritait pas l’opprobre. Classique, oui, bourgeoise, en effet, elle n’en demeure pas moins une référence de la cuisine traditionnelle française depuis plus d’un siècle, bien loin du "bling-bling". Pas de cordon-bleu cher au coeur du président de la République mais des plats tout aussi réconfortants. Signature des bonnes brasseries parisiennes, outre le banc d’écailler, on retrouve les habituels oeufs mayonnaise et soupe à l’oignon gratinée. Et des plats qui font le tour de France : l’Aïoli de cabillaud vire au sud quand le Haddock poché beurre Nantais met le cap à l’ouest. Sans oublier les viandes de chez Desnoyer, une valeur sûre. Le lieu s’est récemment refait une beauté, l’excuse parfaite pour y retourner.
Du lundi au dimanche de 7h30 à minuit. €€
105, boulevard du Montparnasse, Paris 6e
01 43 26 48 26
Tout est dans le nom. À deux pas de l’Assemblée nationale, l’enseigne à la tenture bleu marine rassemble aussi bien députés que chroniqueurs culinaires. Un mélange détonant mais qui trouve sa raison d’être dans l’assiette orchestrée par le chef Jean Sévègnes épaulé en salle par sa femme Roxane. Ici, c’est presque comme à la maison mais en bien meilleur. Le vol-au-vent, décliné au gré des saisons, en témoigne. Loin de ses cousins rabougris et pâteux qui font pâle figure sur les étals de certains traiteurs, il réussit l’exploit d’être à la fois léger et gourmand. Et pour un hommage chiraquien, il est possible d’enchaîner, après des escargots, une tête de veau ravigote revigorante. On fond aussi pour les coquilles Saint-Jacques pommes duchesse et on anticipe son appétit 48 heures à l’avance pour se réserver le plaisir de savourer le boeuf Wellington. Une adresse présidentielle.
Lundi 18h30-21h30 et du mardi au vendredi de 9h à 21h30. €€
83, rue de l'université, Paris 7e
01 45 33 73 34
Concurrente directe de la buvette de l’Assemblée nationale, cette brasserie ne désemplit pas, surtout les mardis et mercredis, au rythme des séances dans l’hémicycle. Les parlementaires s’y pressent toute la journée, du petit-déjeuner, à la pause-café mais surtout pour y déguster une cuisine classique en bonne compagnie. À la tête de cette institution gastropolitique, Jean-Pierre Viala, qui a succédé à ses parents, et cultive l’art du secret professionnel et de la cuisine de saison. Savant mélange qui fait mouche depuis près de quarante ans. Sur la terrasse, on y déguste des assiettes dans un registre "simple et efficace", salades, bavette à l’échalote, foie de veau, andouillette, cabillaud vapeur. Et si l’agenda politique est trop serré, un sandwich maison et ça repart!
Du lundi au samedi de 7h (9h le samedi) à 23h, le dimanche de 12h à 22h. €
1, place du Palais Bourbon, Paris 7e
01 45 51 58 27
Le soufflé, meilleur ami des politiciens ? Ce n’est pas Gérard Idoux, ancienne incarnation ensoleillée du lieu qui aurait dit le contraire. Depuis sa disparition en 2020, Jean-Marc Idoux a repris les rênes de cette institution qui rassemble le monde du spectacle et de la presse aux côtés des élus. Au saumon, aux escargots, aux champignons, au chèvre ; salé mais aussi sucré – vive le Grand-Marnier ! Jamais il ne se dégonfle et ne déçoit. Véritable prouesse technique, ce plat mythique de la cuisine française, accepte tout de même de côtoyer sur la carte d’autres plats traditionnels comme l’andouillette ou les rognons et de belles entrées en matière comme le jambon persillé de la maison Verot, des huîtres ou encore un foie gras maison. Une de ces tables du pouvoir, qui a même fermé ses portes un soir pour transmettre son coup de main à la famille Obama.
Tous les jours de 12h à 16h45 et de 18h à 23h. €€
4, rue Juliette Récamier, Paris 7e
01 45 48 86 58
Tranches de prix
€ : jusqu’à 50 euros - €€ : jusqu’à 100 euros - €€€ : jusqu’à 200 euros
Béatrice Constans